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Yue Minjun. L'ombre du fou rire |
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Fondation Cartier pour l'art contemporain, ParisExposition du 14 novembre 2012 au 17 mars 2013Exposition Yue Minjun, Fondation Cartier pour l'art contemporain, Paris La Fondation Cartier pour l'art contemporain présente la première grande exposition européenne consacrée à l'artiste chinois Yue Minjun. C'est une occasion unique de découvrir le travail de Yue Minjun, artiste aujourd'hui reconnu et dont la célébrité contraste avec la grande discrétion. Revisitant les codes du grotesque par une iconographie haute en couleur et hantée de personnages au rire énigmatique, l'oeuvre de Yue Minjun porte un regard ironique et désabusé sur le contexte social de la Chine contemporaine et sur la condition humaine dans le monde moderne. À travers près de 40 tableaux issus de collections du monde entier, ainsi qu'une multitude de dessins encore jamais montrés au grand public, l'exposition dévoile l'esthétique singulière et complexe d'une oeuvre qui se dérobe à toute interprétation. Né en 1962 à Daqing, dans la province de Hei Long Jiang en Chine, Yue Minjun peint d'abord en amateur, avant de partir étudier l'art en 1985 à l'École normale de la province du Hebei. C'est dans la communauté d'artistes du village de Yuanmingyuan, près de Pékin, au début des années 1990, qu'il commence à définir son style ainsi que les contours de son principal sujet : le rire. Au même moment se développe un nouveau courant artistique dont Yue Minjun a souvent été considéré comme un des principaux représentants, le « réalisme cynique », né au debut des années 1990. Marqués par un climat social tout à fait différent de celui des années 1980, et par l'ouverture de l'économie chinoise au marché mondial, ces jeunes artistes rompent à la fois avec le « réalisme socialiste » et avec les avant-gardes. Ils portent un regard plus acerbe et moins idéaliste sur leur environnement : « C'est pour cela que le fait de sourire, de rire pour cacher son impuissance a [une grande] importance pour ma génération. » dit Yue Minjun en parlant de ses débuts.
Ainsi, les visages peints ou sculptés qui parcourent
l'oeuvre de Yue Minjun, la bouche béante et les
yeux fermés, conservent-ils dans leur extravagance
la fixité de masques impénétrables. « Ce rire stéréotypé
fait écran à toute quête d'intentionnalité,
il dresse un mur, interdit le dedans, bloque toute
sensibilité, écrit François Jullien dans le catalogue
publié à l'occasion de l'exposition. Il affiche, sous
son explosion à répétition, qu'il ne peut rien y
avoir à communiquer. »
Au-delà d'une stricte catégorisation, Yue Minjun déploie dans ses tableaux une esthétique qui lui est propre – déroutante et d'une grande diversité, à la manière d'un scénario au déroulé secret. S'y côtoient les hauts lieux publics de la Chine, voitures de marque, avions et dinosaures, ou encore les références à l'imagerie populaire chinoise et à l'histoire de l'art, en des jeux d'assemblages et d'associations d'images où l'artiste se laisse une liberté d'exécution totale et où chaque signe reste ouvert à l'interprétation. Ainsi l'artiste brouille-t-il comme à plaisir les repères dans le tableau The Execution, inspiré de La Mort de l'Empereur Maximilien de Mexico d'Edouard Manet (1868) dont tous les protagonistes sont remplacés par des personnages souriants, avec au second plan une évocation directe de l'enceinte de la Cité interdite. De même, dans la série évoquant la question de l'absence dans l'image, il reproduit à l'identique les tableaux des grands maîtres de la peinture occidentale et chinoise, en les vidant de l'ensemble de leurs personnages. Ne subsiste que le fond, véritable décor de théâtre désert révélant des paysages lunaires et des architectures surprenantes ou méconnaissables.
Entretien avec l'artiste Yue Minjun à Pékin... par FondationCartier Face à cette capacité de variation infinie, le visiteur se perd dans un jeu aussi dépourvu d'issue que les immenses paysages labyrinthiques de l'artiste. C'est là que résident toute la force et la subtilité d'une oeuvre qui n'a cessé d'évoluer depuis les années 1990.
Entre répétition et variation, chaque tableau
acquiert une résonance au sein d'un ensemble
dont la puissance visuelle hors du commun est
révélée par le regroupement, pour la première fois
dans un même espace, de ces oeuvres aussi mystérieuses
que dérangeantes.
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