L'artiste américain Mike Kelley naît à Wayne, dans la banlieue de Détroit, en 1954. Il décède le 31 janvier 2012 à Los Angeles.
De 1972 à 1976, Mike Kelley étudie à l’Art School de l’université du Michigan. Il y découvre l’histoire de l’art d’avant-garde et s’intéresse parallèlement aux sous-cultures créees par les médias. C’est dans ce contexte, qu’en 1974, il forme, avec Cary Loren, Niagara et Jim Shaw, le groupe de musique Destroy all Monsters dont le travail se nourrit du rock, de la contre-culture des années 1960, de la B.D. ainsi que de l’imagerie psychédélique.
De 1976 à 1978, Mike Kelley étudie au California Institute of Arts de Valencia, célèbre école de la côte Ouest et, en 1977, il crée avec Tony Oursler et Don Krieger un autre groupe, Poetics. Ils mêlent alors, sans distinction, performance, peinture, sculpture, photographie et vidéo. Mike Kelley commence à être connu pour ses nombreuses performances seul ou en groupe.
C’est au début des années 80, aux côtés de Jim Shaw et Raymond Pettibon, sur les scènes artistiques de New York et de Los Angeles, qu’il s’impose comme l’enfant terrible d’une certaine Amérique, celle des contradictions, de la vulgarité banale et du mauvais humour.
Mike Kelley oscille entre collages, graffitis et dessins à la plume qu’il agence à la manière de cartoons géants dans l’espace d’exposition. Il construit une oeuvre graphique subversive et irrévérencieuse, à la fois comique et obscène, et use à outrance des références à la culture de masse américaine. S’en suivent, un ensemble de fausses bannières religieuses, en feutre, aux couleurs criardes et aux propos hésitant entre délires oecuméniques et gags populaires.
En 1988, Mike Kelley présente Pay For Your Pleasure à l’université de Chigago, une installation composée de portraits d’écrivains et de philosophes célèbres et d’extraits de leurs oeuvres portant sur les thèmes de la criminalité et du mal.
Dans les années 1990, il émerge définitivement au-dessus de la scène artistique internationale en introduisant dans son travail des sculptures de chiffons, vieux jouets de rebuts, qu’il dispose sur des tables à la manière d’un inventaire ou en rangs serrés comme de petits soldats. Ses poupées, usés et pathétiques, dressent le portrait sans concession d’une Amérique infantile, régressive et inerte. À la fois fascinantes et dérangeantes, ses installations réactualisent les notions de culture, de consommation et d’éducation au regard de la société contemporaine.
Partant d’un vocabulaire formel similaire, Mike Kelley installe des animaux en peluche ou en tissus, face à face, la plupart du temps au sol, sur des couvertures ou des tapis afghans. Il les présente aussi suspendus sur des mobiles, emboîtés les uns dans les autres, faisant explicitement allusion à une sexualité taboue. Procédant du même concept que pour les poupées, Mike Kelley envisage ces peluches en situations, comme des caricatures, des métaphores d’êtres humains.
En 1995, il conçoit Educational Complex, des maquettes d’architecture, réminiscences des environnements où il a vécu (écoles, bureaux, zoos) et exerce sa mémoire à reconstruire ces espaces culturels ou institutionnels. Il s’interroge sur la confusion entre souvenirs personnels et mémoire collective.
A partir de 1996, Mike Kelley collabore avec McCarthy. Ils réalisent ensemble des performances, des installations et des projets multimédias (Sod and Sodie Sock Comp O.S.O., 1998). Il réalise également des vidéos avec Erika Beckman, Bob Flannagan, Sheree Rose ou encore Raymond Pettibon, tous grands acteurs de la scène californienne contemporaine. À nouveau, il s’agit d’images vulgaires, d’images de régression utilisées comme outils de réflexion sur la société en générale, nord-américaine en particulier.
Présentée à la galerie Gagosian, à New York, en 2005, Day is Done est un ensemble de 32 chapitres vidéo où vampires, fermière, etc. dansent et chantent comme dans une comédie musicale, parodiant ainsi les fêtes ou "extracurricular activities" qui rythment une année scolaire américaine.
Critique d’art et curator, Mike Kelley organise plusieurs expositions. Ainsi en 2004, il est invité par le MUMOK de Vienne et réalise l’exposition The Uncanny. Retenant le concept de l’étrange et notamment l’affirmation freudienne selon laquelle lorsque nous observons des monstres ou des êtres étranges, nous voyons aussi quelque chose de nous-mêmes, il rassemble toute une collection de sculptures figuratives, d’objets rituels provenant de l’Égypte ancienne, d’animaux empaillés, d’objets issus de l’art populaire ainsi que de sculptures contemporaines de Paul McCarthy, Ron Mueck et Tony Oursler, etc.
Mike Kelley est aujourd’hui l’une des figures les plus influentes de l’art contemporain. Il multiplie les formes d’expression : performance, danse, théâtre, cinéma, vidéo, musique... Il reçoit le Skowhegan Medal in Mixed Media et deux prix du National Endowments pour les arts. Le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden à Washington, DC (1991), le Whitney Museum of American Art de New York (1993), le County Museum of Art de Los Angeles (1993), le Museo d’Arte Contemporani de Barcelone (1997) et la Tate de Liverpool (2004), entre autres, présentent ses oeuvres à l’occasion de rétrospectives personnelles.
Mike Kelley : site officiel