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Vincent Corpet |
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Né en 1958 à Paris, Vincent Corpet s’inscrit dans la lignée des peintres qui oeuvrent sans concession à la morale ou à l’époque et sans s’abriter derrière la théorie. Le corps, dans ce qu’il a de plus cru, est la source majeure de son inspiration.
Vincent Corpet aime rappeler que la peinture ne prétend pas à la vérité littérale mais qu’elle donne à voir ce que nous ne saurions voir tout seul, qu’elle nous force à regarder ce que notre oeil, habitué à opérer la distinction et la séparation entre les choses, à ordonner et à classer pour les comprendre, refuse de voir.
"Observons un petit enfant qui ne sait pas lire, en train de regarder une image. Il peut sans gêne la prendre à l’envers et, sans se tromper, nommer l’objet, ou l’animal représenté. Mais bientôt, au cours de ses années d’apprentissage de l’écriture et de la lecture, il remettra photos, livres, images à « l’endroit ». C’est le prix à payer pour pouvoir lire et écrire, donc pour pouvoir communiquer avec le plus grand nombre. L’écriture donne un sens à l’image. Et pourtant, au commencement, l’image tournait. Quiconque veut décrypter une image doit donc oublier qu’il sait lire." Vincent Corpet
Au travers de cette exposition, le Musée d’Art moderne et d’Art contemporain poursuit son engagement en faveur de la peinture figurative contemporaine avec l’artiste parisien Vincent Corpet. Né en 1958, Corpet perpétue d’une certaine manière l’esprit des peintures pariétales. Il est remarqué en 1987 lors d’une exposition dans les galeries contemporaines du Centre Georges Pompidou à Paris, et depuis lors ne cesse d'étonner par la qualité de son travail.
Procédant par analogies, Vincent Corpet crée de grandes fresques mythologiques invitant à poser un regard neuf sur l’image peinte , un regard n’impliquant pas un sens de lecture préétabli. Ces analogies, qui n’obéissent à aucune logique formelle ou symbolique, sont des images qui se succèdent, se superposent, s’emboîtent, naissant les unes des autres et dont les compositions peuvent être des fragments de corps, des animaux, des végétaux ou bien même des objets du quotidien, des architecture voire des paysages. Ces souvenirs d’images engrangés par l’oil, par la mémoire instinctive et pulsionnelle, s’inscrivent au hasard et se combinent à l’infini. On peut affirmer pour cette série de peintures que la main de Vincent Corpet agit en toute liberté.
Ainsi, la Galerie contemporaine présentera une série inédite de toiles sur Picasso, dont l’interprétation du célèbre "Les Demoiselles d'Avignon", alors que la Galerie des Ponchettes s’articulera autour d’une toile libre de 13 mètres de long intitulée "Poil à gratter".
"Au moment où Vincent Corpet commence à peindre au début des années 80, on ne prête aucun avenir à la peinture. Considérée comme une pratique périmée ayant épuisé toutes ses possibilités, elle fait l’objet d’une mise à l’écart du champ de la création contemporaine.
Corpet refuse de se soumettre à cette perspective et expérimente, dès lors, les moyens de la contredire jusqu’à l’invention d’une forme en 88, qui en opère le renversement de façon radicale.
Cette forme coïncide avec l’adoption d’un procédé, l’analogie, qui lui permet de retrouver la voie du mouvement constitutif à la création picturale, celui-là même qui fait apparaître la peinture comme une combinatoire inépuisable de signes. Un mouvement d’engendrement, de déplacement, de débordement continu par lequel la peinture, faisant l’objet d’un rejeu infini, révèle ses possibilités illimitées. Un mouvement extensif par lequel elle ne saurait trouver de forme définitive mais qui assurerait à la fois le prolongement et le renouvellement de son histoire.
Cellules souches constitue une nouvelle phase de cette expérimentation permanente, de nouvelles variations après les séries des Diptyques, des Enfantillages, des Faux semblants, des Matrices, des Analfabets, un nouveau développement de l’œuvre qui vise à opérer de nouvelles combinaisons formelles par un travail de reprise et par le biais de manipulations multiples des éléments constitutifs de la peinture.
L’insistance sur l’acte de peindre est l’un des aspects importants de la démarche de Corpet qui ne sépare pas la question de la peinture de celle de l’image, irréductible, selon lui, à tout système comme à tout principe de représentation. Le choix de l’analogie comme processus de création répond à cette conception de l’image dans la mesure où il permet d’en retrouver le libre mouvement, afin qu’elle redevienne un espace capable de tout représenter jusqu’à cela même qui ne peut l’être, un espace des rapprochements improbables.
Dans ses premiers travaux, Corpet partait d’un objet banal lequel, entraîné par cette mécanique aléatoire que devient la peinture sous l’effet de l’analogie, engendrait d’autres objets jusqu’à la saturation de l’espace.
Quelle sorte d’images ?
C’est cet espace déjà constitué que Corpet nomme matrice, sorte de réserve de formes à laquelle se nourrit la peinture, qui sert de point de départ à cette série de tableaux intitulés Cellules souches, dans lesquels l’opération représentative emprunte à la biologie, par prélèvements et découpage à même la surface picturale sur laquelle ont été préalablement placés toutes les tailles de châssis possibles. Commence alors le travail de reprise de ces fragments extraits de la matrice, au cours duquel Corpet procède par grattage et creusement de la surface faite de superpositions et de nœuds de figures, afin de faire surgir de ce palimpseste de peinture, les images que la matrice recèle encore, en son fond.
La démarche de Corpet vise essentiellement à activer la puissance représentative de la peinture, à démultiplier et à complexifier la représentation, afin de la situer au-delà de ce que l’on place sous ce terme, c’est à dire au-delà de toute ressemblance, de toute vraisemblance. La fonction qu’il assigne à la peinture consiste à manifester ce que nous ne savons pas voir, que seule la peinture peut rendre visible en produisant un écart absolu, par la constitution d’un espace qui résiste à toute compréhension, ébranle nos certitudes, un espace qui atteint cette région étrange où plus rien ne peut être dit.
C’est parce que Corpet arrache les images au langage que celles-ci peuvent être recevables par celui qui les regarde. Ne sont-elles pas les images de ce que nous sommes et dans lesquelles nous pouvons nous reconnaître, avec nos désirs et nos peurs, ce désordre que chacun porte en soi semblable à ces imbroglios de formes. "Il arrive que le peintre se prenne aussi pour un humain" dit Corpet ; un humain qui s’adresse à un autre humain. C’est par cette dimension dialogique que sa peinture prend sens, par cette manière d’entrer en résonance avec les images enfouies dans notre propre mémoire.
"Le poème cherche un autre ; il a besoin de cet autre" dit Paul Celan. La peinture de Corpet s’inscrit dans ce même rapport d’altérité. Elle est en attente d’un regard."