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Raphaëlle de Groot |
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Les projets de Raphaëlle de Groot l’amènent bien souvent hors des lieux traditionnels de l’art. Dans un couvent, une bibliothèque municipale ou un square très fréquenté du centre ville de Montréal, Raphaëlle de Groot explore la mémoire de l’individu et de la collectivité. En s’immergeant dans des groupes, constitués par une culture ou une expérience commune, elle se confronte à des différences qui construisent d’autres perceptions du monde. Au sein des relations qui s’établissent avec les personnes qu’elle rencontre, Raphaëlle de Groot examine ces aspects si difficiles à représenter que sont l’image de soi et l’image de l’autre.
Sa démarche est souvent proche de celle de l’ethnologue ou du détective : elle prélève, examine, identifie, classe et archive les traces laissées par l’homme. Ces traces -dessins, conversations- s’inscrivent ensuite dans un système plus large, proche du modèle muséographique (à l’aide de panneaux, de vitrines, de textes, de mise en archives), qui instaure un recul critique avec les conventions de la représentation.
Ses travaux font l’objet de plusieurs expositions individuelles au Canada et à l’étranger. Citons notamment "Chantiers" (Le Quartier, Quimper, France, 2008), "Il volto interiore" (Z2O Galleria – Sara Zanin, Rome, Italie, 2007) et "Raphaëlle de Groot. En exercice" (Galerie de l’UQAM, Montréal, 2006).
Raphaëlle de Groot participe aussi à de nombreuses expositions collectives dont "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" (Triennale québécoise, Musée d’art contemporain de Montréal, 2008), "Rendre réel" (Scène Québec, Ottawa, 2007), "Negotiating Us, Here and Now" (Leeds City Art Gallery, Angleterre, 2005), "Just my Imagination" (ArtLab, John Labatt Visual Arts Centre, University of Western Ontario, London, Canada, 2004) et " «Nous venons en paix...» Histoires des Amériques " (Musée d’art contemporain de Montréal, 2004).
Plusieurs projets de Raphaëlle de Groot sont présentés au Quartier. Dévoilements (2001) et Colin-maillard (1999-2001) ont toutes deux été suscitées par ce désir d’approcher le territoire de l’autre.
Lors d’un stage au musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu à Montréal, Raphaëlle de Groot inventorie les réserves, objets, vêtements qui ont appartenu à la congrégation des religieuses. Pendant son travail, les soeurs semblent se "muséifier" sous ses yeux. Afin de se rapprocher d’elles, Raphaëlle de Groot leur propose une activité de dessin, "à l’aveugle", c’est-à-dire sans regarder la feuille. Soeur N., soeur R., soeur H. se sont prêtées au jeu. Lors de leurs rendez-vous, l’artiste et les soeurs conversent, apprennent à se découvrir. Raphaëlle de Groot recueille leur histoire et leur donne la sienne en retour. Dévoilements réunit les traces de ce projet. Invité à produire un dessin, un récit, "l’autre" fait partie intégrante du processus de création. Le dessin est alors l’instrument d’un temps partagé, loin des règles traditionnelles de la représentation des sujets ou des objets.
L’artiste réemploie l’activité de dessin pour Colin-maillard. Au sein de ce projet, elle sollicite neuf aveugles et malvoyants en tant qu’ "experts" du toucher. A partir d’une approche tactile de formes en pâte de sel, chacun des participants effectue un dessin, tandis que l’artiste fait leur portrait à l’aveugle. Une partie des esquisses a ensuite été thermoformée et deux aveugles extérieurs au projet ont décrit les portraits. Leurs descriptions ont donné lieu à des textes, traduits en braille, qui permettent d’imaginer ce qu’un aveugle "voit" et surtout comment il le voit. Colin-maillard ouvre ainsi un espace imaginaire entre le toucher et la vue. En faisant appel à des personnes qui développent une autre perception du monde car ils le vivent, socialement et physiquement, de manière différente, Raphaëlle de Groot tente d’explorer de nouvelles relations au visible.
L'artiste pointe le non dit comme le non vu afin d’éprouver les modèles de représentation. Exercice filmé (2002, vidéo) met en scène l’artiste dans une tentative d’autoportrait, soumise à une accumulation de contraintes : pinceau lesté de pâte à modeler, poids d’un rondin de bois au creux du coude, bras attaché le long du torse. Cet exercice, proche du supplice, évoque littéralement la difficulté de donner une image de soi.
Alice Guybert, médiatrice culturelle du Quartier