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"Ce que tous les films ont en commun, c’est le pouvoir d’entraîner la perception ailleurs. Tandis que j’écris, j’essaie de me rappeler un film que j’ai aimé, ou même que je n’ai pas aimé. Ma mémoire devient une forêt vierge peuplée de multiples ailleurs." "A Cinematic Atopia", 1971 ; la description que Robert Smithson donne de ce nouvel espace mental peuplé d’images est proche de l’imaginaire nourri de mélanges des temps, de virtuel et de réel qui fonde les oeuvres de toute une jeune génération. A ce titre, la projection du film de Chris Marker "La Jetée" à l’entrée de l’exposition dans "Argos Cinema", structure en carton réalisée par Tobias Putrih, est programmatique.
L’atopie décrite par Smithson, comme l’utopie, est un espace sans localisation physique. Les oeuvres exposées ont souvent pour point de départ les scories d’une époque : architectures abandonnées, hypothèses laissées de côté, scénarios qui tournent court. Certaines des oeuvres sélectionnées expriment une vraie compétence dans les domaines de la 3D et des espaces simulés (Chris Cornish). Elles embrassent aussi les questions de décalage, de potentialités, induites par le stockage et la mémoire des données numériques (Jean-Pascal Flavien) mais peuvent aussi pointer un fort intérêt pour des techniques « dépassées » telles que la gravure (Cyprien Gaillard) et le dessin d’illustration ou de vulgarisation à la Gustave Doré (Daniel Arsham) ou à la Camille Flammarion (Laurent Grasso). La plupart ont un substrat documentaire, qu’il s’agisse de la forme d’une salle de cinéma (Tobias Putrih), de données climatiques relevées par un service météo (Iñigo Manglano-Ovalle) ou d’un événement artistique tel que l’Hommage à New York, machine programmée par Jean Tinguely pour s’autodétruire, thème récurrent de la science–fiction et sujet de la série H2NY du britannique Michael Landy.
La discontinuité, la question des modèles, l’expérimentation, la rupture, le passage, autant de notions qui façonnent le parcours de cette exposition.
Le vernissage sera suivi de la présentation d’une performance dansée de Daniel Arsham, Jonah Bokaer, Judith Sanchez Ruiz, d'une durée 45 minutes. L’exposition sera accompagnée de la publication d’un catalogue bilingue (français, anglais) en coédition avec Bookstorming, comportant un essai de Chris Cornish.