Annuaire gratuit Référencement Achat tableaux peintures Expositions Médias Bio Série Afrique Série Paysage Jack the Ripper Roswell Ali Baba Vache folle Aquarelles Encres Vénus Saint georges Restaurants Rats | ||||||||||
Jean-Christian BourcartKailash |
|||
Hôtel Fontfreyde - centre photographique, Clermont-FerrandExposition du 29 juin au 18 septembre 2011Jean-Christian Bourcart traque, shoot, mitraille, réalise des images clandestines, travaille sur la marge et les zones obscures. Il montre, il dénonce, il cherche le choc visuel, revendique une dramaturgie afin d'attirer notre attention sur ce qui passe inaperçu. "Kailash, qui signifie cristal en sanscrit, est une montagne sacrée de l’Himalaya. On ne connaît aucune tentative d’escalade la concernant. Il n’est possible que d’en faire le tour, n’apercevant qu’une de ses facettes à la fois, parfaite métaphore de ce que l’on nomme le réel. Je photographie pour avoir une excuse pour regarder. Je photographie parce que ça fait moins de dégât que le tir à la mitraillette. Je photographie pour pouvoir oublier. J’aimerais que mon travail soit comme regarder à travers une porte entrouverte, où les histoires ne sont pas articulées ou expliquées, mais restent plutôt secrètes, laissant au spectateur le soin de discerner, de découvrir et d’imaginer." Jean-Christian Bourcart
"Pour le magazine Marie Claire, j’avais passé une semaine à traîner dans les bordels de Francfort. Dans ces endroits, il y a trois interdictions: pas de femme, pas de photo, pas de film. C'est écrit partout. Les macs ont des fusils et les filles frappent à coup de talons aiguille. Dans les couloirs, il y a des types qui déambulent tout le temps, depuis le matin jusqu’au bout de la nuit. Elles, elles les attendent en tricotant, elles papotent, elles s'abrutissent devant la télé. Un étage pour les Occidentales, un pour les Asiatiques, un pour les Noires. Je ne pouvais pas trop approcher. Dans la poche de ma veste truquée, un appareil photo bien trop bruyant. Je faisais comme si j'étais intéressé et je déguerpissais, en toussant pour cacher le bruit du moteur." Jean-Christian Bourcart
"Il y a toujours des embouteillages sur Canal Street. Les gens, les Américains semblent mélancoliques et résignés, tapis derrière les vitres teintées de leur grosse berline. D’autres dans les bus ou les taxis s’assoupissent, frappés par la longueur du jour. Moi, sur le trottoir, je les ausculte à travers mon puissant téléobjectif.
Je les regarde me regarder, incrédules, stupéfaits comme les animaux pris dans
les phares, la nuit. Certains ne bougent plus. D'autres tentent de se tourner, se
protègent du journal, de la main. Quelques-uns – surtout des femmes -
confrontent mon regard mécanique abandonnant ainsi leur image à une destinée
dont ils ne savent rien."
Jean-Christian Bourcart
"Rapture a pour origine des images du scandale de la prison d'Abu Ghraib, ultime lapsus de la société américaine, et prolonge par la métaphore la longue histoire de l'impulsion sadique propre à la culture capitaliste/consumériste. Différents personnages sont tranformés en fantômes et hantent l'ensemble de la société. Ils sont l'incarnation du déni, de la complaisance et de la victimisation. Les fantômes sont à la fois les bourreaux et les victimes de l'incessante et aveuglante propagande post 1 1 septembre. C'est le territoire contesté et congestionné de notre conscience qui engendre cette histoire. Laquelle est aussi mince que l'écho muet de l'image, c'est l'image, ça n'est que l'image. C'est toi et c'est moi et nous nous reflétons l'un l'autre. C'est un lien entre nous deux." Jean-Christian Bourcart
"Pendant l’été 2005, j’ai passé mes vacances dans l’Etat de New York à projeter des images des Irakiens blessés ou tués sur les maisons, les églises, les supermarchés. Il s’agissait moins de dénoncer que de confronter deux réalités quasi simultanées: une guerre au loin, sans merci, chaotique, dont nous n’avions que des échos tronqués, filtrés et un pays/décors où tout était paisible, propre, ordonné, surveillé. Les photographies projetées proviennent du Net. La plupart ont été postées par les soldats américains avec des légendes humoristiques ; une jambe coupée aura pour titre « Where is the rest of my shit ? », une tête arrachée, « Needs a hair cut »." Jean-Christian Bourcart
"Dans mon quartier, juste en face de la béance du World Trade Center, il y a un cinéma multiplex. J’y vais le matin à la première séance et, dans les salles vides, je photographie la petite vitre qui sépare la cabine de projection de la salle du public, ou plutôt je photographie l’image laissée par la projection quand elle traverse la vitre. Tout autour le noir immense et bruyant de la salle. J’aime cette idée du spectacle qui se déroule sans personne pour le regarder. Il y a un léger sentiment de crainte et d’excitation : il est interdit de photographier dans les cinémas. Cette image, en route vers son destin spectaculaire, est saisie si près de sa source qu’elle existe comme quasi-image, comme une échographie spectrale, primordiale. Les histories sont dissoutes, les stars deviennent des ombres. L’abstraction gagne Hollywood. Tout est à imaginer de nouveu." Jean-Christian Bourcart
"C’est absurde, mais j'ai juste cherché sur le Web la ville la plus dangereuse des États-Unis. Je voulais retrouver cette étrange énergie qui se dégage des lieux où les règles et les contraintes sociales sont abolies ou affaiblies. Un sentiment de liberté mêlé à l'excitation du danger. Je voulais m’assurer qu’il est encore possible d’aller vers les autres, si éloignés, si étrangers qu’il nous paraissent. En tête de liste, j'ai trouvé Camden, New Jersey, à deux heures de New York. En y allant, j'ai découvert le visage de la pauvreté ordinaire cachée derrière les stigmatisations et les stéréotypes. Les gens sont durs, mais les rires sont sincères, et quand je me suis fait braquer par une prostituée, elle m'a rendu dix dollars pour ne pas me laisser dans le pétrin. Je suis intéressé par ce que nous avons en commun avec les gens de Camden. Mais à la fois, on photographie toujours une différence. Peut-être qu’il s'agit de produire des preuves matérielles au sujet de la grosse machine économique et sociale qui nous embrasse et nous répudie." Jean-Christian Bourcart
"Des centaines, des milliers de visages qui déferlent dans mon viseur. Je suis au milieu d'un torrent humain. Non, il n'y a pas d'humanité des ces ondes déferlantes. Ce n'est pas que ça soit inhumain, mais plutôt non humain, de l'ordre de la mécanique des fluides. Je shoote en rafale à l'aveuglette dans cette masse en mouvement perpétuel. Les coups de flash éblouissent, révélant les expressions de surprise et de désapprobation, mais personne ne s'extrait de la coulée pour interroger ou exprimer son mécontentement devant une pratique si ouvertement invasive. Personne ne me touche, ni même ne m'effleure, comme si, ma position si déterminée - un affront à l'énergie propre du flot - était aussi une protection. L'impérativité de mon activité les tient en respect." Jean-Christian Bourcart
"Je photographie une photographie noire. Rien à voir, sinon les éléments qui s’y reflètent. En l’occurrence moi, ma famille, les amis. La surface est brillante, sa texture transforme, défonce ce qu’elle réfléchit. Je fais la même chose que d’habitude : regarder dans les coins sombres et ramener au grand jour ce qui passe inaperçu. Ici, c’est un excès de lumière qui permet de faire rendre une image à cette page d’obscurité qui, normalement, absorbe tout. Cette feuille noire est comme notre esprit, reflétant ce qui se passe autour, mais toute cette activité n’intervient pas sur sa qualité primordiale vide.
Les images sont comme les pensées : elles semblent solides, importantes mais
elle n’ont pas de matérialité. Elles ne font que passer."
Jean-Christian Bourcart
|
|||