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Biographie Gillian Wearing
"J’essaye en permanence de trouver des moyens d’apprendre des choses sur les gens, et en même temps, d’en savoir plus sur moi-même". Gillian Wearing
L'artiste britannique Gillian Wearing naît en 1963 à Birmingham.
Après des études à la Chelsea School of Art et au Goldsmiths’ College entre 1985 et 1990, Gillian Wearing réalise, dès le début des années 90, des pièces remarquées, notamment "Signs that say what you want them to say and not Signs that say what someone else want you to say" (Des signes qui disent ce que vous voulez leur faire dire et non des signes qui disent ce que quelqu’un d’autre veut vous faire dire) en 1992, "Confess all on video. Don’t worry you will be in disguise. Intrigued ? Call Gillian..." (Dites tout à la caméra. Pas d’inquiétude, vous serez masqués. Intéressé ? Appelez Gillian...) en 1994, ou encore "Dancing in Peckham", toujours en 1994, vidéo-performance qui montre l'artiste dansant au milieu d’un centre commercial.
En 1995, Gillian Wearing participe à l’exposition "Brilliant ! New art from London" organisée au Walker Art Center à
Minneapolis, qui présente les travaux de 22 artistes britanniques et propulse sur le devant de la
scène une jeune génération d’artistes tous issus des écoles d’art londoniennes, adeptes d’un art provocant.
En 1997, Gillian Wearing est lauréate du Turner Prize, prix prestigieux qui récompense chaque année le travail d’un artiste anglais.
Le Musée d’art moderne de la Ville de Paris/ARC lui dédie en 2001 une exposition individuelle intitulée "Sous
influence". En 2003, "Mass Observation" propose une rétrospective de son travail à l’Institute for Contemporary
Art de Philadelphie, au Musée d’Art contemporain de Montréal puis au Museum of Contemporary Art de
Chicago. En 2006-2007, plusieurs expositions autour de sa dernière oeuvre, "Family
History", lui sont consacrées à Londres, Melbourne, Milan, Trente et Los Angeles. En 2007, Gillan Wearing
est également récompensée par l’Académie royale.
Gillian Wearing nous donne à voir le spectacle
de la nature humaine. Dans une approche presque anthropologique,
ses photographies et ses vidéos mettent en scène des hommes et des femmes,
saisis dans leur intimité.
Gillian Wearing fait autant appel à des individus ordinaires
qu’à des comédiens, dans un va-et-vient entre mise en scène du quotidien
et exploration documentaire. Elle brouille ainsi les frontières entre réalité
et fiction. Jouant sur les limites entre espace public et privé, Gillian Wearing centre
son travail sur la tension entre l’individu et l’image qu’il renvoie, entre identité
et représentation sociale.
Paroles, émotions et gestes trahissent des vérités enfouies que Gillian Wearing
nous révèle sans ménagement.
Gillian Wearing : oeuvres choisies
Gillian Wearing, "Trauma", vidéo couleur et son, 30 mn - 2/5 - 2000 -
Courtesy Maureen Paley, London -
Collection Musée d'Art moderne de la Ville de Paris
Trauma - 2000
"Trauma" met en scène des individus qui évoquent, face caméra, des souvenirs traumatisants. Affublés de
masques aux traits adolescents, leur identité est cachée au spectateur. Au-delà des apparences, la parole se
libère et fait émerger une autre vérité derrière le masque.
Signs that say what you want them to say and not
Signs that say what someone else wants you to say
I'M DESPERATE - 1992
"Signs that say what you want them to say and not Signs that say what someone else wants you to say" (Des signes qui disent
ce que vous voulez leur faire dire et non des signes qui disent ce que quelqu’un d’autre veut vous faire dire) est une série de
photographies qui représentent des inconnus rencontrés dans les rues de Londres auxquels Gillian
Wearing a demandé d’écrire quelques mots sur une pancarte blanche. Bien souvent, l’expression des
pensées et des sentiments contraste avec l’impression extérieure que communiquent ces personnes au
premier abord.
Confess All On Video. Don’t Worry, You Will Be In Disguise.
Intrigued ? Call Gillian... - 1994
"Confess All On Video. Don’t Worry, You Will Be In Disguise. Intrigued ? Call Gillian..." (Dites tout à la caméra. Pas d’inquiétude, vous serez masqués. Intéressé ? Appelez Gillian...) est une vidéo réalisée en 1994. Recrutés par
petites annonces, Gillian Wearing invite des individus à confier, face caméra, leurs secrets les plus intimes.
Le visage dissimulé sous un masque, leur parole se libère.
Dancing in Peckham - 1994
Gillian Wearing réalise "Dancing in Peckham", une vidéo performance dans laquelle elle
danse au milieu d’un centre commercial au son d’une musique qu’elle seule semble entendre. Ce travail
met en exergue les réactions des individus confrontés à un comportement hors norme dans l’espace
public.
Drunk - 1999
La vidéo, réalisée en studio, met en scène, sur fond blanc, une communauté d’alcooliques que l’artiste a
côtoyé pendant deux ans. L’oeuvre, présentée sous forme de triptyque et projetée sur trois écrans, suit ces
hommes et ces femmes en situation de grande souffrance, leur donnant la parole dans un travail complexe
entre approche documentaire et distanciation théâtrale. Très troublante, cette oeuvre met à jour la grande
vulnérabilité de l’individu.
Sacha and Mum - 1996
"Sacha and Mum" met en scène la relation entre une mère et sa fille. Bien qu’il s’agisse d’une scène jouée par
des actrices, la mise en scène, elle, revêt l’apparence de la réalité en empruntant à l’esthétique du reportage.
Le duo mère-fille oscille entre étreinte affectueuse et dispute violente, sans qu’il nous soit donné de
comprendre pleinement ce qui se déroule sous nos yeux. Laissant la logique des corps et des affects
prendre le pas sur une explication rationnelle des comportements humains, l’oeuvre agit comme un
révélateur de la complexité des rapports entre individus.
Sixty Minute Silence - 1996
"Sixty minutes silence" est une vidéo montrant des comédiens en costume de policiers britanniques auxquels
l’artiste a demandé de prendre la pose, comme pour une photographie de groupe. Elle joue ainsi d’une
ambiguïté sur le statut de l’image, qui paraît fixe au premier abord, alors qu’elle est en réalité mobile. La
question de la durée, celle de la pose des modèles comme celle de la contemplation du spectateur, est y
bien entendu essentielle, et nous amène à nous interroger sur notre comportement face aux images, sur la
temporalité propre de notre regard.
Cette oeuvre a été récompensée du Turner Prize en 1997.
Family History
"Family History" s’inspire de l’émission britannique des années 70, The Family, émission pionnière de la téléréalité.
Projetée sur deux écrans, l’oeuvre reconstitue d’une part, un plateau de télévision sur lequel l’une
des filles de la famille Reading, qui avait participé à l’émission The Family, est interviewée ; d’autre part, le
salon d’un appartement des années 70, dans lequel une petite fille, qui pourrait être Gillian elle-même,
regarde l’émission. L’artiste travaille ici sur la frontière entre espace public et espace privé en créant des
liens entre sa propre histoire et celle d’une famille des années 70.
Self Portrait as my Mother Jean Gregory - 2003
Cette image est extraite de la série "Album", suite de six autoportraits de l’artiste rejouant d’anciens
portrais photographiques de membres de sa famille ou d’elle même. A l’aide de masques spécialement
réalisés pour l’occasion, elle se travestit pour réinterpréter son histoire familiale à travers la
photographie. "Ce qui m’intéressait, c’était l’idée d’être liée génétiquement à une personne, tout en étant très différent d’elle. Il y a quelque chose de moi, littéralement, chez tous ces gens – nous sommes liés, mais nous sommes tous très différents".
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