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Yutaka Takanashi

Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris

Exposition du 10 mai 2012 - 29 juillet 2012




yutaka takanashi expo
Exposition Yutaka Takanashi, Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris

L'exposition consacrée au photographe japonais Yutaka Takanashi se déroulera du 10 mai 2012 au 29 juillet 2012. Depuis toujours, Yutaka Takanashi photographie la ville de près, de loin, voire de très loin.

"J'ai pris quantité de photos de la ville en train de changer au fil du temps. J'ai changé d'appareil. J'ai changé la focale de mes objectifs. J'ai changé mon rythme de marche pendant que je prenais mes photos. Mon but n'est pas d'empiler jusqu'au ciel des chefs d'oeuvre pour former une pyramide, mais de marcher les pieds sur terre pour faire des images anonymes. Je vais continuer à marcher de plus en plus loin en traçant une ligne infinie et ce sera tout." Yutaka Takanashi

Au premier étage de la Fondation, sera présentée la série Toshie-e (vers la ville). Ces 50 photographies en N/B réalisées entre 1965 et le début des années 1970 témoignent aussi bien de l'appartenance de Takanashi au collectif Provoke que de la distance qu'il a su s'imposer pour trouver son style. Dans cette série, Takanashi aborde, souvent par simple allusions, un thème souterrain : la pénétration de la société de consommation américaine dans la vie quotidienne japonaise. Cette série est publiée conjointement à la série Tokyojin, en 1974, dans un ouvrage sophistiqué désigné par le célèbre graphiste Kôhei Sugiura.

Au deuxième étage, le travail en couleur du photographe sera présenté au travers des séries Machi (la ville) et Golden-Gai Bars. Au total, 35 photographies qui dévoilent le Tokyo traditionnel et populaire. Pour Machi, le photographe se concentre sur les plus vieux quartiers de la capitale nippone, là où la modernité et l'urbanisation n'ont pas encore fait de ravages. Le travail en grand format et couleur permet de saisir au mieux les détails de chaque scène et de mettre en valeur les intérieurs des maisons, les boutiques des artisans ou les commerces. Publiées en 1977 dans l'ouvrage Machi, ces images aux tons chauds sont à l'opposé des images froides et déshumanisées de la série Toshi-e.

La série Golden-Gai Bars se concentre sur le quartier de Shinjuku, l'un des quartiers les plus populaires de Tokyo, dans lequel a grandi le photographe. Takanashi nous révèle ses ruelles, ses bars colorés dans lesquels se mêlent enseignes publicitaires américaines et objets traditionnels. Cette série, réalisée en 1982, a été en partie publiée l'année suivante dans la revue Asahi Camera.



Signifier la ville

Pour moi l'important était de donner du sens

Depuis toujours, Yutaka Takanashi photographie la ville de près, de loin, voire de très loin depuis une voiture en mouvement ; tantôt à l'affut d'une image chargée de poésie, tantôt «ramasseur» d'un morceau de réel, il l'a souvent répété, ces deux tendances s'affrontent en lui : poésie/réalisme, miroir/fenêtre, visible/ invisible. L'important est pour lui d'arpenter le sol, de « marcher sur la terre » pour y faire des «clichés anonymes».

Membre fondateur du fameux mouvement Provoke en 1968 qui publia brièvement la revue éponyme, Takanashi n'a cependant pas cédé à la facilité quelque peu romantique de l'image floue décalée. L'aspect provocateur de ce court phénomène cachait une réaction profonde à l'establishment photographique. Provoke rejoignait ainsi les mouvements contestataires qui enflammèrent le globe à la fin des années soixante.

Toshi-e, son premier grand livre en noir et blanc, marque la fin de Provoke, mais aussi la distance du photographe, qui a su affirmer son style en ne cédant pas aux sirènes du moment, mais en les absorbant. Cette approche de la ville à deux niveaux, loin d'abord puis très près ensuite avec les personnages, est extrêmement originale : c'est l'époque où Tokyo est en pleine mutation industrielle, les repères changent, les certitudes sont ébranlées. Takanashi cherche l'invisible, une poétique différente dans des espaces urbains improbables.

Il refuse la narration, s'insurge contre l'aspect tautologique de la photographie qui l'ennuie, mais, lassé par cette « chasse » à l'invisible, décide finalement de lâcher son Leica pour une chambre technique grand format et la couleur.

Machi, son deuxième grand livre, est tout le contraire de Toshi-e : «Avec Machi, j'ai tenté de me débarrasser du poétique», explique le photographe, qui a su trouver une modernité dans cette approche calme et pensée de la ville vue de l'intérieur, plus proche des images d'un Atget par exemple, au milieu des années soixante-dix. Le sens du détail, de la vie juste arrêtée est aussi très présent dans la série des bars à Shinjuku au moment de leur fermeture. Le temps y est suspendu, à l'inverse des images « mobiles » le long des routes durant les années soixante.

Cet ensemble propose une vision différente, un vocabulaire photographique nouveau, propre à Takanashi qui parle volontiers du texte des images, de leur lien entre elles. Il a apporté le plus grand soin à la réalisation de ses ouvrages qui resteront l'expression d'une voix unique et singulière : donner du sens.

Exposer pour la première fois à Paris l'ensemble de ces travaux est un privilège dont nous sommes très fiers. Cela aurait été impossible sans le travail acharné de la Galerie Priska Pasquer qui défend depuis longtemps la photographie japonaise et tout particulièrement Takanashi. Nous sommes également très reconnaissants aux éditions Toluca, producteurs d'une partie de l'exposition et éditeurs du catalogue d'avoir choisi de s'associer au projet. Enfin, Yutaka Takanashi nous a honorés de sa confiance, essentielle pour la mise en oeuvre du projet et nous l'en remercions chaleureusement.

Agnès Sire - Directrice de la Fondation Henri Cartier-Bresson



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