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Adel Abdessemed |
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Biographie Adel Abdessemed
"Je crois que mon travail est une perpétuelle remise en forme du sens, autant poétique que formelle autant analytique que lyrique, des dispositifs que je mets en place. C'est une confrontation qui entraîne une rupture par rapport à la norme et qui s'accompagne d'une colère extrême. Il s'agit d'une élaboration à partir des outils qui sont les miens, des croyances, des tabous et de toutes productions d'exister par rapport au monde et à l'histoire. Le dispositif peut dégager une image dérangeante traduisant une certaine cruauté. Il permet d'anticiper les réalités du futur sans idéalisme ni passion. Il ne s'agit pas simplement de faire des tableaux, des objets en volume ou de la vidéo, mais plutôt d'établir des liens conceptuels et formels entre les éléments d'une même installation." Adel Abdessemed L'artiste français Adel Abdessemed naît en 1971 à Constantine en Algérie. Adel Abdessemed étudie tout d'abord à l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger. Il quitte l’Algérie en 1994 et, à partir de 1995, étudie à l'Ecole des Beaux Arts de Lyon. Il obtient une bourse d'artiste qui lui permet de se rendre à New York et d'y exposer en 2001. Adel Abdessemed utilise la vidéo, la sculpture, la photographie et le dessin. Il met à l’épreuve les limites sociales, culturelles et politiques aussi bien dans les sociétés musulmanes qu'occidentales.
L'artiste met en jeu la nudité du corps, notamment dans la performance intitulée "Real Time" qu'il présente à l'occasion de la Biennale de Venise en 2003, où il filme neuf couples faisant l’amour dans l’espace d’une galerie.
"Je viens d’un pays dans lequel la pensée et, avec elle, les livres, les films et bien sûr les
artistes sont suspects et censurés... La mixité de la France, son histoire des idées, sa
conception de la vie, vraiment, c’est la joie. Le fait de lire Foucault, Althusser, Genet, Fanon,
Deleuze, Julia Kristeva ou Georges Lapassade m’a donné un grand plaisir et aidé à réaliser
certaines pièces. Leur pensée et leur théorie m’ont donné à voir et m’ont déplacé vers une
certaine réalité. Les films de Truffaut m’ont également beaucoup fait réfléchir sur l’intensité du
cinéma. Il y a eu aussi le monstre Buren" Adel Abdessemed
Oeuvres choisies d'Adel Abdessemed
Une photographie réalisée dans une parcelle de rue à Paris que l’artiste désigne comme son espace de travail. Une meute de sangliers a été lâchée dans la ville. Sur la photographie, six sangliers sont dénombrés, le septième est hors-champ… L’artiste ? Le spectateur ? La force de l’image tient dans cette captation frontale, rabaissée vers le sol, les yeux dans les yeux, prête à accueillir une masse d’énergie. Une tentation évidente serait d’associer la représentation de ces animaux sauvages à l’actualité des manifestations et violences de rue. Mais pour qui se laisse aller à l’image, le regard se tient ailleurs. L’animalité est ce qui nous constitue fondamentalement y compris dans notre rapport à l’urbanité ou à un espace collectif de vie : être au ras du sol, percevoir autrement l’espace, aiguiser les sens, se rassembler ou se diviser.
51 forets sculptés en marbre noir selon différentes hauteurs, s’érigent à la verticale du sol en une forêt de pointes menaçantes. Le marbre noir, lisse et mat, confère à l’oeuvre deux qualités paradoxales, celle d’une sensualité tactile et celle d’une froideur menaçante, comme si une forme érotique s’engendrait à une forme guerrière. "Pluie noire" donne à ressentir des enjeux de relation profondément humains : construction du sujet dans son rapport de pouvoir à l’autre, participation de l’individu à la collectivité, absorption de la collectivité dans un processus de massification idéologique... "Pluie noire" autorise également des sauts qualitatifs inhabituels dans l’histoire de l’art : des drapés incarnés des sculptures du Bernin aux modules géométriques minimalistes des années 1960, des colonnes antiques à la Kaaba, du cube noir de Tony Smith aux objets désagréables de Giacometti...
Une voiture accidentée a été moulée en argile et cuite dans un four
à gaz. La cuisson a été poussée à son maximum jusqu’à noircir et carboniser le moulage. L’oeuvre
ainsi exposée rabat une mécanique de l’humanité sur une matérialité brute. "Practice Zero Tolerance"
est tout autant une masse, un parallélépipède déformé, un poids, une (non) couleur, une métaphore
du corps humain... La cuisson au four à gaz a pour qualité de donner une texture particulière à la
sculpture. Dans le même temps, ce mode de cuisson par gazage résonne lourdement dans notre
mémoire collective... "Practice Zero Tolerance" opère alors comme une masse de sens, autant dans
sa dimension somatique que sémantique. Un poids de l’humanité dont on ne peut se défaire et qui
mérite d’être affronté sans détours.
"Sphère" est un anneau en acier d’un diamètre de 172 cm, ce qui correspond à la taille moyenne d’un corps humain. L’anneau est réalisé avec des barbelés exclusivement utilisés pour la défense militaire des frontières ou dans les camps de concentration. Ces barbelés ont la particularité d’être ponctués de doubles lames tranchantes et pointes aiguisées. Forme abstraite et esthétique du cercle, "Sphère" déplace le concept de frontière dans des rapports de frictions troubles et antinomiques : séduction esthétique de la forme parfaite et usage inquiétant de cette forme au service de la perfection totalitaire, distorsion d’échelle allant du globe terrestre au corps humain, marquage et défense des territoires au prix de la découpe du corps transfuge, le cercle vu comme enfermement ou au contraire appréhendé en tant qu’ouverture, passage, espace de transition.
Adel Abdessemed a lâché sa caméra vidéo d’un avion en vol à 700 mètres au-dessus
de la ville de Berlin. 11 secondes d’images vertigineuses où les premières vues aériennes de la ville
s’effondrent en un tourbillon de ciel et de terre. Paradoxalement, ce qui pourrait être vu comme la
métaphore d’un acte suicidaire dans cette chute de caméra, fonctionne exactement à son opposé.
Elle est un soulèvement du vivant et d’énergies. L’oeuvre est aussi très éloignée de la représentation
du corps ou d’un ego d’artiste opérant ce fameux "saut dans le vide". Pour le dire autrement,
"Schnell" est un acte d’abandon du regard, ou comment lâcher prise avec tout ce qui nous encombre
la vue pour simplement... voir ailleurs. Ces encombrements peuvent être multiples selon qu’il
s’agisse des tentatives de rattacher trop rapidement la lecture d’une image à une réalité donnée, ou
encore d’identifier l’oeuvre au regard d’une lecture trop étroite de l’histoire de l’art.
"Schnell" ou comment s’aveugler le regard pour voir l’acte et la pensée à l’oeuvre.
"Zen est une action filmée. On y voit un homme noir, torse nu, debout dans un jardin public. Un premier plan en plongée au-dessus du corps dévoile une présence stable et tranquille en attente d'un événement proche. Effectivement, une main, celle de Julie Abdessemed, entre dans le champ de l'image pour déverser une bouteille de lait sur les cheveux, les épaules et le reste du corps de l'homme noir. Magie de la rencontre et du don : par la présence calme et accueillante de l'homme noir, l'artiste offre, au-delà de son regard, un bien précieux et nourricier, le lait. Entre ta peau et ma peau, l'acte du toucher s'effectue par la caresse liquide du lait blanc. Zen est une œuvre généreuse, humble et brute dans le rapport qu'Adel Abdessemed instaure au vivant. Zen fait se succéder des plans en plongée de cette douche de lait avec des plans frontaux et rapprochés du visage. De ce montage d'images émerge une sensibilité trouble du contact du corps à la matière lactée : beauté extrême des ruissellements du liquide blanc sur les cheveux crépus et sur la peau noire rétive à tout blanchissement ; expressivité du visage réagissant au lait froid déversé sur le corps. Ce qui aurait pu être vécu par l'homme noir comme une agression est reçu tout simplement comme un pacte mutuel de sensations à éprouver." Larys Frogier, brochure de l'exposition Juste au corps, de la peau au vêtement, Rennes : La Criée centre d'art contemporain, 16 juin - 2 septembre 2000
Adel Abdesemed a "réalisé" et "tourné" Christalide, une action vidéographiée où il a retrouvé
l'un de ces thèmes favoris, la réinvention de la nudité originelle et dionysienne des peuples du
soleil et de la Méditerranée. Au début de la vidéo, une jeune femme apparaît à l'écran, à droite,
centrale et noire, telle un trait, une mire, une unité de mesure à la fois humaine et télévisuelle.
On voit que ses yeux. Elle est recouverte d'un ouvrage de tricot noir et sans manches qui fait
songer à certaines oeuvres de Marie-Ange Guilleminot (le chapeau-vie, la robe-sac, etc.). Ce
vêtement la recouvre et l'entrave comme le faisaient jadis les bandelettes des nouveau-nés et
des momies, ou comme le font les sacs mortuaires qu'on voit utiliser aujourd'hui, en Turquie, au
Kosovo ou au Rwanda afin d'offrir une sépulture aux corps sans famille. Très vite, et après qu'une
des caméras ait montré l'assistance, Adel Abdesemed commence à tirer sur le fil de la laine
noire, et il fait cela à partir des pieds de la jeune femme (Woolways). Au début, celle-ci tourne
lentement sur elle-même, mais progressivement, c'est Adel Abdesemed qui à son tour tourne
autour d'elle au rythme régulier du claquement de ses talons sur le sol. Il n'y a pas de musique.
Les sensations sont réduites à l'expression d'une douceur, celle du retirement, d'un retrait,
l'inverse d'un viol, l'opposé d'un enlèvement. Ce qui retient encore, c'est l'homothétie entre
espace et temps. L'un et l'autre font cercle ou circulent. Le "défilement" renvoie au temps et à
l'espace, à la rotation comme manifestation du temps dans l'espace. L'oeuvre tient de la
clepsydre et de la route (Woolways) . On ne compte ni les minutes (de temps) ni les kilomètres
(de fil). Les uns et les autres passent. Il fallait inventer un déshabillage qui ne soit pas un viol. En
fait, il fallait (re)trouver la pudeur du corps originel, l'encore de ce corps, sa vérité à la fois
paisible, fragile et sincère.
Expositions Adel Abdessemed (sélection)
Vidéo Adel AbdessemedAdel Abdessemed, Je suis innocent - du 3 octobre... par centrepompidou |
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