Adel Abdessemed

L'exposition, dont le commissariat est assuré par Francesco Bonami, présente des travaux importants de l'artiste, d'une puissance provocante et subversive, conjuguant vidéo, photographie et installations. Le surnom d'enfant terrible a été attribué à Abdessemed depuis le début de sa carrière pour la nature "choquante" et soumise à controverse de ses oeuvres, souvent orientées sur le sexe, les religions et la politique.

Dans un discours très direct et très cru, Abdessemed relate des histoires de violence et se fait l'écho des bouleversements dus aux haines sociales, religieuses, raciales, et aux différences géographiques illustrant notre société traumatisée par les abus de pouvoir et l'agression. Il brosse le tableau, avec des oeuvres d'une grande force visuelle et un impact émotionnel, des horreurs et des craintes engendrées par notre culture moderne basée sur la guerre.

Son travail est centré sur les questions d'intégration, de racisme, de sexualité et sur la levée des importants tabous imposés par les religions, qu'il interprète de manière transversale à travers de multiples médias: vidéo, photographie, dessin, peinture, installations ou performances. L'exposition propose un large panorama des oeuvres de l'artiste, avec de nouvelles oeuvres présentées pour la première fois à la Fondation Sandretto Re Rebaudengo.

Dans Nedjma (2009), Abdessemed, suspendu à un hélicoptère, dessine une énorme étoile à cinq branches. Image récurrente dans ses oeuvres, ce symbole est chargé de multiples références, car il est lié de manière traditionnelle à des identités nationales, politiques et religieuses. L'acte de peindre accroché à un hélicoptère renvoie depuis les complexités de la création, artistique, politique ou philosophe, à la nature, dans une expérience personnelle et physique.

Dans Les ailes de dieu I et Les ailes de dieu II (toutes deux réalisées en 2009), Abdessemed a demandé à deux personnes handicapées, l'une dépourvue de bras, l'autre de jambes, de se mettre dans une même position, de faire face à leurs embarras et limites, pour essayer de s'exprimer eux-mêmes en dépit de tout.

Une nouvelle oeuvre encore, Usine (2009) est une vidéo illustrant une scène de combat dans le règne animal. On y voit des animaux domestiques, des chiens, des coqs ou des rats, aussi bien que des animaux sauvages, des serpents, des scorpions ou des araignées mortelles, se battre dans une arène. Des moments de vigilance et de tension alternent avec des explosions d'agression et de violence. Comme suggéré dans le titre de la vidéo - Usine - les scènes reflètent la réflexion de l'artiste sur la situation de l'homme dans le monde actuel, les problèmes courants et la montée de la violence sur l'échelle mondiale.

Tout en représentant les images d'une position politique et son refus d'accepter les restrictions imposées par la vie, les oeuvres d'Adel Abdessemed montrent des visions pertinentes et intenses de la réalité, qui transmettent une véritable instabilité causée par la peur et qui créent une forte tension entre l'esthétique de l'image et la violence de l'idée qu'elle projette.