Pour un art pauvre

L’œuvre est souvent pensée comme une forme non pérenne. Plutôt qu’un objet, elle apparaît comme un processus. La plupart des matériaux utilisés sont banals bien que leur usage comme matériau artistique tend à les éloigner de leur fonctionnalité sociale reconnue. Privilégiant souvent l’improvisation, les artistes tendent à ouvrir la frontière entre l’objet fini et matériau et relient le travail d’exposition aux procédures d’atelier.

Comme leurs prédécesseurs de l’Arte Povera, ces artistes choisissent des matériaux à portée de main et considèrent que leur mission est d’attirer l’attention sur la valeur artistique de la vraie vie. Toutefois, c’est maintenant un autre état de la société qui est interrogé. Les matériaux peuvent être le polystyrène expansé, le plâtre, les produits de beauté, les tickets de caisse, le polyane, les chutes de contreplaqué ou de médium, souvent des matériaux d’emballage ou des fournitures trouvées à l’atelier. Contrairement à leurs prédécesseurs des années soixante, ces œuvres annoncent la volonté de prendre en charge un nouvel état de la société et de travailler dans les interstices d’une société résolument contemporaine, plutôt qu’exploiter l’opposition programmatique entre nature et culture.