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Anne et Patrick Poirier |
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Anne et Patrick Poirier sont nés pendant la guerre, d’où leur travail entre archéologie et architecture. A Nantes le 16 septembre 1943, l’immeuble où habite Patrick est bombardé. Son père est tué. A Marseille en 1944, une bombe explose non loin de la maison où Anne vit avec sa famille. Toutes les vitres explosent sous le souffle. Toute leur jeunesse, ils ont entendu ce mot : reconstruction.
Après leurs études à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs et de nombreux voyages en Orient, Moyen-Orient et aux Etats-Unis, Anne et Patrick Poirier passent trois ans à la Villa Medicis à Rome. Dès le début de leur séjour, ils décident de travailler ensemble, réunissant leurs idées, leurs sensibilités.
A la fois sculpteurs, architectes et archéologues, Anne et Patrick Poirier explorent des sites et des vestiges issus de civilisations anciennes afin de les faire revivre par des reconstitutions miniaturisées. Leurs travaux - composés d'herbiers, de dessins, de photographies et de maquettes - sont une réinvention du passé, où se confondent lieux réels et paysages oniriques, ruines imaginaires et fragments archéologiques. Au début des années 70, ils développent une oeuvre contemporaine qui prend sa source dans une vision de villes calcinées : ruines antiques de la Domus Aurea, en référence à la maison de l'empereur incendiaire, Néron, imitation d'Ostia Antica, ou encore ville imaginaire inspirée tantôt de Borges, tantôt des récits mythologiques.
Des expositions particulières leur ont été consacrées dans les musées et les galeries les plus importants, et notamment dans les lieux suivants : Neue Galerie-samlung Ludwig, Aachen (1973), Berliner Kunstverein, Berlin (1977), CAPC, Bordeaux (1977), Centre Georges Pompidou, Paris (1978), Palais des Beaux Arts, Bruxelles (1978), MOMA New York (1979), PS1, New York (1980), Festival d’Automne, Chapelle Saint Louis de la Salpetrière, Paris (1983), Chiesa San Carpoforo, Milan (1984), The Brooklyn Museum, New York, (1984), Museum Moderner Kunst, Vienne (1993), the Getty Research Institute, Los Angeles (2001).
Anne et Patrick Poirier participent à nombre d’événements internationaux majeurs tels que : Biennale des Jeunes, Paris
(1973), Biennale de Venise (1976,1980,1984), Documenta Kassel (1977), Biennale d’Istanbul (1987),
Festival de Vienne, Autriche (1991), Biennale de Lyon (2000), Biennale de La Havane (2006).
"Un monde qui se fait sauter lui-même ne permet pas qu’on lui fasse le portrait" Herman Broch
"L’église est plongée dans la pénombre. Le sol est entièrement recouvert de miroirs qui reflètent et redoublent en profondeur le volume de la voûte, s’ouvrant comme un gouffre au regard. Une avalanche de fragments de différentes tailles et formes est répandue dans tout l’espace sur cette surface glacée et réfléchissante. Dans ce chaos on distingue des fragments archéologiques provenant de fouilles réalisées dans le Vaucluse, et une multitude de grands yeux, comme provenant de débris d’une foule de statues géantes qui se seraient brisées au sol. Une multitude obsédante de regards. Tous ces éléments sont blancs. Au fond de l’Eglise, au-dessus de l’autel, au-dessus de cet éboulis, une phrase en néon rouge en grandes lettres lisibles à distance :
Un son provenant de deux métronomes, l’un réglé sur le rythme du coeur d’Anne, l’autre sur celui de Patrick, vient scander le silence, et marquer le passage obstiné du Temps.
Abîmes du Temps,
Vertiges de l’Espace,
Abîmes de l’Espace,
Vestiges du Temps,
Vertiges du Temps,
Espace de Vertige,
Espace de Vestiges,
Chaos de la mémoire
Décor pour un théâtre sans acteurs, où, comme en archéologie, seules les pierres parlent. Que nous disent ces fragments, ces regards ? De quoi veulent-ils nous rendre compte ? Que veulent-ils nous transmettre ? Contre quoi nous mettent-ils en garde ? Les auteurs de ce Théâtre n’en disent rien. Ils laissent au spectateur le soin et la liberté, en faisant appel aux vestiges de sa mémoire, d’en faire sa propre lecture. Ce décor évoque sans les nommer des mythes proches ou lointains de cataclysmes, de catastrophes, de genèses ou d’apocalypses. Cet espace suspendu hors du temps n’est peut-être que la métaphore de nos vertiges contemporains, confrontés que nous sommes aux violences de l’Histoire et aux incertitudes du Futur.
Dans la Divine Comédie de Dante, le fond de l’Enfer est comblé par un lac de glace qui
semble fait de verre. Il est formé par les larmes ruisselant des yeux de Belzébuth, gelées par
le vent froid que soufflent ses ailes noires. L’Enfer est un Lac de larmes, un miroir glacé où
pleure l’Ange déchu. Sur quoi pleure-t-il ? Sur quelles tragédies? Voit-il, comme l’Ange de
l’Histoire de Walter Benjamin, qui vole vers le Futur les yeux tournés vers le Passé,
s’amonceler Ruines sur Ruines ?"
Anne et Patrick Poirier