Roger Ballen : Rétrospective

L’oeuvre de Roger Ballen est reconnaissable au premier coup d’oeil. Du style documentaire de ses débuts à ses mises en scène plus picturales, son univers singulier navigue entre rêve et réalité. Au cours de sa carrière, il a construit une oeuvre énigmatique, drôle et troublante à la fois. Dans le cadre de la biennale Été de la Photographie et du festival Afrique visionnaire, le Palais des Beaux-Arts consacre une large rétrospective à ce photographe particulier.

Né en 1950 à New York, Roger Ballen a mené sa carrière professionnelle en Afrique du Sud. Dès le début des années ’80, il développe une oeuvre photographique magistrale. Du photojournalisme très empathique et dur à la fois – présent dans des séries comme Dorps : Small Towns of South Africa (1986) et Plattenland : Images from Rural South Africa (1994) –, il évolue vers un style artistique unique qui influencera considérablement le développement de la photographie contemporaine. L’oeuvre de Roger Ballen figure donc aussi parmi les plus importantes collections photo au monde.

Dans les séries Outland (2001) et Shadow Chamber (2005), la photographie de Ballen se rapproche davantage du reportage. La texture, la composition et le montage tant d’objets que d’animaux deviennent les sujets principaux de ses images dans lesquelles Roger Ballen combine des objets apparemment incompatibles sans que l’ensemble n’en perde pour autant son authenticité. Ballen parvient avec beaucoup de talent à mettre à nu des relations inexpérimentées entre objets et personnes, tant au niveau de leur forme, leur physique que de leurs propriétés métaphysiques et émotionnelles. La série Shadow Chamber montre en particulier comment l’espace, le volume et l’ambiance sont manipulées pour créer un monde vide et surréel.

Les images de sa toute dernière série Boarding House (2009) se situent à la limite de la photographie, elles sont presque entièrement picturales ou sculpturales. Les personnages humains ou les animaux jouent un rôle de figurant ou de sculpture dans la composition ; texture, abstraction et force de la composition sont les nouveaux composants de ces introspections presque archétypiques.