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Photofolies 2010 |
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Néanmoins, les dérives de la quête de notoriété, de l’exhibitionnisme médiatique aggravé par les multiplications des moyens de monstration et de diffusion, ne peuvent faire oublier ce que la mise à nu publique peut avoir aussi de l’iconoclasme provocateur ou de l’exorcisme et de la sublimation quasi thérapeutique. Et, à ce compte-là, le tabou, le caché, le non-dit n’ont plus lieu d’être !
Au temps, donc, du grand déballage, la photographie, celle qui pense, celle qui réfléchit le monde et l’individu, et non celle qui se laisse emporter dans le tourbillon de l’imagerie vaine et du témoignage brut et naïf, ne pouvait que se réapproprier, pour l’interroger, cette tendance à faire du moi le grand sujet qui veut se dévoiler : comment révéler par l’image, fixe, la complexité, changeante, de ce moi ? Comment, pour le photographe, se donner à voir autrement que dans l’inauthentique miroir narcissique complaisant, quotidiennement véhiculé par le flot médiatique ? Comment trahir un secret sans se trahir soi-même ?
Les réponses sont évidemment variées et les stratégies artistiques adoptées sont autant de détours pour traquer la vérité qui risque d’échapper… Mais ressort cependant avec constance le désir essentiel de dire la chose secrète, de dire ce qui ne se dit pas ou ne s’est jamais dit : par le biais de la collection d’images suggestives ou de constructions plus éloquentes, de mises en scène photographiques dramatisées… ou décalées, de transcriptions visuelles de souvenirs réels… ou fantasmés, de réécritures visuelles, les photographes manipulent leur(s) identité(s) et leur(s) histoires secrète(s) comme on manipule le réel dans le procédé photographique qui vise à « fixer » sur le papier ce qu’on a décidé de « révéler ».
Parce qu’à travers des facettes identitaires cachées, dans les coulisses d’histoires personnelles enfouies, au delà des scènes du quotidien ou des secrets dramatiques, se joue davantage que des problématiques individuelles, cette photographie palimpseste du vécu, parfois difficile à déchiffrer, s’adresse à chacun : « Ah! Insensé, qui crois que je ne suis pas toi! » clame ironiquement Victor Hugo aux lecteurs de ses confidences poétiques.
Sylvain Lagarde