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Patrick Tosani |
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Galerie In Situ, ParisExposition du 05.05 / 4.06. 2011Les photographies de Patrick Tosani ne nous racontent pas d’histoires. Elles livrent peu d’informations. Elles ne sont pas non plus destinées à fixer le passage du temps: elles s’attachent principalement à restituer une certaine immuabilité, celle de l’objet placé au centre de la photographie. Ainsi méditées, réfléchies et achevées, ces photographies peuvent alors s’imposer. D’abord parce que l’aspect expérimental et analytique du travail de l’artiste nous force à exercer notre regard en nous amenant à considérer ce que l’on oublie trop souvent de regarder ; ensuite parce que le format choisi par l’artiste les érige en monuments. Mais le travail de Patrick Tosani ne se limite pas à nous restituer l’objet tel qu’il est, il cherche davantage à nous en montrer une facette différente. En les regardant de plus près ou en les détachant sur des fonds neutres, il parvient à faire perdre leur identité aux objets ou aux corps, qui nous surprennent et nous dérangent alors. C’est pour cela qu’il faut un temps d’adaptation au spectateur avant de se rendre compte que c’est un pantalon qui compose le Masque (1998), ou avant de déceler la présence d’un talon derrière une grande sculpture abstraite (Talon, 1987). C’est là le pouvoir de la photographie bidimensionnelle. Comme le dit l’artiste lui-même, « le travail que je mène est dans l’image et non dans l’objet photographié » : c’est bien alors qu’il crée une image capable de nous révéler un objet dans toute sa singularité et son étrangeté. Dans ses dernières oeuvres réunies sous le titre « Architecture et peinture », Patrick Tosani nous égare encore en mêlant sculpture, peinture et photographie – en faisant se côtoyer ces mediums, il nous renvoie ironiquement à la question: à quoi peut bien prétendre la photographie ? Que peut-elle bien apporter à l’art que la peinture n’ait déjà apporté ? Il continue d’y réfléchir aujourd’hui par le biais de maquettes qu’il trouve et détourne dans une démarche qui prolonge de façon enrichissante son travail photographique. La maquette est d’abord un objet construit méthodiquement, souvent rattaché au champ scientifique et dont la fonction première est d’abolir les échelles de grandeurs. Elle a donc en commun avec la photographie ce pouvoir de dupliquer un objet monumental ou infime, de le réduire ou le grandir afin d’en faire un objet à notre taille et à notre entière disposition : conscient de cela, Patrick Tosani décide cependant d’en bouleverser la fonctionnalité et la lisibilité en l’éclaboussant de peinture. En un bref mouvement de coulée, sa peinture recouvre progressivement toute la surface des oeuvres, au point de faire se confondre murs et fenêtres. On comprend alors que cette démarche complète précisément le travail entamé par la photographie, son effort de placer les pleins et les vides au même plan. La peinture s’étend d’ailleurs souvent au sol, et contribue d’autant plus à fondre l’espace érigé sur un même plan qu’elle l’écrase. A l’inverse, les volumes permettent à ces éclaboussures de ne pas être de vulgaires « taches » mais des couleurs profondes qui ouvrent les modèles réduits préfabriqués à une dimension nouvelle, celle des mélanges fortuits, des compositions éphémères, et de la beauté imputable aux hasards. La réussite et la force des dernières photographies de Patrick Tosani naît donc bien des rencontres entre couleurs, matières, surface et profondeur. Leur beauté est le résultat d’une création qui ne renvoie à rien d’autre qu’elle-même et ses mediums, ce qui la dote assurément d’une grande pureté artistique.
Patrick Tosani sera également à l’honneur dans une exposition rétrospective à la Maison Européenne
de la Photographie et une exposition monographique au Centre
Photographique d’Ile-de-France Pontault-Combault. À noter aussi la
parution d’une monographie co-éditée par Flammarion et le Centre national des arts plastiques-
CNAP.
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