Moderne, Edouard Manet l'est encore en défiant les maîtres anciens, de Fra Angelico à Vélasquez. Cette exposition repense de même les multiples liens que le peintre a résolument noués ou dénoués avec la sphère publique et politique. Car la modernité est aussi affaire d'inscription, voire d'opposition. Le parcours s'attarde donc sur l'enseignement de Thomas Couture, l'impulsion de Baudelaire, la réforme de l'art religieux, l'imaginaire érotique, l'art du fragment(é), le rapport à la peinture féminine (Berthe Morisot, Eva Gonzalès), la tentation mondaine, son impressionnisme décalé comme sa complicité avec le Mallarmé le plus noir.
Pour ce faire, l'exposition "Manet, inventeur du Moderne" voudrait repenser les multiples liens que l'art de Manet a entretenus avec la culture romantique, aussi bien visuelle, littéraire que politique. Elle s'attarde notamment sur l'enseignement de Thomas Couture, l'impulsion de Baudelaire, la réforme de l'art religieux, l'imaginaire érotique et ses zones d'ombre, etc. Mais la nouveauté d'un artiste aussi imprévisible ne se résume pas à la somme des sources qu'il condense. D'autres moments du parcours tentent d'éclairer son art du fragment(é), son rapport à la peinture "féminine" (Berthe Morisot, Eva Gonzalèz), son impressionnisme en marge et sa complicité avec le Mallarmé le plus noir. Le rappel final de l'exposition de la Galerie de la Vie moderne, ultime manifestation solitaire en 1880 d'un peintre obsédé par le Salon, permet d'interroger ce que signifiait pour lui "créer en République". C'est dire que Manet, inventeur du Moderne donne une place de choix à l'oeuvre tardif, mal connu et surtout mal compris si l'on en fait une banale étape vers "la peinture pure".