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peinture

Pat Andrea

Galerie Anne-Marie et Roland Pallade, Lyon

Exposition du 11 septembre au 9 octobre 2010




Les peintres du Nord ont naturellement un goût pour la couleur ; ils affectionnent les oppositions franches entre le vert acide et l’orangé, le rubis et le lapis, le jaune d’or et l’obscurité, comme si, sur la surface blanche du tableau, pouvait se construire dans une pure abstraction une réalité sublimée de la décomposition de la lumière. C’est sur des terres privées de soleil, souvent embrumées, entre mer glacée et rêves d’une méditerranée mythique que Christiaan Huygens au XVII ème siècle inaugura à La Haye la première théorie scientifique de la lumière. Deux siècles plus tôt, les primitifs flamands avaient fait éclater intuitivement par leurs couleurs, dans des compositions magistrales, les mystères perspectifs du spectre lumineux, offrant une interprétation symbolique d’un monde éclairé par un Dieu à la palette généreuse.

Dans les peintures de Rogier Van der Weyden ou de Van Eyck dont Pat Andrea a dû se nourrir intérieurement, Christs et disciples, notables et religieux austères, vierges et dames de compagnie aux visages angéliques mettent en scène la dramaturgie sacrée de la vie ; rouge sang, vert printemps, bleu tendre de l’horizon se répondent parfaitement pour dresser le portrait psychologique et métaphysique de l’humain.

On retrouve chez Pat Andrea cette même force de persuasion pour présenter dans un espace rigoureusement dessiné, la destinée des êtres au prise avec leurs passions et leurs songes. Dans les scénographies proposées, les figures féminines occupent une place prépondérante ; elles semblent danser des joutes érotiques dont l’artiste serait un chef d’orchestre, amuseur et amusé, revisitant à la fois la mythologie grecque, la science des rêves, les logiques contradictoires du merveilleux, et le tout sur le rythme d’un tango réglé au millimètre.

Çà et là, se croisent comme des invitations aux interprétations poétiques et philosophiques, la tortue d’Achille, la silhouette d’Orphée, s’entremêlent décapitations et caresses saphiques, sirènes volantes et femmes tronc aux jambes canoniques. Le regard s’étourdit du raffinement du dessin et de la verve impulsée dans ces créations et assiste ébloui devant la rencontre d’Apollon et de Dyonisos à la naissance d’une tragédie musicale.

Jean-Pierre PLUNDR - "Primitivisme et tango"



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