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Kaz Oshiro |
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L’exposition Home Anthology de Kaz Oshiro à la galerie frank elbaz réunit objets typiques du quotidien et canons de la culture US dans un étrange ballet domestique. Une poubelle de rue et des casiers de classement bureautique sont les icônes du consumérisme ordinaire d’une mégalopole américaine comme Los Angeles. Ils constituent ces éléments usuels et usés qu’on ne regarde plus mais dont pourtant chaque détail conte un morceau de vie. Et qui s’interroge sur la validité de leur présence dans le champ de l’art, près d’un siècle après le Porte-bouteille de Marcel Duchamp, est invité à contourner la pièce pour découvrir que ce qu’il imaginait n’être qu’un nième ready-made se révèle être une peinture tri-dimensionnelle.
L’envers du décor dévoile, en effet, l’enchevêtrement complexe d’un châssis à peindre. Car il s’agit bien là de peinture. Dans une perspective résolument hyperréaliste fondée sur la rigueur de l’exécution en atelier, Kaz Oshiro procède à un enregistrement du réel et de ses altérations en produisant ce qu’il définit comme des natures mortes en volume. Comme un Don Eddy ou un Tom Blackwell sur leurs toiles en leur temps, le jeune artiste rend dans l’espace la précision photographique par le pictural jusqu’à berner le chaland.
Il avoue d’ailleurs malicieusement que son intérêt pour l’approche hyperréaliste vient d’une envie de faire oeuvre discrète et voire complètement invisible. Et si son but énoncé est moins l’illusion spectaculaire que la nature morte réaliste, difficile néanmoins de rester de marbre face à telle dextérité et débauche de précision dont on fantasme volontiers les dizaines d’heures passées à l’ouvrage.
Mais, à la lecture performative et démonstrative qu’on pourrait appliquer à son travail, Oshiro objecte celle, plus humble, du travail ascète en atelier. Sa vision du monde, livrée dans l’espace de la galerie par ces definitely-not-ready-made, passe exclusivement par le prisme de la méthodologie de l’artisan passionné. Et quitte à reproduire à l’exact ces éléments utilitaires et ménagers, pourquoi ne pas s’attaquer aussi à ceux qui ne le sont pas ? Les oeuvres d’art, par exemple.
Ainsi, avec ses flats works et shelves, nouvelle série de reproduction d’objets abstraits, le jeune angelino se frotte aux grands classiques de l’art américain. Ces modules de couleurs de facture minimale font ouvertement références aux monstres sacrés US, de Donald Judd à John McCracken en passant par Ad Reinhardt. Griffés et recollés au scotch comme ses autres objets, ils accusent apparemment le coup de la conservation domestique.
Celui qui se revendique du mouvement Néo-géo semble ici autant suivre les pas de John Armeleder et de ses furniture sculptures que la logique irrévérencieuse 100% west coast d’un Paul McCarthy. De quoi achever de démystifier la présence de l’oeuvre dans le salon du collectionneur ici finalement réduite à sa pure fonction de design d’intérieur.
Etienne Bernard