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Résidence de Kader Attia |
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Centre hospitalier de RouffachCopyright Kader Attia - Crédit photo : Aurélien Mole Il s’agit d’une oeuvre à la fois absurde et poétique, qui vit avec le vent et la pluie, en un concert naturel, hommage au "Concert à la Mer" de Tadeus Kantor. Ce qui m’intéresse ici, c’est d’interroger et de transcender la problématique de la règle et de l’ordre, à travers une oeuvre qui crée un lien avec les patients par la voie de l’air et de l’esprit. En effet, le son créé par la pluie, porté par le vent, même si très faible, parvient jusqu’à eux et les appelle. Cette oeuvre, par sa forme simple et mécanique, et sa poésie, a le pouvoir d’accéder aux patients et de créer un lien entre eux et l’environnement qui les entoure." Kader Attia De la France à l'Autriche en passant par l'Italie, l'Espagne ou encore la Slovénie et la Roumanie le Festival Européen des Arts Visuels à l'Hôpital réunit 9 hôpitaux européens et 10 artistes plasticiens de renommée internationale désignés par un comité artistique. Au cours d'ateliers en résidence qui s'échelonnent de mars à juin 2009, il leur est proposé de créer des oeuvres pour des lieux spécifiques de chaque hôpital.
A l’occasion de la commémoration du centenaire du Centre hospitalier de Rouffach, Kader Attia propose une installation poétique pour le bassin de la cour d'honneur, constituée de cymbales et de tiges en Inox, lesquelles rythment et suivent le fil du temps, du vent, de la pluie...
"Lorsque nous avons commencé à parler de l'idée d'un projet dans un hôpital avec Anne - Marie Charboneau, j'effectuais des "recherches artistiques" sur la relation entre esthétique et éthique dans l'art. Cette proposition est donc venue à point nommé. Car ces préoccupations m'ont replongé dans l’un des livres qui a le plus marqué la fin de mon adolescence : "l'Histoire de la Folie" de Michel Foucault ; où comment la relation qu'entretient notre société avec la folie est avant tout politique." Kader Attia
"De l'appréhension? Qu'entendez-vous par là...? J'espère surtout que cela leur apportera quelque chose. Rien de concret en particulier. Pas un repère... mais quelque chose de plus vaste, une expérience... L'acte de créer est profondément égoïste. Un artiste crée pour lui, c'est la nature du processus qui veut cela. Mais dès lors que l'oeuvre est née, elle doit grandir et exister, elle doit vivre sa propre vie. Elle ne lui appartient plus. Elle existe parce qu'elle vit dans l'oeil de l'autre. Il ne s'agit pas d'une "infidélité", mais d'une renaissance, que j'appelle "l'expérience". Ce qui restera au-delà de toute considération matérielle, et qui survivra à son créateur et à sa contemporanéité, peut-être..."
"Mon projet est le suivant. Lorsque je suis arrivé à l'hôpital de Rouffach, j'ai été saisi par la disposition de l'architecture sur le site. Elle décrit, vue du dessus, celle d'un cerveau. De plus, le fait que les bâtiments où séjournent les patients se trouvent derrière le bâtiment administratif lorsqu'on accède à l'hôpital, m'a considérablement préoccupé.
"C'est une question difficile, car on ne peut y répondre sans avoir une certaine distance. Le temps nous dira si l'expérience aura été positive pour les patients. Ce qui est sûr, c'est que ma volonté est de leur apporter quelque chose d'autre qui les lie à l'autre, qu'il s'agisse de leurs co-résidents, du personnel de l'hôpital ou des visiteurs. C'est la raison pour laquelle je tenais absolument à ce que des membres du personnel de l'hôpital, comme l’équipe des services techniques, travaillent avec les patients et moi sur
l'installation de cette sculpture dans le bassin de l'entrée de l'hôpital. Alors peut-être, tous ensemble, ils s'approprieront la réalisation de cette oeuvre d'art."
"« La vie doit être une succession de rencontres », m'a toujours enseigné mon papa. Celles que j'ai faites à l'hôpital psychiatrique de Rouffach m'ont ouvert un champ de la perception de l'autre (pas seulement de patients d'hôpitaux psychiatriques, mais juste d'une altérité), que, jusqu'à présent, la morale sociétale ne vous prédispose pas vraiment à regarder dans les yeux. À travers ces rencontres fortes et tout en douceur à la fois, une chose essentielle à la vie s'est dégagée : les barrières qui séparent les êtres sont autant de membranes qui les relient. Sur la base du travail manuel, qui succède au processus de création d'une oeuvre, j'ai tissé avec eux le voile léger mais dense de la poésie."
"Oui, indéniablement. Mais ce qui m'a surtout étonné et incité à revenir à l'hôpital de Rouffach, pour y réaliser un autre atelier sur la question de l'Image, c'est cette formidable audience que les personnes rencontrées m'ont offerte. Tous ensemble, les patients, les aides-soignants, et le personnel technique, ont été à la fois concentrés sur notre projet et se sont laissé aller à la nouveauté qu'il représentait dans leur univers. De cette attitude très positive, il s'est établi une chose que j'espérais, mais qui n'était pas évidente : la fusion entre personnel travaillant à l'hôpital et les patients. Ce qui me semble être la condition sine qua non à l'oeuvre que nous avons réalisée ensemble, pour chacun d'entre nous. Cette oeuvre est un partage. Aujourd'hui chaque patient, chaque personne travaillant à l'hôpital peut s'approprier, par procuration de l'autre, sa réalisation."
Cette question est très importante, mais il me semble qu'elle nécessite plus que l'espace d'un entretien comme celui-ci. Mais je vais essayer d'y répondre en respectant la forme succincte de cet espace. |
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