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Irving Penn - Les Petits métiers

Musée de l’Elysée, Lausanne

Exposition du 9 octobre 2010 au 16 janvier 2011


Pendant plus de soixante ans, Irving Penn a marqué l’histoire de la photographie par ses images de mode, ses natures mortes et ses portraits. Photographe pour le magazine Vogue, Penn a réalisé au début des années 1950 Les Petits Métiers (Small Trades). Recrutés dans les rues de Paris, Londres puis New York, les vendeurs de journaux, marchands de rues, chiffonniers, ramoneurs posaient en tenue de travail pour le photographe new-yorkais qui était convaincu que nombre de ces activités allaient disparaître. Envoyé à Paris par Vogue en juin 1950 pour couvrir ses premières collections de haute-couture, Irving Penn saisit l’opportunité d’entreprendre ce projet personnel basé sur son admiration pour ces petits métiers, incontestablement associés à l’image de la ville.

Recrutés dans la rue, les modèles se rendaient au studio du photographe, dans leurs tenues de travail. En plus des petits vendeurs traditionnels, Penn photographiait également les gens de la pittoresque classe ouvrière du quartier Mouffetard, comme les sculpteurs bohêmes ou la chanteuse Benoîte Lab. Irving Penn poursuivit son projet à Londres en septembre de la même année et continua son exploration des métiers de retour à New York. Ayant à l’esprit combien ces ouvriers s’identifiaient à leur travail, il a sciemment inclus leurs outils (de même que leurs tenues) dans ses portraits. Afin de créer des compositions équilibrées et élégantes qui mettent en valeur leurs spécificités, il mettait en scène avec précaution les travailleurs et leurs outils. En convoquant « les petits métiers » dans le territoire neutre du studio, Penn démontrait ainsi son intérêt pour l’individualité des modèles plus que pour leur milieu social. Après avoir publié dans un premier temps des extraits de chaque série dans les éditions française, anglaise et américaine de Vogue, Penn rassembla 91 portraits tirés des Petits Métiers dans l’ouvrage Moments Preserved (1960) et inclut 10 portraits dans la publication World in a Small Room (1974) où il fit ce commentaire : "Eloigner les modèles de leur environnement naturel et les installer dans un studio face à l’objectif n’avaient pas seulement pour but de les isoler, cela les transformait."

  • Les tirages

    Au milieu des années 1960, Penn commença une période d’expérimentations approfondies qui lui permit d’abord de maîtriser et ensuite de perfectionner la technique de tirage au platine. Ce procédé diffère significativement du tirage gélatino-argentique : pour le procédé au platine, la couche sensible à la lumière est absorbée dans les fibres du papier du support qui reste donc visible. Alors que dans les tirages gélatino-argentiques, les particules sensibles à la lumière sont suspendues dans une émulsion de gélatine qui masque le support.

    Irving Penn a testé d’infinies variations du procédé, y compris en combinant deux ou plusieurs négatifs de contrastes variables, ou en recouvrant le tirage de diverses combinaisons de platine et de palladium et en l’exposant une nouvelle fois sous le même négatif ou sous un autre. Relativement fort en contraste, les tirages gélatino-argentiques décrivent bien les tenues et les outils, modelés par la lumière naturelle. Les tirages au platine sont plus resserrés sur les figures et leurs dimensions sont plus grandes que les tirages gélatino-argentiques, ce qui donne aux modèles une monumentalité quasi sculpturale. Les tirages qui en résultent sont très expressives, révélant une gamme de tonalités allant des gris nuancés aux noirs profonds.

  • Les publications

    L’année de leur création, plusieurs sélections des Petits métiers de Paris, Londres et New York apparurent dans les éditions internationales de Vogue. Les portraits des artisans réalisés par Penn démontrent non seulement la diversité des métiers découverts dans chaque ville, mais aussi les différentes attitudes des travailleurs face à leurs activités. Dans l’ouvrage Worlds in a Small Room de 1974, Penn fit l’observation suivante: « En général, les Parisiens doutaient que nous ferions exactement ce que nous avions promis. Ils pensaient que quelque chose de louche allait arriver, mais ils arrivaient au studio plus ou moins comme convenu – motivés par le cachet. Les Londoniens étaient assez différents des Français. Il leur semblait tout à fait logique d’être photographiés en tenues de travail. Ils arrivaient au studio, toujours à l’heure et se présentaient devant l’appareil photo avec un sérieux et une fierté tout à fait remarquables. Des trois, les Américains étaient les plus imprévisibles. En dépit de nos recommandations, quelques-uns arrivèrent aux séances changés de pied en cap, rasés de frais et parfois même dans leurs costumes sombres du dimanche, convaincus de faire leur premier pas vers Hollywood. »

  • L’exposition au Musée de l’Elysée

    L’exposition est organisée en collaboration avec le J. Paul Getty Museum de Los Angeles, qui a acquis en 2008 l’ensemble le plus complet de cette série. Conçue par Virginia A. Heckert et Anne Lacoste, conservatrice associée et conservatrice adjointe du département de photographies du J. Paul Getty Museum, elle comporte une centaine de tirages montrés pour la première fois en Suisse. En outre l’exposition propose une confrontation des différents procédés d’impression utilisés par Penn en comparant les tirages originaux gélatino-argentiques avec les tirages plus tardifs au platine de ses séries.



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