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Henryk Ross |
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Lodz est en 1939 la plus grande ville industrielle de Pologne, riche d’un grand nombre de fabriques essentiellement tournées vers l’activité textile. Comme dans de nombreuses villes d’Europe centrale occupée, les nazis y établirent un ghetto dès février 1940, "le premier dans l’ordre chronologique et le second, après celui de Varsovie, par l’importance numérique, rappelle Primo Levi. 160 000 Juifs seront enfermés dans le ghetto de Lodz, qui ne sera dissous qu’à l’automne 1944, faisant de lui le ghetto" à la plus longue existence.
Cette longévité, due à l’importance économique du lieu organisé en camp de travail et à la personnalité de son président, le doyen Rumkovski, explique l’existence de nombreux témoignages, écrits ou photographiques, miraculeusement parvenus jusqu’à nous. Parmi eux, figurent les troublantes images d’Henryk Ross, survivant du ghetto quand 95% de ses habitants disparaissent dans les camps de Chelmno et d’Auschwitz.
Juif polonais, Henryk Ross est à partir de 1940 le photographe officiel du ghetto, chargé de faire des photographies d’identité et de propagande pour le département des statistiques. Tout au long de ses quatre années de détention, il va également réaliser des milliers de clichés qui vont rendre compte de la vie quotidienne dans le ghetto. Aux images terribles des pendaisons, celles rendant compte de la famine et des déportations, semblent se succéder, comme un affront, des instantanés de joie ou de bonheur : couple d’amoureux, famille unie, mère embrassant son enfant, jeunes gens se jouant de la perspective pour le plaisir du photographe.
Les quarante et une photographies présentées au CHRD vibrent de stupeur et d’enseignement : elles nous dévoilent la géographie du ghetto, le fonctionnement d’une société recomposée au travail et sous contrôle, elles nous renseignent sur les mécanismes de l’extermination et nous transmettent enfin une part de cet espoir, de ce souffle vital qui "malgré tout" permet d'entretenir l'idée que la lutte pour la survie peut avoir un sens.
Après la prise de Lodz par les troupes soviétiques, Henryk Ross déterre ses images et fait le choix de n’en publier que quelques-unes parmi les plus dramatiques, notamment lors du procès d’Adolf Eichmann. Il redoutait en effet de livrer une vision inattendue de ce qui fut le "mouroir de l’Europe", selon l’expression d’Oskar Rosenberg. Il aura fallu attendre le legs de son fils, en 1997, à une fondation privée britannique pour que soient diffusées la totalité des images ensevelies par lui à l’annonce de la liquidation du ghetto.
Aujourd’hui, la dégradation des tirages, qui broie jusqu’aux photos les plus joyeuses, rappelle le
destin commun des habitants du ghetto, comme si l’état de conservation de ces clichés faisait partie intégrante
de leur histoire.