Annuaire gratuit Référencement Achat tableaux peintures Expositions Médias Bio Série Afrique Série Paysage Jack the Ripper Roswell Ali Baba Vache folle Aquarelles Encres Vénus Saint georges Restaurants Rats | ||||||||||
One Shot ! |
|||
|
Sport le plus populaire dans le monde, le football rassemble un nombre inestimable de fervents supporters ou de spectateurs occasionnels. Cette popularité, accentuée par une couverture médiatique importante, s’est encore accrue, en Europe, avec la victoire de la France "black-blanc-beur", lors du Mondial 98. Cette même victoire a également achevé de réconcilier les couches de populations autour du ballon rond : alors que les décennies précédentes ont été marquées, dans les pays francophones principalement, par une certaine culture intellectuelle "anti-football", ce sport bénéficie aujourd’hui de l’attention de tous les milieux. En attestent les nombreuses productions artistiques ou œuvres littéraires parues depuis plus d’une décennie.
One Shot ! témoigne de cette popularité du ballon rond mais n’est en rien une exposition consacrée à la gloire de ce sport. Ce projet se propose plutôt de rechercher les résonances du monde contemporain dans le football. Nombreux sont en effet les artistes, aussi bien hommes que femmes, qui, à un moment de leur carrière, ont fait du football le sujet central de leur œuvre ou, plus simplement, l’ont utilisé comme source visuelle. Une quarantaine de pièces d’artistes originaires des quatre coins du monde, dont Wim Delvoye (Belgique), Massimo Furlan (Suisse), Kendell Geers (Afrique du Sud), Douglas Gordon (Royaume-Unis), Taku Anekawa (Japon), Javier Rodriguez (Mexique), etc. seront ainsi rassemblées dans les deux espaces d’exposition du B.P.S.22 : la grande salle, actuellement occupée par une peinture de Jean-Luc Moerman, accueillera des projections sur grands écrans tandis que le hall principal recevra les sculptures, installations, peintures, photographies, dessins, etc.
Point de départ de l’exposition : deux œuvres emblématiques qui illustrent, notamment, cette progressive installation du football dans le paysage médiatique — un portrait vidéo de Zidane par Douglas Gordon et Philippe Parreno et un portrait vidéo de George Best par Hellmuth Costard. Entre ces deux œuvres filmées, plus de trente années se sont écoulées, marquées par des évolutions fondamentales du monde, dont l’exposition présentée au B.P.S.22 se veut être l’écho au travers d’œuvres qui abordent ou interrogent le football et ses connexions.
Quantités de facettes liées à ce sport ont ainsi été explorées et seront présentées au B.P.S.22. Parmi elles, la dimension rituelle des supporters, les liens entre politique et football, la violence de certains "ultras", l’aspect ludique et convivial de ce sport, sa part émotive liée aux souvenirs et à l’enfance, la célébration médiatique de certaines phases de jeux, la corruption financière, les traditions populaires, les enjeux financiers des grandes marques et les conditions de production du merchandising, le cliché de la femme d’intérieur et de l’homme sportif et/ou consommateur de sport, etc.
L’hypothèse de départ de cette exposition est que le football, tel qu’il est aujourd’hui médiatisé, pourrait condenser métaphoriquement les enjeux du monde contemporain. Au départ de ce postulat se sont imposées les premières œuvres de One Shot ! : deux portraits vidéos, séparés par trente années, qui témoignent des transformations du monde moderne.
Une première œuvre filmée, celle du réalisateur allemand Hellmuth Costard, suit, en 1970, le footballeur anglais George Best durant un match contre Coventry City : six caméras 16mm sont dirigées en plan serré sur l’attaquant-vedette de Manchester United durant toute la rencontre. George Best est alors maître de son espace-temps et le montage très fluide, alternance de brèves accélérations et de phases de récupération, suit le rythme de celui que l’on appelait le "5ème Beatles". George Best incarne alors, au travers de cette œuvre, cette conception moderniste de l’individu unique, paré d’une identité singulière, dont les marques sont ancrées dans une société aux repères tangibles.
A l’inverse, en 2005, les artistes Philippe Parreno et Douglas Gordon utilisent dix-sept caméras pour suivre le français Zinédine Zidane lors d’un match de son dernier club, le Real Madrid. Ils livrent ainsi le portrait d’un individu surmédiatisé. Le rythme du film est rendu haletant, voire explosif, par un montage qui emprunte à la fois au clip vidéo et à l’esthétique du jeu électronique. Le joueur semble soumis à un rythme qui lui est extérieur, imposé par les codes médiatiques du monde actuel. Si le film Zidane. Un portrait du 21e siècle a déjà été présenté à maintes reprises, l’installation muséale qui lui est associée, faite d’une double projection vidéo, renforce le sentiment d’explosion individuelle, par la multiplication des images. Zinédine Zidane incarne alors cet individu éclaté de l’ère postmoderne, dont l’individualité plurielle slalome entre les différents modèles identitaires d’une société multiple et complexe.
Aux côtés de ces deux portraits vidéos "phares", projetés sur de très grands écrans, seront présentées des pièces explorant chacune un aspect du football actuel, susceptibles d’éclairer des problématiques du monde contemporain. Comme il l’a souvent été écrit "Le monde est rond comme un ballon", et le football devient pour les artistes le miroir des situations et transformations du monde actuel. En témoigne la sélection d’oeuvres présentées dans le cadre de One Shot ! (plus de quarante), et le foisonnement de pièces qui existent en référence, plus ou moins explicite, à ce sport.
Il est important de préciser que cette exposition n’est ni une exposition "anti-football", ni une célébration du sport-roi ; même si elle est le fait d’amateurs de ce sport ! Elle est davantage la résultante d’une transformation générale des rapports entre les "élites culturelles" et la culture de masse. Si les années 70-80, voire les décennies précédentes, ont été marquées par une certaine culture intellectuelle "anti-football", principalement dans les pays d’expression francophone, les années 90 ont connu un revirement important. Celui-ci s’explique par l’émergence d’une génération d’artistes nourris, dès leur plus jeune âge, à la culture médiatique (la télévision) au sein de laquelle le sport, en particulier le football, est un élément incontournable. Assumant totalement ou même partiellement leur héritage pop, les artistes actuels abordent tous les domaines de la vie sociale, dont le football.
Nombre de phénomènes actuels seront donc explorés par le prisme du ballon rond. C’est le cas de l’aspect rituel des supporters à travers une vidéo de Stephen Dean, tournée lors des derbys de Rio de Janeiro, à Maracaña, ou de la violence de certains "ultras", abordée par une œuvre du jeune artiste français Cyprien Gaillard. A l’ombre des terrains, la corruption financière et les liens entre politique et football trouvent écho dans une vidéo d’Ingeborg Lüscher mettant en scène des joueurs vêtus de costumes d’homme d’affaire et dans une installation de Kendell Geers regroupant, dans un filet, des visages d’hommes politiques tendus sur des ballons. Tandis que la célébration médiatique de certaines phases de jeux est mise en évidence dans une série de photographies de Robert Davies, les traditions populaires se mêlent au football dans les sculptures de Wim Delvoye ou Javier Rodriguez. La dimension ludique et conviviale de ce sport sera notamment traduite par la photographie d’un match entre amateurs d’Andreas Gursky, et sa part émotive liée aux souvenirs et à l’enfance par une série de dessins de Laurent Dandois, etc.
Si le football est majoritairement considéré comme un sport d’hommes, nombreuses sont les femmes qui ont abordé ce sport au travers de leurs œuvres. Plusieurs d’entres elles sont présentées dans le cadre de One Shot ! C’est notamment le cas de Julie Henry qui a développé un projet sur les équipements de supporters qui s’est concrétisé par des cardigans aux motifs populaires tricotés à la main ; de Priscilla Monge qui a créé un ballon composé de serviettes périodiques féminines ; de Marijke Van Warmerdam qui aborde, par le biais d’une installation vidéo, le rêve de millions d’enfants à travers le monde d’atteindre le sommet de la compétition footballistique ; ou enfin de Maria Zgraggen qui, avec ses images de stades imprimées sur des napperons, évoque les clichés et la dualité qui sillonnent notre société.
Jeu devenu spectacle de masse à l’échelle planétaire, le football est configuré comme une véritable dramaturgie, capable de captiver des millions de spectateurs de par le monde. One Shot ! traduira cet impact spectaculaire, notamment par le biais des techniques explorées par les artistes : la vidéo et la photographie, deux supports très contemporains, mieux à même de rendre le déroulement d’une rencontre, et qui dominent l’exposition. On retrouvera toutefois également des peintures, dessins ou sculptures, ainsi que des installations. La plupart des œuvres sont inédites en Belgique et plusieurs nouvelles productions ont été commandées à des artistes tels que Patrick Everaert, Pascale Marthine Tayou et Yoann Van Parys.