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Fashioning FashionDeux siècles de mode européenne 1700-1915 |
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Musée des arts décoratifs, ParisExposition du 13 décembre 2012 au 14 avril 2013Le Musée des arts décoratifs présente l'exposition "Fashioning Fashion. Deux siècles de mode européenne 1700-1915". Le parcours propose au visiteur quelques clefs de lecture : comment apparaît une mode ? Comment était réalisé un costume ? Des vues de détails présentées sur écran permettent d'apprécier le jeu subtil des fils de chaîne et de trame en soie ou métal, celui des précieuses broderies et d'autres ornements. Les variations de la silhouette sont, quant à elles, mises en lumière avec des gravures de mode. C'est dans un jeu de lumière, de miroirs et de parois courbes, tel un ruban se déroulant de vitrine en vitrine, que les oeuvres sont dévoilées dans une scénographie signée par Frédéric Beauclair.
L'exposition s'ouvre sur la mode
du XVIIIe siècle, faite d'influences
réciproques et nourrie d'échanges
incessants entre l'Orient et l'Occident.
La mode se pare alors de chinoiseries,
de turqueries et de broderies ou toiles
venues d'Inde. Une robe au décor de
petits Chinois et arabesques ainsi qu'un
banyan illustrent cette thématique qui
répond tant à la vision fantaisiste de
l'exotisme qu'à celle de l'évolution des
pratiques commerciales. La typologie
des robes et des habits en cette fin du
XVIII e siècle oscille entre la prédominance
de la France avec la solennité des
vêtements de Cour et l'influence des
Anglais et de leur élégante simplicité.
Ainsi une somptueuse robe à la française
présentée sur un corps à baleines et des
paniers à l'impressionnante envergure
s'oppose à une robe à l'anglaise
plus courte et plus confortable.
Les pékins, taffetas, satins façonnés ou
autres velours ciselés, dans lesquels sont
taillés les costumes pour femmes ou pour
hommes, sont pour la plupart réalisés
par les fabriques de Lyon ou de Tours.
Ces tissus révèlent l'exceptionnelle
richesse des techniques de tissage. Leur
exécution sur métier à bras, longue et
coûteuse, en fait des produits de luxe.
Les événements historiques et
politiques laissent également leurs
empreintes dans le domaine de la
mode. Ainsi, une robe à la polonaise
avec son manteau retroussé en trois
parties distinctes fait allusion à la
première partition de la Pologne, en
1772, entre trois états : l'Autriche, la
Prusse et la Russie. à la Révolution
française, le vêtement devient aussi
le support privilégié des opinions de
chacun comme en témoigne, vers 1789,
un exceptionnel gilet en maille, brodé
de messages et motifs symboliques.
En 1804, Napoléon, sacré empereur
des Français, rétablit les fonctions de la
Cour et ses démonstrations du pouvoir.
Au luxe ostentatoire d'une robe à traîne
et d'un habit tous deux ornés de riches
broderies de fils d'or et d'argent, s'oppose
l'apparente simplicité des robes en
mousseline blanche. Provenant d'Inde,
le coton dans lequel elles sont faites
révèle l'attrait toujours renouvelé de
l'ailleurs. Les châles cachemire rapportés
de la campagne d'Egypte font aussi
leur entrée dans le vestiaire féminin.
Puis, le style Empire laisse place au
courant romantique et ses silhouettes
féminines blanches et éthérées des
années 1820. La taille s'apprête à
retrouver sa place naturelle. Toutefois,
les manches répondent à un goût de la
disproportion rendue possible par des
amplificateurs façonnant les fameuses
« manches gigot ».
Le parcours se poursuit avec les années 1840 et la somptueuse robe de cour portée par la reine Maria II du Portugal. En satin noir, entièrement brodée de lame plaquée or avec une longue traîne, elle témoigne de la persistance du faste des Cours dans une Europe en pleine mutation. Sous le Second Empire, Paris redevient la capitale de l'élégance. Les crinolines règnent en emblèmes de la mode. Ces cages à cerceaux métalliques, sont aussi le reflet de l'industrialisation des moyens de production du XIXe siècle. Parallèlement, le développement des chemins de fer incite les citadins à voyager. Les tenues de bord de mer font ainsi leur apparition. Elles sont réalisées dans des matières et des formes se prêtant au climat et aux activités maritimes sans se départir d'accessoires plus adaptés à la vie citadine. Un ensemble dit « saute en barque » brodé mécaniquement et porté sur une crinoline-cage est un parfait exemple de ces tenues.
On constate que c'est essentiellement au cours du XIXe siècle que le corps féminin subit le plus de remaniements successifs et offre une importante variété de silhouettes. Peu avant 1870, la tournure ou « faux cul » remplace la crinoline et accentue la chute des reins. Les drapés, glands et franges de passementerie, inspirés de l'ameublement, viennent orner ces nouveaux profils. Cette tendance baptisée style « tapissier » cohabite avec l'apparition de vêtements créés pour les nouvelles pratiques sportives telle une rare robe de tennis anglaise en toile de coton lavable. La garde-robe masculine, quant à elle, n'a pas véritablement subi de grandes transformations depuis le début du XIXe siècle. Seuls certains éléments tels le veston dont l'usage se fait plus fréquent et le complet ont fait leur apparition. A l'aube du XXe siècle, les formes se font plus sinueuses avec la silhouette dite en S, modelée par un corset au laçage très serré. Les bottines ou autres cuissardes entièrement lacées révèlent le foisonnement de la lingerie et le renouvellement des tenues d'intérieur. Le temps est aussi au Japonisme : un kimono japonais à peine modifié pour le confort occidental fait face à une robe de chambre taillée et brodée en Extrême-Orient pour le marché européen.
Vers 1906, Paul Poiret modifie
profondément la silhouette féminine
et impose la ligne droite inspirée du
Premier Empire, interdisant à ses
clientes le port du corset. Séduit par Les
Ballets russes de Serge Diaguilev, il crée
alors tout un univers oriental : des jupes
entravées, des tuniques et des turbans
agrémentés d'une aigrette comme
celui que porte son épouse, Denise,
lors du célèbre bal persan intitulé « La
mille et deuxième nuit ». Cette mode
orientaliste se retrouve aussi chez les
Soeurs Callot comme en témoigne un
ensemble avec pantalon de harem en
charmeuse turquoise. Cette silhouette
symbolise à elle seule l'éternelle
fascination européenne pour l'Orient.
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