TIM

La Bibliothèque nationale de France rend hommage au grand dessinateur de presse TIM (1919 – 2002). A l’issue de 63 ans de carrière, TIM laissa des milliers de dessins au crayon, à la plume, à l’encre de chine ou au pastel, des estampes et plus de deux cent cinquante carnets de croquis. Grâce à la générosité de sa famille, la quasi-totalité de son oeuvre graphique est désormais conservée au département des Estampes et de la photographie. Aujourd’hui, une importante sélection de ce patrimoine est présentée dans la nouvelle Galerie des donateurs à la BnF I François-Mitterrand.

"Nos éditoriaux ne résistent pas à l’usure du temps. Il m’arrive d’envier mon compagnon de L’Express. Il commente l’actualité et ses oeuvres restent", confia un jour Raymond Aron, rédacteur de 1977 à 1983 à l’hebdomadaire auquel TIM collabora plus de 30 ans. De fait, l’histoire de la seconde moitié du XXe siècle peut se lire derrière les traits vibrants de ses dessins mémorables.

L’oeuvre de Louis Mitelberg alias TIM fut publiée dans des périodiques aussi divers que L’Humanité, Le Monde, Der Spiegel ou The New York Times. Elle constitue le commentaire singulier de l’actualité nationale et internationale, politique et sociale, par un homme de conviction et d’action soucieux de la portée de son travail. Homme de presse et homme de son temps, TIM est aussi un homme de l’art. Son inspiration doit beaucoup à la fréquentation des musées, des peintres avec qui il entretient un dialogue constant — imaginaire ou réel —, mais aussi des personnalités du monde du spectacle et des médias. Les dessins de TIM sont avant tout des adresses aux lecteurs d’un support bien particulier. Ainsi Louis Mitelberg ne dessine-t-il pas dans L’Humanité comme TIM dessine dans L’Express.

Les carnets de travail, les croquis préparatoires et les mises au net de ce dessinateur prolifique permettent de comprendre comment l’événement, fragment de réalité, est "médiatisé" par l’image de presse. Au contraire de la page imprimée d’un périodique, la planche originale est porteuse d’informations précieuses sur la technique graphique de l’artiste, ses hésitations et ses repentirs, ses habitudes de travail. Ainsi, le trait mince et sinueux de TIM se laisse-t-il apprécier dans sa véhémence ou sa retenue. Il enveloppe l’idée d’un lacis de courbes ou cerne et distord la "petite phrase" fugitivement prononcée.

Avec 56 dessins originaux et plus d’une dizaine de carnets, l’exposition permet d’entrer au coeur du processus créatif et d’apprécier toute la palette graphique du dessinateur. Au gré d’un parcours thématique, le visiteur découvrira aussi la diversité des sujets : regards sur l’actualité, engagements, représentations de grandes figures historiques- le général de Gaulle en particulier- d’hommes politiques et d’artistes, pastiches et hommages au maître : Honoré Daumier.