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Silvia BächliBiennale internationale d’art de Venise |
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Silvia Bächli expose des dessins au Pavillon suisse sur le site de la Biennale. Fabrice Gygi présente l’une de ses installations dans l’église San Stae au bord du Canale Grande. Les deux contributions suisses sont organisés sous la responsabilité de l’Office fédéral de la culture (OFC).
Des feuilles couvertes de dessins aux murs et sur les tables : où que nous soyons dans le pavillon suisse, les regards, et avec eux les pensées, commencent à errer. Sur les dessins et les espaces qui les séparent plane un silence, comme un paysage insolite où beaucoup d’éléments semblent familiers mais distants de par leur mutisme profond. Qu’y a-t-il de différent dans cette constellation d’éléments connus qui ne recèle pour tant aucun secret ?
« Ça. C’était ça. Maintenant ça a commencé. Ça existe. Ça dure. Ça bouge. Plus loin. Ça devient. Ça devient ceci et cela. Ça va plus loin que ça. Ça devient autre chose. Ça devient plus. Ça combine autre chose avec plus et n’arrête pas de devenir autre chose et plus. (…) » Inger Christensen, det
Durant trois décennies, Silvia Bächli (*1956) a développé son oeuvre de dessinatrice de façon continue, recourant à divers formats et différentes techniques. Dessiner est un mouvement du regard, des écarts et des décalages infimes dans le champ de gravitation de l’attention omnidirectionnelle portée aux choses et à l’onirique, et qui perdure jusque dans le dessin accompli. Certaines feuilles sont aisément lisibles, nommables ; sur d’autres, les noms et les mots se retrouvent sur le bout de la langue pour se perdre à jamais dès l’instant suivant : « ÇA ». « Je sais ce que je ne veux pas: pas de travaux journalistiques, rien qui puisse être exprimé plus adéquatement dans une autre langue. Dessiner, c’est s’aventurer en terrain inconnu et s’y promener. Créer de l’espace et le sonder, travailler avec et contre les bords du papier » (Silvia Bächli, 2009). La démarche ne produit pas que des instants pittoresques. Souvent, un regard cinématographique sur des corps, des choses ou leurs détails, des paysages, des gestes, des structures ou des processus semble se figer comme dans une photo de plateau. Dans la constellation d’une pièce, chaque feuille a sa place de choix, de telle sorte qu’en se déplaçant, le regard parcourt également les champs vides entre les images, cherchant souvent des rapports, de la constance dans la complexité. Et tout d’un coup, un motif familier ressurgit, tel un écho, d’un coin éloigné de la pièce. Presque insensiblement, de nouveaux tons surgissent dans les dessins suivants, comme si des nuances jusqu’alors inconnues se révélaient dans le noir et le blanc. Dessiner ouvre des espaces intérieurs et se propage dans l’espace sans l’absorber définitivement. La mobilité des petits formats suggère la possibilité de dispositions alternatives. Une pile de dessins recèle une connexion vis-à-vis de divers systèmes de pensée sur une table ou sur une paroi. En fin de compte, chaque feuille s’avère être un procédé, puisqu’elle conserve les traces du pinceau ou du crayon qui esquisse les lignes et les surfaces. Dans la théorie de l’image, le dessin revendique un statut permanent du provisoire. Les dessins déposent des traces sur une idée ; ce faisant, ils se figent dans le suspense. Toutefois, ils conservent également les traces de leur genèse, irrévocables et vulnérables à la fois. Quelle est la différence, en fin de compte, entre la trace furtive sur la feuille et l’acte de dessiner en soi dans ce moment précis de mise en scène spatiale ?
Silvia Bächli aborde l’état actuel du dessin, et par conséquent une contradiction au sein de laquelle aucun autre
média artistique ne se détache avec autant de clarté à l’heure actuelle: perpétuer une tradition millénaire de l’immédiateté.
Dans un monde de possibilités épuisées et nécessaires, chaque dessin demeure une question fondée.