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Renoir au XXe siècle |
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Grand PalaisExposition du 23 septembre 2009 - 04 janvier 2010"Je commence à savoir peindre. Il m’a fallu plus de cinquante ans de travail pour arriver à ce résultat, bien incomplet encore"
Cette déclaration de Pierre-Auguste Renoir date de 1913 au moment où l’on peut voir à la galerie Bernheim-Jeune à Paris une importante exposition de ses oeuvres, parmi lesquelles des grands nus peints au tournant du vingtième siècle. C’est une révélation. Guillaume Apollinaire fait l’éloge de celui qu’il considère comme "le plus grand peintre vivant": "Renoir grandit continuellement. Les derniers tableaux sont toujours les plus beaux. Ce sont aussi les plus jeunes". "Impérissable jeunesse" en effet, pour reprendre la formule admirative de Thadée Natanson en 1900, qui voit Renoir jouir d’un prestige incontesté sur la scène artistique du début du vingtième siècle. Le peintre y est salué comme une figure emblématique de l’impressionnisme des années 1870 mais il est aussi admiré pour sa capacité à avoir dépassé et renouvelé un mouvement de plus en plus largement accepté. A l’instar de ses contemporains et amis Paul Cézanne et Claude Monet, Renoir est une référence pour de jeunes générations d’artistes. Pablo Picasso, Henri Matisse, mais aussi Pierre Bonnard ou Maurice Denis professent leur admiration pour le maître, et en particulier pour sa " dernière manière", celle du tournant du vingtième siècle. De grands amateurs de l’art moderne, tels Leo et Gertrude Stein, Albert Barnes, Louise et Walter Arensberg ou encore Paul Guillaume, collectionnent Renoir aux côtés de Cézanne, Picasso ou Matisse. Depuis, l’appréciation du "dernier Renoir" a bien changé : les tableaux de cette période sont peu connus et souvent mal aimés. Si les paysages ("Renoir’s Landscapes 1865-1883", Londres-Ottawa-Philadelphie 2007-2008) et les portraits ("Renoir’s Portraits", Ottawa – Chicago - Fort Worth 1997-1998) de Renoir ont suscité de récentes expositions, les années tardives du peintre n’ont pas fait l’objet d’études et de manifestations spécifiques, comme cela a été le cas pour Degas, Monet ou Cézanne ("Monet in the 20th Century", Boston - Londres, 1998-1999 ; "Cézanne, les dernières années (1895-1906)", Paris – New York, 1978). C’est à l’exploration de ces années fécondes que l’exposition est dédiée. Après les combats de l’impressionnisme Renoir remet en cause vers 1880 les préceptes du mouvement au profit du retour au dessin et du travail en atelier, en référence avouée au passé. Ce moment de crise et de tâtonnement s’achève à l’orée des années 1890, qui ouvrent la voie à la reconnaissance publique, institutionnelle et commerciale de l’artiste. Sans renier l’impressionnisme, Renoir invente alors un art qu’il veut classique et décoratif. "Peintre de figures" comme il aime à se définir, Renoir désigne tout particulièrement le nu féminin, le portrait et les études d’après le modèle, en atelier ou en plein air, à des expérimentations novatrices.
Artiste en perpétuelle quête, promis au défi, Renoir veut se mesurer aux grands exemples du passé qu’il a admirés au Louvre ou lors de ses voyages, tels que Raphaël, Titien et Rubens. Ses recherches sont dominées par le refus du monde moderne au profit d’une Arcadie intemporelle, peuplée de baigneuses sensuelles et inspirée du Sud de la France qu’il fréquente assidûment à partir des années 1890. Il perçoit le paysage méditerranéen comme une terre antique, à la fois berceau et dernier refuge d’une mythologie vivante, familière et actuelle. Renoir revient de façon régulière et obstinée à un nombre limité de thèmes qu’il n’hésite pas à explorer dans des techniques inédites pour lui, comme la sculpture. Au fil des années 1900, le travail d’après le motif et les modèles conduit à une recomposition complète et libre du sujet, dont les odalisques et surtout Les Baigneuses de 1918-1919 (Paris, musée d’Orsay) marquent le couronnement. Renoir ne désigne-t-il pas ce tableau comme un "aboutissement" et un "tremplin pour les recherches à venir" ? C’est ainsi que l’entendent certains artistes en France au début du XXe siècle, dans le contexte souvent polémique du développement du cubisme et des abstractions : Renoir définit un point d’équilibre entre objectivité et subjectivité, entre tradition et innovation, à la source d’une modernité classique.
Aussi l’exposition est-elle construite selon une double perspective : faire redécouvrir une période
et des aspects méconnus de l’oeuvre de Renoir (les peintures décoratives, les dessins, la
sculpture...), tout en évoquant le rayonnement de son art dans la première moitié du vingtième siècle en
France. L’exposition rassemblera une centaine de tableaux, de dessins et de sculptures de Renoir,
provenant de collections publiques et privées du monde entier. Ces nus, portraits et études de
modèles ont pour certains appartenu à Matisse ou Picasso. Répartis en quinze sections, ils seront
ponctuellement confrontés à des oeuvres de Picasso, Matisse, Maillol ou Bonnard, attestant la
postérité de Renoir. Ainsi, l’exposition invite à revoir le dernier Renoir en sollicitant le regard
que ces artistes de la première moitié du vingtième siècle ont posé sur un maître du dix-neuvième siècle qui était leur contemporain.
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