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peinture

A.R. Penck

Peinture-Système-Monde

Musée d'Art moderne de la Ville de Paris

Exposition du 14 février – 11 mai 2008


Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente en association avec la Schirn Kunsthalle à Francfort et la Kunshalle à Kiel, une exposition de l’oeuvre de A.R. Penck, un des artistes majeurs de la scène artistique européenne.

L’exposition réunit un ensemble exceptionnel de 120 peintures de grands formats, d’oeuvres sur papier, sculptures, objets, pochettes de disques et livres d’artiste, produits de 1961 à 2005. Elle a bénéficié d’importants prêts auprès de musées internationaux et de collections privées. L’étape parisienne propose au public de découvrir par ailleurs des oeuvres en provenance de grandes institutions françaises rassemblées pour l’occasion.

Peintre, sculpteur, mais aussi théoricien et musicien, A.R. Penck quitte définitivement l’Allemagne de l’Est en août 1980. Son oeuvre témoigne de la division de l’Allemagne et fait écho aux contradictions entre les systèmes politiques de l’Est et de l’Ouest.

Il en résulte une peinture expressive où personnages abstraits, signes, pictogrammes constituent un vocabulaire universel dans lequel préhistoire et histoire contemporaine se mêlent à la science moderne. Dans son oeuvre plastique comme dans ses manifestes et d’autres textes parus sous forme de livres d’artiste, A.R. Penck aborde ainsi les thèmes de la communication, de la relation entre l’individu et la société.



Avant-Propos du catalogue de l'exposition par Fabrice Hergott

Le passeur

Dans le long apprentissage de l’art européen par le public français, il y a des artistes de première importance qui restent mal connus. Il en est ainsi de l’oeuvre d’A. R. Penck, né en 1939 à Dresde et qui vit aujourd’hui en Irlande après avoir quitté tardivement la RDA en 1980.

Pour un public d’amateurs, son nom évoque les années 1980 et ce que l’on appelait abusivement "le retour à la peinture". Ce même public se souvient de ses tableaux faits de personnages en forme de bâtons avec d’innombrables symboles énigmatiques. Bien qu’il ait été souvent et régulièrement montré à Paris depuis la fin des années 1970 par plusieurs galeries privées, il n’a fait l’objet que de peu d’expositions dans les institutions françaises : une seule exposition monographique en 1985 au musée de Saint-Étienne, plusieurs expositions thématiques, dont "Légendes" au CAPC de Bordeaux en 1984, "Skulptur" au FRAC de Rouen en 1989, et surtout, beaucoup plus tôt, sa participation à la légendaire exposition de l’ARC "Art Allemagne aujourd’hui" en 1981, dont le titre par sa clarté reprenait, sans doute inconsciemment, les formules concises et hiératiques de l’artiste.

Le retrouver plus de vingt-cinq ans après dans les grandes salles d’exposition n’est pas si surprenant. La manifestation de 1981 a rassemblé presque tous les artistes allemands qui allaient compter dans les années à venir, et parmi eux de nombreux peintres. Le musée a depuis remontré Gerhard Richter, Sigmar Polke, Anselm Kiefer et Georg Baselitz dans de grandes expositions personnelles.

L’exposition Penck s’inscrit dans cette logique déjà traditionnelle au musée d’Art moderne en présentant de manière plus conséquente certains de ces artistes, et particulièrement ceux de la génération née autour de 1940. Cette génération est exceptionnelle dans l’histoire de l’art européen : elle a été témoin de la guerre sans y participer pour avoir été trop jeune ; elle a été marquée par les souvenirs d’enfance, le désarroi d’un pays sortant d’un des pires régimes totalitaires de l’histoire et la culpabilité d’un crime de masse d’une telle énormité qu’il rendait presque inconcevable d’y survivre. Cette situation est pour beaucoup dans la raison de l’importance de l’art allemand et plus particulièrement de ses peintres.

À la suite de Joseph Beuys qui prit une part active dans la guerre (il en revint brisé, physiquement et moralement), les artistes de la génération de Penck ont tenté d’élaborer un art qui leur permette de ne pas se fermer les yeux devant un passé qui ne pouvait s’oublier. Contrairement à la tendance pop fascinée par les paillettes de la société de consommation, ils ont préféré aborder leur art en traitant de la condition de l’homme. De le faire toutefois non comme une dénonciation, mais en choisissant de parler de ce qui les obsédait. Pour Penck, c’est dès les premières années la notion de passage (Übergang) — d’un monde à l’autre, bien sûr, mais aussi d’une époque à l’autre, comment aller du passé vers le futur, comment vivre le présent. Chaque tableau est ainsi pour lui un programme, une affirmation du moment présent, le condensé de ce qui est entre deux autres. Et c’est sans doute pour cela qu’il se définit, à l’instar des autres artistes allemands, non comme un artiste de la rupture (ce qui serait le plus facile), mais dans une continuité, de l’histoire probablement, sans doute plus encore de l’art. Cette continuité avec une histoire de l’art universelle, supranationale, est peut-être ce qui appartient le plus authentiquement à cet art allemand. On accepte que Giacometti ou Bacon par exemple se réclament de la sculpture égyptienne ou de Vélasquez, mais beaucoup moins qu’un Penck puisse se sentir dans la filiation d’un Cézanne ou du dernier Picasso. L’art est souvent perçu comme un héritage que l’on refuse à certains. Les artistes allemands se sont approprié la peinture française avec plus d’acharnement que leurs contemporains français, convaincus qu’en faisant ce lien avec la France et Paris, ils relieraient les fils que l’histoire avait coupés — créant une continuité qui est peut-être aussi la seule manière d’accepter le passé comme un tout. Depuis le début des années 1960, la peinture allemande cherche à lier la tradition de l’art moderne (incarnée par la peinture française depuis le XVIIe siècle) en intégrant l’histoire européenne, au centre de laquelle se situe bien sûr l’Allemagne. Cette aspiration à réagir à une tradition de la peinture moderne n’était pas à l’ordre du jour dans les années d’après-guerre, où les notions de rupture étaient prépondérantes. Il n’y a pas pour Penck de rupture entre l’art d’aujourd’hui et l’art du passé. Il est une illusion de croire que vers 1960 justement les références, les processus, mais plus encore les ambitions des artistes aient pu changer. Il est possible que cela ait été particulièrement important pour lui qui, retenu en RDA, se trouvait par la séparation de l’Europe comme exclu de l’histoire de l’art moderne. Mais cette séparation politique et réelle était également vécue par les artistes allemands qui, par le poids de l’histoire sur leurs épaules, ne se sentaient pas à égalité avec les artistes de l’Ouest. En affirmant d’où il vient, et ne cherchant pas absolument à en partir — ce qui aurait été possible avant la construction du mur de Berlin —, Penck a fait de la position de l’artiste dans l’histoire un de ses sujets majeurs.

Maintenant que nous comprenons mieux ce qui s’est passé depuis la fin de la guerre froide, l’oeuvre de Penck se révèle être une oeuvre prophétique par la clarté de son énonciation. Ce sont des tableaux qui formulent les enjeux et les drames de l’individu, sa perception d’un monde mobile, hostile, et où chaque forme, chaque symbole est une menace ou un espoir. L’oeuvre de Penck apparaît comme la plus nourrie de théorie de toute la peinture allemande de l’après-guerre. Il a cherché des méthodes scientifiques, a tenté d’inventer une science des signes, un langage visuel universel, s’efforçant à chaque mot de faire de son oeuvre un lien entre les langues, les individus et les cultures. Sa peinture est la tentative de traduction la plus claire et la plus sobre possible de ses sensations et de ses pensées — une traduction et une synthèse des tensions du monde moderne, de l’homme pris entre deux mondes, deux temporalités, deux tendances, qui vont bien au-delà de l’opposition est-ouest, dont il nous montre qu’elle reste sous d’autres formes.

Un art qui se veut si clair pourra-t-il être compris à Paris ? Au-delà des quelques expositions, des acquisitions ont été faites par différents musées français et des collections privées, rappelant que cette oeuvre ardue n’est pas si indifférente au public français. L’exposition de Paris est une reprise de celle de la Schirn Kunsthalle de Francfort, à qui revient le mérite d’avoir réactualisé cette oeuvre. Nous avons choisi d’y ajouter une sélection de pièces importantes dans les collections françaises, espérant par là faciliter la réception de cette production majeure et rappeler que l’acceptation d’un artiste est souvent un travail progressif qui s’étend sur de longues années.

Il faut ajouter qu’un autre élément de cette réactualisation de l’oeuvre de Penck vient de la plus jeune génération de peintres allemands tels que Eberhard Havekost, Thomas Scheibitz, Frank Nitsche, issus de l’ancienne Allemagne de l’Est, qui reconnaissent en cet artiste et en son travail le rôle d’un passeur essentiel. (...)



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