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François Morellet |
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En 1985, lorsqu'il s'agit de réaliser la première année de programmation d'un musée d'art contemporain encore en devenir, François Morellet est parmi les premiers artistes invités à exposer (avec Joseph Kosuth, Lawrence Weiner, mais aussi Daniel Buren et Jean-Pierre Bertrand). L'exposition monographique réalisée du 24 mai au 9 juin 1985 donne lieu à l'acquisition de Deux lignes de tirets interférents, 1971. Cette pièce est symbolique de la participation de l'artiste au Groupe de Recherche d'Art Visuel. Quoique de grande qualité, elle reste cependant un succédané, relativement au projet d'une collection constituée d'ensembles étendus et de moments remarquables. Dans les années qui suivent, au gré des opportunités d'achat et des dons de l'artiste lui-même, plusieurs oeuvres sont venues s'ajouter à cette première acquisition. En 1987, l'entrée d'une peinture de 1952 résume le moment où François Morellet s'engage définitivement dans l'abstraction géométrique. Peinture géométrique, trame du fait d'un chevron qui sert de motif, peinture désarticulée en plusieurs panneaux encore reliés par des charnières, Peinture, 1952, correspond à un moment clef où Morellet cherche à abandonner dans le même mouvement l'arbitraire de la composition, l'arbitraire du format et celui de la matière, qu'il trouve trop marqués par une vision romantique de l'artiste. Le don d'un Mouvement ondulatoire de 1965 complète cette acquisition. Cette oeuvre relève également de la période où François Morellet côtoie le G.R.A.V. Elle en est une seconde qui affirme une dimension temporelle par l'intégration, cette fois, d'un mouvement. Ce choix répond aux orientations que s'était donné le groupe et aux exigences de l'artiste luimême. En trois oeuvres : Peinture, 1952, Mouvement ondulatoire, 1965, Deux lignes de tirets interférents, 1971, une période déterminante d'une carrière artistique se trouvait ainsi résumée dans la collection.
Invité en 1991 à participer à la Biennale de Lyon, et fidèle à sa
méthode qui consiste à fixer une règle du jeu permettant de réduire
le nombre de ses décisions subjectives, François Morellet propose
une pièce dans laquelle les murs du lieu d'exposition sont
décalés par redoublement et par basculement. Cette oeuvre par sa
forme et ses modalités est atypique, rattachable peut-être aux intégrations
et désintégrations architecturales que Morellet réalise
depuis 1981. A l'issue de la Biennale, Sans titre, 1991, est donnée
au Musée. S'ajoutant à la série d'oeuvres déjà présente, elle en perturbe
la cohérence un instant trouvée. Sans titre, 1991, décale vers
la question du all-over et du mur de l'exposition, le projet d'un
ensemble traduisant l'oeuvre de Morellet en un espace singulier pour la collection. Le all-over systématique
poussé jusque dans l'espace de l'exposition en passant par le détour du mur constitue pourtant un point premier
dans les discussions entre le Musée et l'artiste en 1985. Un adhésif ("éphémère"), tel qu'en réalise
Morellet depuis 68 fait encore l'objet d'un possible projet d'acquisition qui ne se réalise qu'en 2006.
Basculement d'un mur et une porte de 5° au dessus de 0°, 1985, est acquis en 2006 et jalonne cette fois
un ensemble qui de la peinture à l'espace de sa monstration couvre une intéressante synthèse de l'oeuvre
de François Morellet. Ces quelques oeuvres apparemment éparses font désormais exposition, rassemblées
autour d'une Echappatoire nouvellement créée et donnée au Musée par l'artiste.
Le plan de l'Echappatoire, 2006, est généré par le dessin d'une peinture de 1971 : Dix lignes au hasard.
Labyrinthe qui jamais ne nous enferme, l'Echappatoire ouvre le plus souvent sur une oeuvre : Peinture,
1952, Mouvement ondulatoire, 1965, etc… Elle est comme la récente superposition qui réunit les fragments
du hasard, l'interférence nouvelle du présent et du passé.