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Le musée participe pour la première fois au Mois de la Photo à Paris qui fête ses 30 ans d’existence. L’exposition propose, sur 150 m2, une passionnante mise en perspective du fonds photographique du musée avec des oeuvres de la Maison Européenne de la Photographie. De multiples sujets, mais un thème commun : la mer.
Cette exposition crée un dialogue entre des images de la collection de Maison Européenne de la Photographie et d’autres du fonds de photographies du musée national de la Marine. Elle propose des rapprochements formels ou conceptuels, montre des convergences entre deux collections très éloignées l’une de l’autre par leur histoire et leur contenu. Si celle de la Maison Européenne de la Photographie, issue de la création contemporaine, est connue du public, celle du musée national de la Marine demeure encore confidentielle.
Riche de plusieurs milliers d’images, le fonds photographique du musée national de la Marine se constitue dès la fin du XIXe siècle. Il est le résultat de cessions de différents services techniques de la Marine ou de chantiers de constructions privés, ou d’acquisitions auprès de particuliers, photographes et galeristes. A la fin des années 40, ce rassemblement empirique de "documents photographiques" est organisé sous la forme de dossiers thématiques. Construction navale, portraits de navires, vues portuaires et portraits de marins sont quelques-uns des thèmes développés par cet ensemble exclusivement dédié au monde maritime. Dans les années 90, un intérêt renouvelé pour ce corpus hétérogène (tant par les coupures chronologiques que par les techniques utilisées) et les problématiques liées à sa conservation amènent à questionner son statut. Le musée national de la Marine entame alors une réflexion sur la valeur patrimoniale des photographies qu’il conserve.
Parallèles de procédés techniques, de démarches, de thématiques ou d’ornementation, l’exposition offre une approche singulière. Longtemps considérées par le musée national de la Marine comme de simples documents techniques (valeur esthétique négligée au profit de la valeur dite documentaire), les séries constituées par des prises de vues systématiques de différentes étapes de construction navale (collection musée national de la Marine) entrent en résonance avec le "style documentaire" de Gilbert Fastenaekens (collection Maison Européenne de la Photographie). D’autre part, la visée typologique et anthropologique des portraits d’autochtones du Pacifique (collection musée national de la Marine) rejoint la démarche de Rineke Dijkstra (collection Maison Européenne de la Photographie) : elle révèle par la photographie, à un siècle d’écart, des moyens de comparaison culturelle à travers le corps. Sont présentées également des associations plastiques élaborées à partir du jeu graphique de filets de pêche (Anita Conti et Henri Cartier-Bresson), du "drapé" des voiles (Carlo Naya et Pierre Verger) ou de paysages polaires (Luc-Marie Bayle et François Puyplat). Enfin, les contingences techniques propres au medium sont aussi soulignées : prise de vues séquentielle, variation de la mise au point ou photomontage, à travers les oeuvres de John Pfahl, Manuel Esclusa, François Kollar et Jerry Uelsmann. Une belle escale au musée pour découvrir les richesses d’une collection photographique méconnue, mise en regard avec des créations artistiques contemporaines.
Le commissariat de l'exposition est assuré par Angelina Meslem, responsable de la collection de photographies du musée national de la Marine.