Günter Grass – Bestiarium

L’exposition "Günter Grass – Bestiarium" est consacrée au bestiaire de Günter Grass. C’est à travers ce que Grass appelle ses "animaux héraldiques", escargot, rat, turbot, crapaud qu’il exprime les deux hémisphères de sa vocation ; plasticien d’un côté et écrivain de l’autre. Le bestiaire révèle l’unité thématique que l’on retrouve à la fois dans la création graphique et dans le travail littéraire. Il montre l’imbrication et le rapport fertile qui relie les deux activités.

Le Centre Dürrenmatt qui se propose de faire voir les interactions entre texte et image, entre arts plastiques et littérature ne pouvait manquer de s’intéresser à une personnalité artistique aussi fascinante que Günter Grass, prix Nobel de littérature. "Bestiarium" met en évidence le dessinateur, l’artiste plasticien, un aspect prédominant au début de sa carrière d’artiste qui a été progressivement occultée au profit de sa carrière d’écrivain au succès fulgurant.

L’exposition a une structure chrono-thématique. Une première partie intitulée "Le Tambour" traite de la genèse du roman et de l’écho qu’il a suscité ; elle présente aussi des extraits de l’adaptation cinématographique de Volker Schlöndorff, Palme d’Or à Cannes en 1979. Elle met l’accent sur le lien étroit qui unit la biographie de Grass (1927) et les sujets de ses oeuvres : le héros du roman, Oskar Mazerath posant comme modèle à la l’Académie des arts de Düsseldorf, là même où Grass a suivi sa formation de sculpteur. L’histoire mouvementée de Danzig (Gdansk), la ville natale de Grass, se retrouve caricaturée, dans "Le Tambour", "le Chat et la Souris" et "les Années de Chien", romans et nouvelles rassemblés sous le nom de "Trilogie de Danzig".

"Un dessinateur-écrivain est quelqu’un qui ne change pas d’encre" (G. Grass) ; une seconde partie de l’exposition présente une sélection de citations qui, reprennent les motifs d’animaux présents dans toute l’oeuvre de Grass, et mettent en évidence les interactions entre écriture et art plastique. Les couvertures de livres, les dessins au fusain ou au crayon, les gravures conçus pour illustrer "Le Journal des coquecigrues", "Le Journal d’un escargot", "Le Turbot", "La Ratte", "L’Appel du crapaud" entre autres, illustrent un bestiaire à la fois réaliste et fantastique. L’artiste est présent à travers des autoportraits, renvoyant ainsi le visiteur à la personne même de l’écrivain.

Si les premiers dessins réalisés dans les années 50 tendent vers une forme plutôt abstraite, ils évoluent ensuite vers un réalisme fantastique plus personnel, situé en dehors des orientations artistiques contemporaines. Plus de 70 dessins sont présentés et témoignent du talent artistique de l’auteur allemand.

Font également partie de l’exposition, des livres dédicacés à Friedrich Dürrenmatt et à sa femme, des photographies et des coupures de presse évoquent les rencontres des deux grands écrivains qui partageaient les mêmes passions ; la littérature et les arts plastiques.

Un programme annexe avec visites guidées, soirée gastro-littéraire organisée par les Lundis des mots ou une soirée autour de Günter Grass par le Deutsch Club accompagnent cette exposition qui bénéficie du patronage de l’Ambassade d’Allemagne en Suisse.