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Eric Hattan |
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Un postulat selon lequel "l'art n'est ni un produit ni une solution", mais "un travail de transformation" l'amène à intervenir dans un espace réel au sein d'une situation existante pour en déplacer les données.
source : dossier de presse "Été 2009" MAC/VAL, Musée d'art contemporain du Val-de-Marne
Créer à partir de ce qui est, renverser les évidences sont des leitmotivs chez le plasticien Éric Hattan qui ne se contente jamais de céder à la facilité. Pendant tout l’été, l’artiste reprend le flambeau de la carte blanche proposée par le MAC/VAL, en faisant une proposition artistique originale au coeur du parcours de la collection, actuellement présentée sous le titre «Je reviendrai».
L’exposition «Into the White» est un murmure, une micro-symphonie de l’intime; des souvenirs du quotidien qui se teintent d’étrange. Cette exposition-parcours s’articule autour de moments fragiles que l’artiste a enregistrés lors de ses voyages dans le Grand Nord, ou tout simplement près de chez vous.
Éric Hattan se pose en metteur en scène en captant des moments insolites, rares ou insignifiants. Saisir ces instants où quelque chose vacille - c’est ce qu’il propose dans ses installations qui se déploient comme un paysage mental. Centrale chez Hattan, cette notion de paysage intègre à la fois l’histoire et les qualités spatiales du lieu, le souvenir d’une oeuvre, d’une matrice et montre combien l’exposition est pour lui endroit d’écriture, générateur de visions, de matières, de projections. Pour le MAC/VAL, Éric Hattan retrouve ses pièces anciennes issues de ces voyages, s’insinue dans le parcours de la collection pour dialoguer avec les oeuvres et l’architecture. L’artiste choisit de suspendre des caisses de transport qui habitent les grandes hauteurs sous plafond des salles du musée, révélant cette qualité architecturale propre au lieu. Il dissémine également dans les différents espaces d’exposition des vidéos, telles un fil d’Ariane guidant le visiteur.
Particulièrement sensible aux espaces, Eric Hattan aime ausculter les lieux. L’existant est pour lui toujours le point de départ de son intervention. Il pense aussi qu’il faut créer des endroits qui agissent comme des rendez-vous pour le public. Intuitif, son travail se construit également autour du détournement de l’objet - en impliquant les visiteurs qui se mettent à fabriquer à nouveau le réel.
Curieux d’explorer les limites des arts, à l’instar de nombreux artistes qui se sont employés à brouiller les pistes de l’ancestrale mimétique, par les jeux de la fausse perspective, de l’image inversée, Hattan crée ses maquettes illusionnistes. Espaces d’espace que le regardeur complète en s’approchant de l’oeilleton. Ainsi, il implique le spectateur dans une confrontation entre la réalité physique et l’illusion visuelle.
Non sans humour, Eric Hattan s’est pris au jeu de la carte blanche et offre aux visiteurs un retournement
de situation qui nous permet d’apprécier l’envers du décor.
Eric Hattan : Ma volonté était d’intervenir avec mon propre parcours, de ne pas produire de nouvelles pièces mais d’utiliser des oeuvres issues de ma pratique artistique. Ainsi, mon travail rencontre le Parcours #3 du musée. J’ai, bien sûr, essayé de choisir ces oeuvres en rapport avec celles de la collection, avec plus ou moins de liberté.
A. F. : Ta carte blanche s’intitule “Into the White”. Peux-tu nous éclairer sur ce titre ? Quel est ton intention dans ce projet ?
E. H. : Le titre de ce projet comporte un double sens. Il fait, tout d’abord référence au roman qui devint par la suite un film « Into the wild ». C’est également le titre d’une oeuvre que j’ai réalisée : je suis dans une voiture, une caméra filme la route, devant moi, un camion que l’on ne voit pas. On ne distingue rien car la circulation provoque la formation d’une poussière de neige qui aveugle le spectateur et le plonge dans un nuage blanc.
A. F. : Pour en revenir à l’essence de ton travail, la thématique du voyage est-elle constitutive de ton oeuvre ?
E. H. : Oui. Je vois le voyage comme une manière d’apprendre, de voir des choses différemment, de revenir sur des éléments que l’on a déjà vus. Des éléments très différents seront exposés, mais ils parleront d’un parcours et d’un voyage, de mon propre voyage.
A. F. : Tu disais tout à l’heure que tu travaillais à partir de rien. Ne serait-ce pas cela ton style ?
E. H. : Non, c’est le contraire. Je n’ai pas le sentiment de créer à partir de rien mais de créer à partir de ce qui est. Il me faut absolument quelque chose qui soit déjà là et dans le cadre de la carte blanche, c’est le parcours de la collection qui est mon point de départ.
A. F. : Comment as-tu abordé cette collection ?
E. H. : D’une manière très simple et peut-être poétique aussi. Je l’ai parcourue plusieurs fois, ce qui m’a amené à m’intéresser au lieu et à son architecture. Et, certaines oeuvres de la collection ont fait une sorte d’écho dans ma mémoire. […] Mais, il n’y a jamais une explication vraiment juste. Je ne peux pas expliquer mon choix pour tel ou tel travail. Il n’y a pas une raison mais plutôt un sentiment.
A. F. : Il est aussi question de regards et de surprises dans cette exposition. La surprise chez toi est mise en scène. Tu utilises notamment les oeilletons dans ton travail pour ouvrir sur un espace qui n’existe pas, qui est une création complète.
E. H. : Oui et également pour perturber l’oeil car on ne croit que ce que l’on voit.
A. F. : Parlons de la genèse de ton projet. Tu es le deuxième artiste de la carte blanche, invité à intervenir sur le parcours de la collection. Tu interviens donc après Alain Bublex qui a réinterprété la collection en "Nocturne". Pour ta part, tu as fait le choix de ramener la lumière. De faire de la lumière et du blanc, le sujet même de ton approche du musée...
E. H. : Oui, c’est en effet une relecture de la relecture. Ce qui est assez important car je crois que l’intervention d’Alain Bublex m’a aidé à développer mon propre projet. Pour moi, c’était tout à fait l’opposé : je n’avais aucun lien avec cette collection et cela me permettait d’agir probablement beaucoup plus librement. J’avais cette liberté d’intervenir avec ma propre collection. A. F. : Finalement, sans en avoir l’air, n’est-ce pas en quelque sorte une rétrospective de ton travail ?
E. H. : Oui, tout à fait. Et cela correspondait avec un moment de relecture de mon propre travail. Je viens de ressortir à l’air libre de mon atelier, l’ensemble de mes oeuvres pour les revoir.
A. F. : Tu as, par rapport à la proposition d’Alain Bublex, demandé à ce que l’on garde les cartels comme des traces de l’exposition.
E. H. : Oui, mais nous allons les rayer. Les oeuvres d’Alain Bublex qui étaient présentes dans le parcours de la collection et les socles resteront.
A. F. : L’histoire se poursuit donc autrement mais elle garde des traces, se sédimente. Peux-tu nous parler de l’oeuvre qui clôture le parcours ? Elle est en quelque sorte une fin qui n’en est pas une...
E. H. : Cette pièce s’intitule Il faut continuer. C’est une échelle sous laquelle sont suspendus trois seaux où il est écrit le titre de l’oeuvre. Deux des seaux ont le fond percé, dans le troisième, il y a un peu d’eau. Le visiteur est invité à vider l’eau qu’il contient dans le seau le plus haut...
A. F. : Tu défends donc l’idée qu’une collection de musée est une oeuvre ouverte, exposée à l’interprétation. Cette question du regard est présente dans tes oeuvres et dans ta relecture du Parcours #3. Nous ne sommes absolument pas dans une proposition autoritaire.
E. H. : Non, en effet, cela ne m’intéresse pas vraiment même si j’ai aussi un coté autoritaire. Je pense qu’il
y a une multitude de possibilités de voir et de comprendre une chose.