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Corent |
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Musée départemental de la Céramique, LezouxExposition du 24 septembre 2010 au 30 septembre 2011Corent n’a rien à voir avec les idées reçues d’une Gaule d’avant la conquête romaine peuplée de chasseurs de sangliers et parsemée de petits villages de huttes ! Bien au contraire. À travers les quelques 300 objets présentés, commentaires illustrés, installations, l’exposition lève le voile sur un pan de l’organisation matérielle et symbolique d’une cité gauloise et nous la dévoile dans toute sa splendeur. Le visiteur est invité à découvrir l’un de ces oppidum dont la richesse et la complexité demeuraient encore insoupçonnées il y a quelques décennies, et qui livrent d’année en année de nouvelles surprises. En effet, à Corent, l’emprise importante des fouilles de près d’1 hectare, a mis en évidence les différents quartiers du centre de l’agglomération, que l’exposition restitue par des images de synthèse et une maquette architecturale. Le parcours convie aussi le spectateur à se familiariser avec la démarche concrète de l’archéologue où les vestiges les plus ténus permettent de reconstituer un monde disparu. Quelles réflexions conduisent ainsi de la fouille – école de patience et de minutie – aux hypothèses à l’origine des restitutions ? Grâce au scénario de l’exposition et à la scénographie, on déambule tantôt à travers les quartiers d’une ville que l’on découvre et dont on tente d’imaginer le quotidien des habitants, tantôt on se met dans la peau de l’archéologue pour appréhender les vestiges tels qu’ils se livrent d’abord, au fil d’un minutieux décapage, comme des empreintes à déchiffrer. En fin de parcours est abordée l’organisation sociale, culturelle et économique de la société gauloise dont la portée dépasse largement le site de Corent et concerne l’ensemble du monde celtique européen. Depuis 2001, le Conseil général du Puy-de-Dôme soutient activement les recherches archéologiques menées à Corent. Aussi aujourd’hui, outre la mise en valeur sur place d’une partie des vestiges, avec la reconstitution partielle d’un sanctuaire, le Conseil général permet au public de prendre connaissance de ces recherches grâce à la réalisation de cette exposition entièrement dédiée au site. Panorama des découvertes issues directement du sous-sol du Puy de Corent... en attendant la moisson des nouveaux résultats que promet la suite des fouilles.
Occupé depuis le néolithique (3500 avant J.-C.), le plateau de Corent a été choisi par les Arvernes, à la fin de l’époque gauloise, pour la fondation d‘un vaste oppidum. Site majeur à l’échelle européenne, il constitue l’un des principaux pôles urbains de la Limagne auvergnate avant la conquête romaine et la fondation d’Augustonemetum-Clermont-Ferrand. Les fouilles menées depuis 2001 ont d’abord révélé un grand sanctuaire datant de la fin de l’Âge du fer, entre 150 et 50 avant notre J.-C. Erigé en bois et en terre, il est dès cette période inspiré de l’architecture sacrée gréco-romaine. Il sera réédifié à l’époque romaine sous la forme d’un complexe monumental bâti « en dur » (maçonnerie et couverture en tuiles remplaçant la terre et le bois). Aux abords du sanctuaire, les vestiges d’îlots d’habitation, boutiques, et édifices publics témoignent, dès la fin du IIe siècle avant J.-C., d’un schéma d’urbanisme où se côtoient maisons aristocratiques, activités artisanales, places commerciales et culte religieux. C’est ainsi que la fouille de Corent contribue à la définition de la notion d’oppidum et améliore la connaissance de la société gauloise.
Les vestiges archéologiques ne subsistent souvent qu’à l’état de traces fugaces que seul l’oeil averti de l’archéologue sait identifier. Ils ne livrent ensuite leur sens qu’au prix d’un patient travail d’analyse et d’interprétation. Aussi, pour permettre à un large public de se représenter l’architecture et les activités dont témoignent les vestiges de Corent, le Conseil général du Puy-de-Dôme a réalisé des aménagements sur le site. Ils consistent en la reconstitution partielle, à son emplacement originel, de l’édifice qui semble avoir, à tous les sens du terme, occupé une place centrale au sein de l’oppidum : le sanctuaire. Encadrée par un mur en pierre sèches qui la sépare des espaces cultivés contemporains, la reconstitution se découvre d’abord depuis un belvédère qui offre une vue d’ensemble sur l’oppidum avec une signalétique illustrée. La reconstitution du sanctuaire propose une lecture des aménagements réalisés à deux époques successives, avant et après la conquête (130 avant J.-C. – IIIe siècle après J.-C.). Le sanctuaire gaulois est composé d’une galerie et d’une entrée monumentale sur poteaux en bois, d’aménagements divers dont des cuves semi-enterrées : il s’y déroulait des rituels mettant en jeu la consommation et « le sacrifice » du vin (offrande aux dieux), ainsi que des festins prenant une dimension politico-religieuse. Le sanctuaire d’époque romaine, que l’aménagement paysager distingue nettement du précédent, est matérialisé par ses fondations en pierres qui émergent d’un terrain verdoyant.
À l’occasion de ces travaux, engagés en août 2009, le sanctuaire a livré un de ses derniers secrets. La surveillance archéologique –confiée à Magali Garcia, d’une zone restée en marge des secteurs fouillés a permis la mise au jour d’un amas d’objets métalliques gaulois regroupant des restes de boucliers, de fourreau d’épée, une cotte de mailles probablement complète - découverte rarissime pour cette période - ainsi que la crête en bronze d’un sanglier-enseigne (étendard militaire que l’on brandissait lors des batailles). Ces éléments sont constitutifs d’un trophée militaire, vestige probable de l’ornementation du sanctuaire.
Une collection exceptionnelle de 300 objets archéologiques issus de la fouille, des textes et images élaborés en concertation avec l’équipe scientifique du site ainsi que de multiples projections vidéo sont ainsi présentés au public. Comme pour son parcours permanent, le musée départemental de la Céramique permet au jeune public de s’approprier cette exposition grâce à des modules interactifs. Le parcours de visite est scindé en trois espaces.
Espace ouvert, cette première section offre une image surprenante de la ville gauloise en totale rupture avec le cliché traditionnel du petit village de huttes. A la périphérie de cette partie, on devine les bâtiments du pourtour de la place. Au centre, une maquette imposante matérialise le coeur de la ville correspondant à l’hectare de terrain fouillé à ce jour. En toile de fond, une projection vidéo diffuse en grand format un travelling sur les quartiers, et suggère l’étendue de l’espace urbanisé restant à explorer. Bien qu’en partie hypothétique, la restitution de ces bâtiments – bâtie sur des raisonnements archéologiques et architecturaux – n’en est pas moins indispensable pour faire état du renouvellement des connaissances sur le cadre de vie de la société gauloise. Des panneaux familiarisent le visiteur avec les notions de bases de l’exposition que sont l’oppidum et la cité des Arvernes.
Cet espace, qui correspond à la part la plus importante du parcours, est consacré à une série de lieux aux fonctions caractéristiques (habitation, atelier artisanal, lieu de culte…) : autant de pôles de présentation que le visiteur appréhende l’un après l’autre au cours d’une déambulation. Il propose de découvrir différents aspects du coeur de l’agglomération en restant au plus près des données archéologiques. Le visiteur découvre ainsi pleinement le travail minutieux des archéologues : de la découverte des vestiges matériels à la restitution, à travers des objets issus de la fouille ; des panneaux explicatifs illustrés ; des installations reproduisant des vestiges grandeur nature, à mi-chemin entre leur état d’abandon et la façon dont ils apparaissent en fouille ; des projections de séquences alliant numérique et cinématique, redonnant vie aux hommes, aux architectures et aux objets. Le premier pôle confronte le visiteur aux traces de construction des architectures à ossature bois et à la démarche permettant leur reconstitution. Les bâtisseurs gaulois détenaient un grand savoir-faire technique pour ériger des édifices diversifiés. Aujourd’hui, les chercheurs en restituent les plans, élévations et modes de construction à partir de vestiges matériels ténus, seuls témoins de ces architectures complexes. Les structures d’implantations des bâtiments, trous de poteaux et autres tranchées sont présentés en plan et en coupe, et forment l’assise d’un mur en construction qui installe le décor pour la suite du parcours. Les outils et matériaux du travail du bois montrent de frappantes similitudes avec les boîtes à outils actuelles. Les restitutions numériques décortiquent et réassemblent fondations, structures, cloisons et couverture d’un bâtiment. Un second pôle est consacré à la sphère domestique. Domaine de l’intime d’emblée signifié dans l’exposition par des exemplaires de clefs retrouvés dans les vestiges. Des perles, anneaux, bracelets et autres objets de parure ou encore des objets liés au travail du textile (fuseaux, fusaïoles) renseignent sur l’apparence vestimentaire et évoquent le souci de coquetterie des habitant(e)s. Autour du foyer gisent des témoins de la préparation et de la cuisson des aliments : meule à grain, sole foyère, pot à cuire, etc... Les trois pôles suivants sont alignés en cellules. Ils rappellent ce que l’on a observé lors de la fouille d’une grande place commerciale constituée de boutiques contiguës. Vient en premier l’atelier du bronzier : occasion de présenter le savoir-faire de ces artisans gaulois au travers de creusets ou d’énigmatiques moules en forme de gaufre, de produits finis ou en cours de fabrication (bracelets, fibules…) fréquemment rencontrés à Corent. Son voisin, le boucher, n’est pas non plus avare de restes : des couteaux et des milliers d’ossements découpés selon des gestes particuliers, reflètent les préférences des citadins en matière d’alimentation carnée (en particulier le boeuf). La tabletterie, ou l’art de recycler des restes d’ossements animaux pour la confection d’objets divers, (anneaux, dés à jouer, aiguille) trouve également toute sa place dans son atelier. Accolé à ces boutiques est présenté un lieu de vie plus convivial : un grand bâtiment-halle, surmontant une cave allongée qui recelait en masse fragment d’amphores et de vaisselle, témoignages du stockage et de la consommation collective, entres autres, de vin italien. Une taverne, unique attestation recensée à ce jour en Gaule indépendante. - Trophée et sanctuaire Le décor change alors que le visiteur pénètre dans l’espace suivant : il bascule dans l’univers du culte et des rites, qui trouve dans le sanctuaire gaulois de Corent une illustration d’une rare qualité. Il découvre les origines de ce sanctuaire, frappé au sceau de la fonction guerrière. En témoignent les pièces d’armements qui gisent au pied de sa palissade, ou encore des dépôts de crânes de carnassiers qui sont peut-être autant de témoignages des nombreuses batailles menées par les Arvernes et des noms des grandes familles aristocratiques locales. Surtout, cet espace forme l’écrin de l’exceptionnel « trophée militaire » exhumé en 2009 : 4 umbos (coque centrale) de bouclier, un fragment de fourreau d’épée, une cotte de mailles probablement complète et la crête en bronze d’un sanglier-enseigne militaire. Ces deux derniers éléments sont particulièrement rares ; la facture extrêmement soignée de la cotte de mailles, formé de milliers d’anneaux en fer d’un centimètre de diamètre seulement, renseigne d’un savoir-faire particulier et sûrement d’un coût très élevé : véritable défi pour les restaurateurs en charge de sa sauvegarde. En franchissant la palissade de ce premier sanctuaire, le visiteur fait face à la maquette de restitution de son deuxième état plus monumental, et à l’évocation architecturale du portique à colonnes de bois qui montre déjà le péribole gréco-romain, bien avant la conquête de César. Peu loquace au sujet des divinités honorées, c’est plutôt des pratiques rituelles dont nous parlent les vestiges du sanctuaire de Corent : dépôts d’objets de parure, de monnaies, énigmatiques jetons en terre cuite, et surtout festins et libations dont résulte le foisonnement d’ossements de moutons et autres animaux, d’amphores à vin importées d’Italie, de vaisselle en céramique ou encore les fragments de chaudrons métalliques, broches de grill, etc.
La fin du parcours adopte une forme aérée et traditionnelle où le discours se consacre à quelques-uns des phénomènes historiques et culturels majeurs de la Gaule de la fin de l’Âge du fer. Les nouvelles connaissances sur la ville et la société sont ainsi développées de part et d’autres d’une frise chronologique retraçant l’évolution des objets. La ville : bien avant l’époque gauloise, le plateau de Corent semble avoir fait l’objet d’un attrait et d’un statut particulier pour les populations : il est connu des spécialistes du néolithique et de l’Âge du bronze et du premier Âge du Fer comme un site majeur en Auvergne. La fondation du sanctuaire, au milieu du IIème siècle avant J.-C. apparaît être l’acte de naissance de l’oppidum gaulois : elle grave dans le sol les limites d’un lieu de culte fréquenté de longue date par les populations de la plaine, et structure le dessin d’un plan urbain auquel se conformeront les bâtiments. L’évolution de cette ville nouvelle fait preuve, le temps d’un siècle, d’une complexité et d’un dynamisme constant : organisation en îlots aux dimensions normalisées, réorganisation générale de la trame, adoption de techniques de construction nouvelles, sous l’influence de l’architecture des civilisations du pourtour méditerranéen. La société : au coeur de la ville de Corent, certains objets particuliers, signes ostentatoires de richesse et de statut, traduisent la présence prégnante d’une classe aristocratique qui occupe des habitats imposants. Le cas de la paire de fibules en or trouvée en 2005, insigne des dirigeants de haut rang dans le monde romain, laisse entrevoir des relations étroites avec le futur envahisseur, à l’image d’hommes d’états gaulois illustres dont les noms figurent dans le récit de la Guerre des Gaules de César. Ces relations trouvent une illustration plus diffuse mais toute aussi éloquente à travers vaisselle importée, instruments de médecine, stylet pour l’écriture, qui traduisent, sinon une acculturation, l’adoption précoce de moeurs et de pratiques héritées du monde gréco-romain. Ces deux aspects sont ainsi vus sous l’angle de l’ouverture des Gaulois aux cultures méditerranéennes, réalité surprenante car antérieure à la civilisation « gallo-romaine ». À l’appui de cette idée, une carte de l’Europe et du bassin méditerranéen retrace l’origine, de monnaies, amphores, pièces de vaisselle ou bijoux trouvés à Corent, témoins déjà d’intenses échanges, de la Grande-Bretagne à la Syrie, en passant par l’Italie.
À partir de l’année 2010 s’est engagé un nouveau programme de fouille intitulé « Corent, coeur d’oppidum », visant à
explorer un autre secteur de la ville. Une campagne préalable s’est déroulée du 15 juillet au 15 septembre 2010 avec
une nouvelle équipe d’étudiants bénévoles. Un peu à la manière d’un diagnostic d’archéologie préventive, cette opération
consiste en l’ouverture de tranchées d’évaluation des vestiges dans les parcelles situées à l’est du sanctuaire où a été
mis en évidence, en 2007, un vaste espace vide interprété comme une grande place public. Cette campagne de fouille
devrait permettre de mieux dessiner les contours de cette place, d’identifier la nature des aménagements de son pourtour,
et enfin de sélectionner les zones d’investigation des campagnes futures.
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