Calamity Jane

"La Jane que j’ai connue était très différente de celle que décrivent les histoires qui ont été écrites sur elle. Je ne l’ai jamais vu porter une arme, fumer un cigare, monter à cheval ou s’enivrer. Elle s’habillait sans soin mais était très propre sur elle. Elle avait un langage rude et argotique mais je ne l’ai jamais entendue jurer beaucoup." Mrs Wood, amie d’enfance de Calamity Jane

Calamity Jane, un nom qui résonne encore dans les mémoires comme l'une des figures emblématiques de l'Ouest Américain, souvent controversée, caricaturée et dont le parcours est difficile à retracer. A l’occasion de la parution de l’ouvrage Calamity Jane, Mémoires de l’Ouest de Grégory Monro, l’Adresse Musée de La Poste organise une exposition sur ce personnage de légende.

" «Le Far West» Le mot renvoie immédiatement aux images que le cinéma a immortalisé : de grands espaces, une nature à la fois hostile et généreuse, des troupeaux de bétail et de bisons, des aventuriers, des pionniers, de lents convois de chariots bâchés, des diligences sur des pistes poussiéreuses, des chercheurs d’or, des indiens, des cowboys accoudés au comptoir de saloon, sans oublier des shérifs à la poursuite de hors-la-loi, ceux dont le portrait s’affiche sous la mention «WANTED» !

Cette période de l’histoire américaine - la fin de la conquête territoriale - est devenue dans la mémoire de tous, une véritable mythologie. Mais pour que l’épopée devienne légendaire, il fallait des personnages hors norme, des héros que l’histoire retiendra.

Ils avaient pour nom Billy the Kid, Jesse James, Buffalo Bill, Wild Bill Hickok, Kit Carson ; avec d’autres, ils incarnent la légende de l’Ouest. Un monde régi et commandé par des hommes dans lequel pourtant une femme va réussir à s’immiscer jusqu’à gagner la reconnaissance et le respect de ses compagnons d’aventures.

Son nom, Martha Canary plus connu sous celui de Calamity Jane. Une calamité ? Certes, elle buvait, jurait, fumait, chiquait, montait à cheval, maniait le pistolet et s’habillait comme un homme. Vantarde, alcoolique, gouailleuse, elle le fut sans doute. Infréquentable pour les autres femmes, cela va sans dire. Sa réputation, elle n’en avait cure !

En avance sur son temps, ce fut aussi une femme indépendante, courageuse et généreuse défendant farouchement sa fierté et sa liberté. Les lettres qu’elle aurait écrites à sa fille en témoignent. Sa vie pleine de vies, elle l’a racontée elle-même de son vivant n’hésitant pas à enjoliver ses exploits, laissant dans l’ombre des épisodes moins glorieux, inventant, déformant, brodant à loisir au point qu’il est difficile aujourd’hui de démêler le vrai du faux. Déjà célèbre de son vivant, la figure la plus féminine du Far West, a forgé son mythe en temps réel. A sa mort, elle devient le symbole d’une femme libre. Elle l’est restée. " Christian Montet, commissaire de l'exposition

"Avant ses vingt ans, le général Crook l’a engagée comme scout sous mes ordres. A partir de cette époque, sa vie a toujours été assez animée. Elle avait une énergie sans limite et entreprit son travail avec enthousiasme, fournissant à bien des occasions un bon service. Si elle n’effectuait pas tout le travail physique qu’abattaient les hommes, elle se rendait dans des endroits où les vieux de la frontière ne mettaient pas les pieds, et son courage et sa bonne camaraderie lui attiraient la sympathie de tous les hommes des postes de commandement. Sanglée dans son uniforme de scout, Martha Canary était bien jolie, surtout à califourchon sur un bon cheval, chevauchant à perdre haleine sur les plaines, engagée dans quelque expédition sauvage." Buffalo Bill Cody