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Dans l'intimité des frères Caillebotte[ Parcours de l’exposition ] |
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Musée Jacquemart-André, ParisExposition du 25/03/2011 au 11/07/2011Pour mieux s’imprégner de l’atmosphère dans laquelle évolue la famille Caillebotte à la fin du XIXe siècle, le visiteur est invité à découvrir, de salle en salle, le quotidien et les passions que partagent Gustave et Martial. L'exposition "Dans l'intimité des frères Caillebotte" permet également d’admirer pour la première fois les photographies de Martial. Il s’est initié à cette pratique en 1891, alors que son frère Gustave, mort en 1894, a déjà réalisé l’essentiel de sa carrière picturale.
Gustave et Martial Caillebotte grandissent dans un Paris en pleine mutation, transformé par les interventions du baron Haussmann. Alors que les deux frères sont encore adolescents, leur père, riche entrepreneur, achète à la Ville de Paris un terrain à l’angle de la rue de Miromesnil et de la rue de Lisbonne. Il y fait construire un hôtel particulier avec tout le confort moderne dans lequel Gustave et Martial résident jusqu’à la mort de leur mère, en 1878. Ils déménagent alors au 31 boulevard Haussmann, toujours au coeur de ce nouveau quartier, dans un appartement situé à l’avant-dernier étage. Depuis leur balcon qui fait l’angle du boulevard Haussmann et de la rue Gluck, Gustave Caillebotte observe la ville et croque les rues et les passants. Plus tard, Martial fera de même depuis le balcon de la rue Scribe où il habitera après son mariage en 1887. En peinture ou en photographie, les frères Caillebotte se plaisent à développer cette représentation de leur environnement urbain. Ils évoquent d’abord la posture de l’observateur dont le regard s’attarde sur les rues en contrebas (Jeune Homme au balcon, Moi au balcon) avant de restituer, en vues plongeantes, le spectacle qui s’offre à lui (Le Boulevard vu d’en haut, Vue prise du balcon de l'Opéra). Ils concentrent ensuite leur attention sur les rues de Paris en représentant des promeneurs (esquisse de Rue de Paris, temps de pluie) mais aussi les petits métiers (Les Peintres en bâtiment, La descente d'un réverbère) qui donnent aux artères de la capitale une animation si caractéristique. Ce regard s’accompagne, chez Martial Caillebotte, d’une attention particulière portée aux monuments emblématiques de Paris, qu’il s’agisse des grands symboles architecturaux (Notre-Dame de Paris, le Louvre…) ou des emblèmes du nouveau visage de la ville (le Sacré-Coeur, la Tour Eiffel, l’Opéra Garnier, la passerelle des Arts, le Moulin rouge…).
Gustave et Martial sont très unis et les décès successifs, en 1876 et 1878, de leur frère René et de leur mère vont encore les rapprocher. Les deux artistes entretiennent également des liens très forts avec leur demi-frère Alfred, curé de la nouvelle église Saint-Georges-de-La-Villette, puis de Notre- Dame de Lorette. Les portraits réalisés successivement par Gustave (Portrait de Madame Martial Caillebotte) et Martial (Alfred et Geneviève sur la plage) témoignent de cette intimité familiale. Après le mariage de Martial avec Marie Minoret le 7 juin 1887, les deux frères prennent des chemins différents : alors que Gustave poursuit sa création picturale d’avant-garde, Martial intègre une autre famille de la grande bourgeoisie et devient père de famille. Mais il restera toujours très proche de son aîné avec qui il continue à partager de nombreuses passions et un même intérêt pour la représentation du quotidien. Les deux frères aiment en effet reconstituer l’univers familier qui gravite autour d’eux. De la toilette au coucher des enfants, de la cuisine au salon, du déjeuner aux soirées en famille autour du piano, les activités quotidiennes de leurs proches sont fidèlement retranscrites dans les toiles de Gustave et les photographies de Martial. Les frères Caillebotte se représentent eux-mêmes dans cet environnement familier parfois en tant que peintre (L’Autoportrait au chevalet) ou compositeur (Martial Caillebotte au piano chez lui). La pratique artistique tient, en effet, une place majeure dans la vie de Gustave et de Martial qui évoluent dans le cercle des impressionnistes. Gustave participe à plusieurs expositions impressionnistes et se fait le mécène de ses amis. Il est tout particulièrement lié à Auguste Renoir (1841-1919) (Portrait de Madame Renoir) qu’il désigne comme son exécuteur testamentaire. Quand Gustave meurt, en 1894, Renoir et Martial mènent bataille pour que l’État accepte son legs de tableaux impressionnistes. Trois ans après la mort de l’artiste, quarante oeuvres de Degas, Monet, Renoir ou Pissarro, encore peu appréciées du grand public et des administrations culturelles, seront finalement exposées au Musée du Luxembourg.
A Yerres, dans la propriété familiale que les frères Caillebotte revendent en 1879 puis au Petit Gennevilliers où ils achètent une autre propriété en 1881, ils goûtent aux joies de la vie en plein air. Sur la terrasse ou dans le parc, Gustave installe son chevalet pour jouer avec les ombres et les lumières (Le Jardin à Yerres) et rendre les contrastes entre les couleurs vives des fleurs et les teintes plus sourdes des robes des femmes (Portraits à la campagne). Avec Claude Monet (1840-1926), dont le bureau était d’ailleurs orné d’une photographie de son ami en jardinier (Gustave Caillebotte dans sa serre), il se passionne également pour l’horticulture. En 1881, il s’abonne à la Revue horticole, journal d’horticulture pratique. Ce vif intérêt transparaît dans des toiles comme Le Jardin potager, Yerres ou Les Roses, jardin du Petit Gennevilliers ou encore dans la série de photographies représentant Gustave dans sa serre ou dans son jardin que réalise Martial en 1892. Quant à Martial, après son mariage, il accompagne encore son frère au Petit Gennevilliers mais se rend aussi souvent à Montgeron où ses beaux-parents possèdent une grande propriété. Avec son beau-frère Maurice Minoret qui l’a initié à la photographie, il se fait le témoin de ces moments de loisirs passés en famille. Dans ses clichés, comme tout amateur éclairé, il porte une attention renouvelée à la sphère intime et familiale, en photographiant par exemple les jeux de ses deux enfants, Jean, né en 1888 et Geneviève en 1890 (Geneviève, Jean et Marie Caillebotte jouant à la corde à sauter dans le jardin de Montgeron).
La révolution industrielle engagée depuis le début du XIXe siècle s’accompagne, à partir des années 1875, d’une importante modernisation des transports. Gustave et Martial Caillebotte, en accord avec leur époque, sont fascinés par les symboles de cette modernité : l’automobile, le chemin de fer, le pont... Les deux frères observent ces avancées techniques au coeur et à proximité de Paris (esquisse et étude pour Le Pont de l’Europe, Vue prise du pont d’Argenteuil) mais aussi au cours de leurs voyages (Paysage à la voie de chemin de fer). Martial profite tout particulièrement de ses excursions en famille pour photographier ponts, locomotives et voies ferrées (Le pont de Chalandray).
À la fin des années 1870, les frères Caillebotte se lancent dans le yachting, passion qu’ils partageront jusqu’à la mort de Gustave en 1894. Vice-président du Cercle de la voile de Paris dès 1880, Gustave participe avec Martial aux régates d’Argenteuil. Sur des voiliers comme Inès ou Condor, ils s’illustrent en obtenant souvent les premiers prix (Régates à Argenteuil, Bateaux à Argenteuil). Leur propriété du Petit Gennevilliers, située en bord de Seine, devient par ailleurs le siège des activités du Cercle de la voile de Paris (La Berge du Petit Gennevilliers et la Seine). Qualifié par le journal Le Yacht d’ « amateur d’Argenteuil de grande compétence » en 1881, Gustave Caillebotte commence à concevoir lui-même les plans de ses bateaux (Gustave Caillebotte travaillant à un plan de bateau). Le plus célèbre d’entre eux est le Roastbeef que Martial photographie en chantier (Le Roastbeef à sa sortie du chantier) avant ses brillants débuts sur le bassin d’Argenteuil en 1892. De la conception à la navigation, les frères Caillebotte suivent attentivement le parcours technique de leurs voiliers.
Reflets de cette époque où voisinent douceur de vivre et progrès technique, les tableaux (Le Petit
Bras de la Seine à Argenteuil. Effet de soleil) et les photographies des berges de la Seine qu’ils
réalisent semblent inviter le spectateur à une agréable promenade. Avec les photographies de
Martial, le voyage au fil de l’eau se poursuit jusqu’en bord de mer…
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