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Brice Dellsperger |
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Brice Dellsperger étudie au sein de la Villa Arson de Nice puis à Paris II. Il enseigne à l'ENSAD de Paris, École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, depuis 2004.
Brice Dellsperger développe depuis 1995 le cycle des Body Double, présentés dans de nombreux festivals de cinéma internationaux et acquis par de nombreuses collections privées et publiques. Son long métrage, Body Double X est présent dans la prestigieuse collection des films du MoMA.
Air de Paris a le plaisir de vous annoncer la prochaine exposition personnelle de Brice Dellsperger, à l'occasion de laquelle seront présentés les deux derniers films de sa série Body Double, ainsi que des tirages photographiques liés à son dernier opus, Body Double 22, et un dessin inédit de Jean-Luc Verna.
Pour Body Double 23, Brice Dellsperger déconstruit la séquence du casting du Dalhia Noir de Brian de Palma, qui est déjà en elle-même un premier redoublement, entre le jeu de l'aspirante starlette et son image dans l'écran de capture. Le maquillage du corps de la nouvelle interprète de Betty Ann Short reprend ses futures mutilations. Les scènes ne sont pas juste reprises mais transformées en quelque chose d'absolument nouveau - un Body Double.
Avec Body Double 22, Brice Dellsperger s'empare de Eyes Wide Shut de Kubrick, un peu plus de dix ans après sa sortie. A nouveau, il collabore avec Jean-Luc Verna, qui tient simultanément tous les rôles. A la différence de ses films précédents, qui consistaient en la reprise d'une seule scène (hormis BD X qui reprenait l'intégralité de l'important c'est d'aimer de Zulawski, et BD16 qui reprenait des scènes de deux films différents), ce nouvel opus est l'occasion de l'application des mêmes principes de réalisation sur plusieurs scènes : des doublures dédoublées en autant de personnages féminins. Le trouble dans le genre qu'opère l'artiste (son acteur est systématiquement travesti en femme, même pour interpréter des rôles masculins) contamine à nouveau l'exercice du remake. Multipliant les scènes rejouées (le film dure 35 minutes), Body Double 22 en bouscule l'ordre. Il réorganise différentes séquences du dernier chef d'œuvre de Kubrick autour de la scène-clé du film, ici récurrente : le rituel secret découvert par le docteur Harford. Les opérations de dédoublement affectent alors la linéarité de la fiction, pour répartir comme en autant d'espaces les scènes rejouées et tournées dans différents espaces d'un même théâtre (le récit du rêve, la visite à la morgue, la femme nue dans la salle de bain, la visite à la fille du patient décédé...). Les jeux d'incrustation permettent jusqu'à la superposition de scènes en un même plan (la dispute). Le recours au doublage sonore accentue le trouble général et contribue à le distancier du film de Kubrick.
A la fois extrêmement fidèle dans la reconstitution des scènes, mais infidèle dans leur restitution (une actrice dont le corps préfigure le cadavre pour BD 23, un même acteur, un ordre chamboulé, une scène récurrente pour BD 22), Brice Dellsperger saisit à la fois le destin et les obsessions des personnages, le souvenir auquel le film peut donner lieu, et sa condensation dans une nouvelle forme. A l'instar de ses précédents opus, ces Body Double permettent également de réévaluer la réelle portée de son projet tant ils vont à la fois en deçà et au-delà du film qu'ils copient : retourner à la source du projet initial et le restituer ainsi que la mémoire aurait pu le faire. A l'instar de tout souvenir, qui est contraction, étirement, réinterprétation, en bref transformation d'une séquence vécue - ici filmée.