Annuaire gratuit Référencement Achat tableaux peintures Expositions Médias Bio Série Afrique Série Paysage Jack the Ripper Roswell Ali Baba Vache folle Aquarelles Encres Vénus Saint georges Restaurants Rats | ||||||||||
Antoine Bourdelle |
|||
|
Deux personnalités montalbanaises, le banquier Henri Lacaze et l’écrivain Emile Pouvillon, remarquant son talent, l’aident à obtenir une bourse pour faire ses études à l’école des Beaux-Arts de Toulouse, qu'il fréquente de 1878 à 1883. Antoine Bourdelle y obtient régulièrement des prix qui lui valent l’attribution d’une pension par la Ville de Toulouse. Il peut ainsi dès la fin de l’année 1883 ou le début de 1884, partir à Paris tenter sa chance.
Reçu deuxième au concours d’admission à l’Ecole des Beaux-Arts, il y suit les cours de Falguière pendant deux ans et installe son atelier dans l’impasse du Maine. Ce dernier, à la fois habitation et lieu de travail, abrite aujourd’hui le musée Bourdelle dans une rue qui porte désormais son nom.
Très pauvre malgré sa bourse, Antoine Bourdelle gagne un peu d’argent en dessinant pour des éditeurs et, soucieux de se faire connaître, il expose ses sculptures au Salon dès 1884 (buste d’Armand Saintis, compositeur montalbanais). La première Victoire d’Hannibal, inspirée par le roman de Flaubert "Salammbô", est présentée l’année suivante.
Grâce à ses relations, Antoine Bourdelle réalise également de nombreux bustes de commande qui lui permettent de subvenir à ses besoins (Emile Pouvillon, 1883, écrivain montalbanais - la marquise de Mari, ancienne actrice et bienfaitrice de Bourdelle).
Mais, déçu par l’enseignement de l’Ecole des Beaux-Arts et son échec au prix de Rome de 1885, Bourdelle décide d’abandonner l’Ecole et sa pension pour "travailler et vivre à (sa) guise en gagnant (son) pain comme praticien". C’est ainsi que quelques années plus tard, en 1893, il entre comme metteur au point dans l’atelier d'Auguste Rodin où il réalise pour lui plusieurs marbres. Leur collaboration, teintée d’amitié et d’admiration réciproques, va durer quelques années.
D’abord très influencé par l’auteur de La Porte de l’Enfer, au point que la critique l’ait surnommé "le demi-Rodin", Bourdelle s’en détache progressivement à partir de 1905 et les deux artistes n’ont plus de relation après 1910. De la période "rodinienne" datent les grands bustes mouvementés de Léon Cladel (1894), célèbre écrivain montalbanais, et de François Mouleng (1894), historiographe du Tarn-et-Garonne. C’est également dans les années quatre-vingt-dix (de 1895 à 1902 exactement) qu’il réalise pour la ville de Montauban son premier grand monument et chef d’oeuvre : Hommage aux morts, aux combattants et défenseurs du Tarn-et- Garonne 1870-1871. L’expressionnisme très marqué des figures le rattache à Rodin mais l’intégration du vide à l’espace actif de la composition signe l’originalité de Bourdelle ainsi que ses recherches de tension et de mouvements, caractéristiques de ces années-là.
La fin de la décennie est marquée par la réalisation de bustes tentés par le symbolisme telle La Nuit (reprise tardive de 1904, d’un élément du groupe plus ancien : Le Jour et la Nuit). Il réalise aussi des portraits féminins où les éléments décoratifs prennent une grande part, comme les roses et la chevelure de Madame Michelet (1899).
A la manière de Rodin, Bourdelle laisse apparaître dans ses sculptures la trace des outils, des accidents et certaines de leurs surfaces, traitées plus sommairement voire inachevées, évoquent la pierre brute. Cependant dès 1900, l’artiste cherche une tout autre voie, plus personnelle, plus dépouillée, caractérisée par un besoin d’ordre, d’harmonie et de mesure inspirés de la sculpture antique. Mais ce n’est qu’en 1910, à presque 50 ans, qu’il obtient une véritable reconnaissance publique avec son Héraklès archer, présenté au Salon cette année-là. L’oeuvre enthousiasme la critique, en même temps qu’elle provoque le scandale à cause de sa pose outrancière.
Le corps du demi-dieu, remarquablement musclé, son attitude d’une tension extrême, rappellent les recherches expressionnistes de la période précédente. Mais une maîtrise nouvelle et l’équilibre parfait des pleins et des vides, le dessin simplifié et strict de la tête, construite selon les canons de la beauté grecque archaïque, sont déjà le signe de la profonde mutation opérée dans le style de Bourdelle. Avec cette oeuvre, ce dernier devient, comme Aristide Maillol avec sa Méditerranée à peine antérieure (1905), l’un des rénovateurs de la sculpture du début du XX° siècle.
Aujourd’hui, l’Héraklès est très célèbre grâce à la petite image des cahiers d’écoliers et aux nombreux tirages en bronze qui ornent les plus grands musées du monde. L’un d’eux se trouve à Toulouse, sur la place du même nom. L’exemplaire du musée de Montauban, un plâtre patiné façon pierre par Bourdelle lui-même, constitue sans doute le modèle original. Il est signé de son célèbre monogramme figurant ses initiales, un A croisé d’un B couché.
Un peu plus tard, de 1910 à 1913, Bourdelle réalise, à Paris, le décor du Théâtre des Champs-Elysées, témoignage éclatant de ses dons de sculpteur-architecte. Il exécute pour cela, pas moins de 75 ouvrages qu’il veut parfaitement intégrés à l’architecture afin que ce soit "...le mur lui-même qui, par endroits désignés, en bon ordre, semble s’émouvoir en figures humaines..." Six bas-reliefs en plâtre avec deux petites esquisses évoquent ce célèbre décor : La méditation d’Apollon, La Sculpture et l’Architecture, La Tragédie, La Danse, La Musique, et La Comédie.
Enfin s’ensuit une période de commandes publiques de plus en plus importantes et nombreuses comme celle, en 1912, du Monument du général Alvéar (1912-1923) destiné à orner une place publique à Buenos-Aires. Quatre figures allégoriques symbolisant la personnalité du général (La Force, l’Eloquence, La Victoire et La Liberté) y encadrent une statue équestre.
Quelques années plus tard, la ville de Montauban lui commande à nouveau un Monument aux Morts de la guerre de 1914-1918 dans lequel une France victorieuse veille, devant un temple, au sommeil éternel de ses héros. Le musée présente une étude en plâtre pour la tête monumentale de La France.
Avec ces dernières oeuvres immenses, au modelé lisse et si différent des débuts, on entre dans l’ultime période de la vie de Bourdelle. L’originalité de son style continue de s’y exprimer par une maîtrise toujours plus grande des formes et l’abandon de l’expression des sentiments au profit de la beauté sereine et harmonieuse.
source : Florence Viguier in Dossier de presse "Déplacement d’une oeuvre importante
d’Antoine BOURDELLE, Monument aux Combattants de 1870"