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Yona Friedman - La Création |
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Yona Friedman est tout à la fois architecte, philosophe et artiste. "L’architecture de survie, une philosophie de la pauvreté" a été édité en 1978, "Utopies réalisables" en 1974. L’actualité de ses écrits, plus de trente après, est saisissante ; les idées qu’il développe, ainsi que les méthodes et les outils proposés, résonnent davantage comme une urgence en 2009. En effet, Yona Friedman évoque un monde dont les ressources s’épuisent et la population s’accroît, où l’échelle des villes et des organisations publiques dépasse largement ce qu’il appelle "la taille de groupe critique". Si une organisation dépasse cette taille, la communication et l’effi cacité des échanges s’affaiblissent et il devient d’autant plus diffi cile de faire face aux diffi cultés : "la seule solution reste celle des petits groupes". Au modèle des grandes villes et des mégalopoles, Yona Friedman oppose celui des villages urbains, entités réduites à l’intérieur des villes.
Lorsqu’il décrit l’architecture de survie, plus qu’une technique de construction, ce sont des manières de vivre ensemble qu’il propose, permettant aux individus de s’adapter à des situations de crise, qu’elles soient économiques, écologiques ou sanitaires. Par défi nition, la ville de survie est pauvre et "survivre, c’est renoncer à l’enrichissement". Le bidonville devient ainsi le modèle par excellence sur lequel Yona Friedman s’appuie pour illustrer cette "philosophie de la pauvreté".
En 1958, Yona Friedman crée le GEAM (Groupe d’Etude d’Architecture Mobile) à travers lequel il suggère que l’usager pourra modifi er l’architecture au gré de ses besoins et de ses désirs. L’architecture mobile est le résultat d’une autoplanifi cation de la part des usagers et l’architecte se voit relégué au rôle de simple consultant.
Afin de communiquer le plus clairement et le plus largement possible ses propositions, Yona Friedman compose des bandes dessinées qui illustrent via un système graphique simple, l’ensemble de ses méthodes. Les bandes dessinées sont rassemblées dans des manuels qui sont manipulables et interprétables à l’envie par celui qui les fera siens et les adaptera, comme des recettes de cuisine.
Il n’y a jamais de visée autoritaire chez Yona Friedman, qui considère que l’improvisation
et l’irrégularité sont intrinsèques à toute création. L’univers est profondément erratique,
à savoir qu’il est impossible de déterminer à l’avance quelle cause engendra quel effet.
Dans cet univers erratique, "les résultats sont moins importants que le cheminement qui
y conduit." Celui qui accepte cette part d’imprévisible et fait du processus le coeur
vivant de son travail, est sans doute un artiste en puissance.