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Jacques Villeglé, typographie & graphisme

Bibliothèque Louis- Nucéra Nice

Exposition du 13 mars - 31 mai 2008




Peintre affichiste français, Jacques Mahé de la Villeglé est né à Quimper en 1926. Il a suivi des études à l’Ecole des Beaux-Arts de Rennes où il a rencontré Raymond Hains avec qui il sera souvent associé dans son travail sur les affiches ou au sein du groupe des « Nouveaux Réalistes » .

Jacques Villeglé présente en commun avec Hains des lacérations d’affiches lors de l’exposition intitulée « Loi du 29 juillet 1881 » en 1957 à la Galerie Colette Allendy, concrétisant ses efforts pour s’approprier le réel urbain sans aucune adjonction. Sa première exposition personnelle aura lieu dans l’atelier de son ami François Dufrêne, poète lettriste en 1959 sous le titre de « Le Lacéré Anonyme ».

Villeglé subordonne son travail à la part d’imprévu que comporte tout décollage d’affiche, opéré par ses soins ou par des mains anonymes. Les affiches sont le lieu d’expression d’une écriture collective chargée des mythes inconscients d’une culture. Ainsi tient-il le plus grand compte des caractères d’imprimerie qui jouent un rôle important dans ses compositions. Déchirures renvoyant à une réécriture des textes, surcharges en déviant le sens. Les affiches sont désormais oeuvres d’art naturelles.

1969 est une année charnière lorsqu’il remarque, sur les murs d’un couloir de métro, un graffiti figurant le nom de Nixon sous forme de symboles politiques dont les croix de Lorraine, celtique, gammée... Ce sera le point de départ d’une réflexion autour de l’impact des idéogrammes politiques. De là naîtra l’alphabet socio-politique. En composant cet alphabet , il affirme n’avoir pas fait acte d’appropriation, mais avoir oeuvré dans un esprit encyclopédiste du XVIIIeme siècle.

Lors de son exposition de Poitiers, en 2003, il affirme : « Pour ma part, releveur de signes anonymes de la ville, ce sont les surcharges graffitées de la typographie des inscriptions murales, ces figures que tout le monde peut dessiner à l’aide d’une pointe, à la craie ou à la bombe aérosol, qui m’ont poussé à spéculer encyclopédiquement sur un abécédaire socio-politique, voire économico-religieux. »



Jacques Villeglé, le tourbillon créationnel par Odile Felgine

Jacques Villeglé, poète et esthète de l’affiche lacérée, a récemment, non sans tristesse mais aussi un certain fatalisme, exposé puis dispersé ce qu’il appelait son «butin de guerre», ses affiches de lettres lacérées dans une galerie parisienne. L’accrochage était magnifique : des bribes de lettres, de caractères typographiques s’entrechoquaient, se dissolvaient, se sublimaient en une cantate aux signes colorée, imposante, lumineuse parfois, que n’aurait pas reniée le compositeur Olivier Messiaen.

Chez Villeglé, ce chant du monde déchiré, cette célébration de l’écriture lacérée, du brouillé, de l’effacement exalte, par le biais du détournement, une des activités les plus déterminantes de certaines sociétés humaines, l’écriture, le graphisme.

Comme il l’a écrit lui-même dans La Traversée Urbi et Orbi, et comme il nous l’a confié pour sa biographie, Jacques Villeglé a très tôt été sensible à l’univers typographique. Dès l’enfance peut-être, puis à l’adolescence, dans le néant culturel de l’Occupation. La découverte, en juin 1943, à Vannes, au milieu d’invendus, de L’Anthologie de la peinture en France de 1906 à nos jours (1927) de Maurice Raynal ne fut pas seulement un éclair dans sa nuit picturale : à l’article Miró, était reproduite «une oeuvre sur laquelle les quatre lettres de son nom, en ordre arbitraire, rayonnaient en quart de cercle, à droite d’une constellation en forme de A. Le i pouvant être tout aussi bien un u, il convenait de lire AmouR et non Riom ou moiR,...» émiettement alphabétique troublant. Un an et demi plus tard, l’achat en solde, à dix-huit ans, par le jeune Breton déjà fouineur et peut-être aimanté, du scénario de La Fin du monde filmée par l’ange N.D., daté de 1919, et illustré par Fernand Léger en Cheltenham gras, caractère pour affiche foraine, « l’impressionna».

Cette fascination s’accrut au gré de l’arrachage (plus que de la cueillette, terme bien édulcoré pour une activité mobilisant tant d’énergie physique mais aussi, sans doute, pulsionnelle) des affiches lacérées, ainsi qu’avec le travail, en compagnie de Raymond Hains, sur l’éclatement de la lettre, pour Hepérile éclaté, court poème de Camille Bryen. De plus, après les cubistes, les dadaïstes, les futuristes et les surréalistes, la recherche plastique des années 50 et 60 démultiplia l’attirance des artistes pour le graphisme, la lettre. Villeglé de citer Les Journaux des Dieux et la revue UR, l’hypergraphie, la méta-prose, le lettrisme, l’art gestuel hérité de l’extrême-Orient. Pour sa part, le plasticien se satisfit de son domaine d’élection, l’affiche lacérée, expression d’une révolution du regard, dont il devint l’exégète.

«Faisant l’économie de tout voyage, et ayant confiance dans la modernité occidentale, les affiches de théâtre ou les affiches en deux couleurs des cinémas de quartier annonçant leurs programmes couplés par quinzaine, autre économie due à la paupérisation de la barbarie guerrière, me contentèrent.

Les caractères typographiques y pullulent et leur entremêlement nous introduit par leur presque disparition vibratoire dans le domaine de l’heureusement illisible, de l’insaisissable mallarméen.»

On le voit, la quête de ce membre fondateur du Nouveau Réalisme, qui a longtemps fait profession de désinvolture, d’ironie, d’apathie, est d’une exigence poétique élevée. S’il n’a presque jamais rédigé de poèmes, sauf pour Labarinte (1994), un livre en regard de photographies de Michel Dambrine avec une typographie de Jean Hofer - ses écrits sur l’art et l’histoire du mouvement recèlent pourtant plus d’un passage d’une brûlante fulgurance - il a fréquenté de nombreux poètes depuis 1945 : le Nantais Camille Bryen, André Breton, Tristan Tzara (qu’il porte au pinacle), les lettristes, surtout François Dufrêne et Gil J Wolman, ses intimes, Bernard Heidsieck ainsi que des poètes femmes, sans oublier son compagnon d’aventures, Raymond Hains.

Son esthétique du chaos, sa vision de l’illisible et d’une beauté nouvelle, à laquelle il a consacré sa vie, sa célébration étrange du monde par le décollage, ce déchiffrement par le mystère et la maïeutique, son travail sur ses beaux petits formats l’exhaussent, s’il en est besoin, à la qualité de poète tout comme le font, désormais, ses signes socio-politiques et autres alphabets.

L’oeuvre de graphiste de Jacques Villeglé, amorcée en 1969, est le fruit d’un exercice choyé, longuement médité et peaufiné. Le poète et l’artiste, fasciné donc depuis l’adolescence par la typographie -»ce qui avait une grande importance, c’étaient les collages cubistes et l’introduction du signe typographique»- osent enfin, et sans cesse un peu plus, se réconcilier en lui, mieux, s’avouer. Car ces phrases qu’il choisit, ces extraits de poèmes ou de prose, il les réinvente souvent, se les approprie, leur redonnant vie, dans une écriture-peinture méticuleuse ou joyeuse, inspirée et grave, puisqu’il entend faire oeuvre d’anthologiste en ressuscitant des textes, des auteurs oubliés notamment.

C’est en 1969, après avoir été frappé par la présence dans un graffiti d’une croix gammée, figurant le X du président Nixon, de passage à Paris, qu’il a «été poussé à spéculer encyclopédiquement sur un abécédaire socio-politique, voire économico-religieux» a-t-il écrit. et d’ajouter, il y a peu :

« Là, je me suis dit qu’il fallait faire un alphabet, c’est une tradition chez les poètes, les dessinateurs. J’ai donc souhaité créer un alphabet socio-politique. J’ai eu beaucoup de mal à commencer, car je ne dessinais pas, je me suis mis dans la peau d’un encyclopédiste qui met en valeur un alphabet. Les premières planches, en petit format, sont apparues en 1970. Dès le début des années 80, je me suis obligé à travailler sur de plus grandes toiles, pour mettre en valeur l’écriture. Ce qui est passionnant, c’est la recherche de mots, de sujets, compatibles avec ce projet. C’est par là que j’ai appris les métiers de la peinture : la bombe, les crayons gras, à l’huile, l’acrylique et toutes sortes de supports. Il y a la peinture gestuelle, le fait de dessiner lentement, à la plume. Les signes politiques ont pris, là, beaucoup d’importance pour moi. J’ai fait des recherches approfondies sur le sujet (...)

« Je me suis rendu compte que la typographie était la seule chose solide, structurée comme sujet ; Les affiches me plaisaient de ce point de vue-là, puisqu’elles renouvelaient, par le hasard, la déchirure, les superpositions la typographie. J’ai passé beaucoup de temps à faire et parfaire des lettres, quand j’ai fait Hepérile éclaté avec Raymond Hains, cela a nécessité une année de travail, de 1952 à 1953. Mon objectif était comment renouveler la lettre, l’affiche lacérée permettait cela. »

Désormais, Jacques Villeglé, qui a décidé d’arrêter l’arrachage des affiches en l’an 2000, se consacre à ses graphismes. En 2007, il a même élaboré une nouvelle police de caractères, au pochoir, moins agressive, plus tendre, comme apaisée. Mais il n’en abandonne pas pour autant «la guérilla des écritures» dont nous sont présentées ici les différentes étapes de conception, de polissage, si l’on ose ce terme pour des signes parfois violemment et dramatiquement connotés. Il ne s’agit pas pour Villeglé, bien sûr, d’en faire l’apologie ni de les instrumentaliser : faut-il rappeler que l’artiste est issu d’une famille de grands résistants et que lui-même prit, tout jeune, sa part dans la lutte contre la barbarie nazie ? Il s’agit pour lui de «secouer les ensommeillés, ceux qui refusent de regarder l’Histoire en face», de faire se confronter signes anonymes urbains, lettres violentées par un usage criminel, témoignages économiques, sociologiques...

Comme il l’écrit dans le catalogue de son exposition de Poitiers en 2003 :

«Après la Renaissance, après le pittoresque hugolien, après le cratylisme pongidé, après les exercices bibliophiliques des lettristes, à nous les préoccupations socio-planétaires !

Le A s’encercle anarchiquement, le C croissant étoilé s’affronte au D qui s’arrondit et se barre horizontalement, la croix du cercle du celtisme «bague circonférentielle du monde» (Saint-Pol Roux), le E devient les trois flèches barreuses de Tchakhotine, pour contre-attaquer le f l(a) svastika tourbillon créationnel funestement détourné par les nazis, comme le N et le Z, le G, une faucille étoilée brochée d’un marteau, et dans le H s’inscrit : le I et le S, le I se strie, le J reste vierge, le K, le P, le R deviennent le chrisme de la propagation de la foi, le S redoublé, éclairs, runes, appropriation de la sinistre SS, le L, unité de valeur anglaise, le T, le tau christophore, le Golgotha, aux États-Unis et au Japon, les financiers strient le S et le Y, comme pour le E de l’euro, le X, «tibias croisés au-dessous du mot POISON, sur les fioles lourdes de l’esprit, d’alcools,...» (André Salmon) peut également se gammer, le A s’inscrira dans le M, AVE MARIA, le O se flèche, se noircit pour devenir bombe fumante, s’y inscriront les runes au service de l’anti-nucléaire, Peace and Love, le V c’est la victoire...»

Les six affiches présentées dans l’exposition («impasse Pasquet», «rue d’Alésia», «métro Barbès-Rochechouart», «34, rue du Grenier-saint-Lazare», «Les Soeurs Solana, route de Bordeaux», «Nérac») introduisent donc significativement le travail de celui qui a renoué avec le métier et le geste du peintre (n’oublions pas cependant que sa correspondance avec François Dufrêne, connu en 1954, est émaillée de croquis humoristiques, de caricatures, tout comme ses agenda), dans le plus grand bonheur du travail (qu’il respecte beaucoup après l’avoir tourné en dérision) et du jeu.

La diversité des oeuvres présentées montre l’évolution de sa recherche, la profusion des supports (papiers de formats multiples, cartons, ardoises d’écolier) et des techniques, l’épanouissement de cette création scripto-picturale. Si les formats se sont développés à partir de 1976, imposant des compositions parfois magistrales, les travaux de petite taille ne sauraient être dédaignés.

Généalogies, menus, alphabets dans des techniques différentes, carrés magiques, maquettes de livres, esquisses, hommages (au jeune Malouin Claude Lucas, emprisonné en Espagne pour meurtre, à André Breton, Léo Malet, aux artistes MissTic, Marcelle Cahn, Bruno Ulmer), Écriture, couvertures (pour des plaquettes d’exposition, de revues et de livres), livres d’artiste (la belle réalisation de 2007 avec Tita Reut) témoignent de l’abondance de l’inspiration graphique de Jacques Villeglé ainsi que de son goût croissant pour cette activité qui mêle écriture et peinture, recherche plastique et poétique, voire littéraire.

Ce parcours dans l’imaginaire et la création plastique d’un artiste majeur réservera de délicieuses surprises au visiteur. «Généalogie», d’avril 1994, sur papier à en-tête a un aspect joueur, facétieux, et néanmoins, il est soigné, bien disposé et agrémenté d’un collage timide qui contraste avec l’autre «Généalogie» de la même date, taché, malicieux, irrespectueux.

Dans les divers hommages à Marcelle Cahn (peintre de l’abstraction géométrique), de septembre 1995, agrémentés d’impressionnantes croix rouges, les noms d’artistes de leur panthéon commun voisinent avec ceux de villes de l’Est : Zadkine, Léger, Breton, Mondrian, Dubuffet, Strasbourg, Zurich, Colmar… Débridé et retenu à la fois, ce travail a été effectué à la pointe bic, au crayon de couleur, au feutre sur bristol. Dans l’autre, sont cités aussi Kant, Picasso, Ozenfant, et Duchamp l’indifférencié.

Jacques Villeglé a tenu à rendre hommage à Georges Perec, auteur notamment d’un Alphabet qui l’a inspiré. Mais il ne l’a jamais rencontré : «de travailler à la Direction de l’Architecture de la Préfecture de Paris, cela me prenait beaucoup de temps.»

Certains alphabets socio-politiques semblent, de par leur rapidité d’exécution, presque agressifs, d’autres, peut-être grâce à la couleur qui adoucit l’impulsivité, toujours présente, paraissent moins violents (octobre 1995, mai 1996). «L’abécédaire de la guérilla», de juin 1996, au crayon de couleur à l’huile sur dos de morceau d’ancienne sérigraphie, assez coloré, est orné du dessin du profil de l’artiste : sa patte sur cet explosif assemblage, en quelque sorte.

Ailleurs, le texte, le poème sont revisités par les graffiti : il en est ainsi des oeuvres de Louis Even («L’embrun et l’écume», 28 janvier 1997, «Croquis», de février 1997, «Un sage», «L’épervier», «Les courlis») qui ont touché la fibre bretonne de Villeglé : «l’embrun l’écume nous ont façonné(s) une âme de brume», au crayon China Marker et crayon noir sur papier lavis technique Canson. «Pot-pourri» est un assemblage de mots pris dans plusieurs poèmes et assorti d’un collage de poème. Y éclate la fantaisie colorée de l’artiste qui a employé quantité de crayons de couleur (bleu corbeau, gris bleu, rouge, orange, lie-de-vin, vert vif, violet, orange foncé, jaune, rose, gris, noir, gris vert, ocre jaune), et a collé une photocopie bleu ardoise sur du papier aquarelle. De «Croquis», janvier 1998, grand format fait au crayon de couleur acrylique (bleu corbeau et bleu gris), avec collage d’une photocopie (papier vert pâle) sur papier aquarelle, Jacques Villeglé reconnaît avoir «recomposé les strophes pour qu’elles aillent avec le graphisme». Il lui arrive, comme dans «Douaniers» (janvier 1998) de coller sur le dessin le poème entier, en réduction, afin de l’offrir à la lecture. À ce propos, il s’inspire rarement de textes de poètes très connus, voulant donner leur chance à de moins célèbres. Les grands anciens ? «Cela deviendrait un peu paresseux. Je veux trouver des auteurs personnels.» Le travail sur les poèmes d’Even lui «a plu parce qu’il fallait recomposer ses poèmes. Il était un peu en retard sur son époque mais il était en harmonie avec la nature.»

«Geste», de février 1997, est tout en puissance, tout en force dans sa détonation de noir, ocre jaune et rouge brun, tout comme «Yatagan», de novembre 1997, qualifié de «peinture à l’huile» (eh oui!) trois couleurs sur papier.

«Structure» (Écrits pour Claude Lucas, 29 janvier 1998), encre de Chine noire sur papier journal collé sur du papier offre un bel ensemble, bien ordonné. Dans le même esprit plastique, et toujours pour Claude Lucas dont la lecture du livre l’émut beaucoup, un travail à l’encre de Chine noire, collage de papier journal sur papier avec cette dense citation extraite des Frères Karamazov, de Dostoïevski. «nous sommes tous coupables de tout et de tous envers tous et moi plus que les autres.»

Bien entendu, l’artiste offre plusieurs carrés magiques, une de ses grandes passions, jeu de l’esprit connu depuis l’Antiquité et qui a fasciné les artistes de la Renaissance (Léonard de Vinci, Dürer et son carré chiffré, etc.) ainsi que de nombreux artistes (le carré noir de Malevitch, le Carré de Perec) et scientifiques plus contemporains. Le palindrome Sator Arepo (69 après J.C.), placé dans une grille de cinq lettres sur cinq, d’octobre 1998, est d’un graphisme anguleux : «j’ai été assez content ce celui-là» confie Jacques Villeglé. Celui du 6 juin 1999, une encre sur papier, est très hardi. D’autres, datés de juin 2000, sont minutieux, soignés.

Des projets de livres, faits comme des abécédaires, de couvertures, comme celle du Déshonneur des poètes de Benjamin Péret, complètent ce cheminement.

Un beau projet de menu pour le restaurant «Villa Barclay», de couleurs contrastées, noir et rouge, de juillet 1999, doublé d’une autre recherche sur le même thème, plus fine, plus légère, finalement retenue, attestent l’art du coloriste, de même qu’une audacieuse couverture (1999) du Petit Livre rouge de Mao Tsé Toung !

Quinze ardoises, datées du boustrophédon 20/02/2002, reprennent quant à elles des citations d’Urbi et Orbi.

Alberto Manguel, Denis Montebello et Louis Nucéra sont également célébrés.

D’autres oeuvres sur papier aux techniques mixtes, témoignent de la richesse d’invention et de la ferveur créatrice de Jacques Villeglé. Il faut d’ailleurs noter que l’artiste a toujours respecté la lisibilité de son écriture, ne dessinant pas ses lettres de droite à gauche ou à l’envers, par exemple, puisqu’il veut mettre en valeur ses signes socio-politiques.

Fantaisie, danse joyeuse des lettres, jeu mutin des couleurs, des lettres, des bombages, des collages comme dans «La Typographie» (6 novembre 2006) disent la liberté du créateur qui considère que la typographie ne doit pas oublier le divertissement, «l’art est un jeu» soutient Villeglé. Pourtant la gravité sourd d’un article nécrologique consacré à Bernard Frank (12 novembre 2006), dont une phrase sur le style est mise en exergue aux bâtons à l’huile rouge et noir : Le style, je rougis de le répéter, n’est pas l’imitation d’un style, il est une juste et adorable manière qu’ont les phrases de se ployer aux sinuosités d’une pensée. Il est ce qui arrache une idée au ciel où elle se mourait d’ennui pour l’enduire du suc absolu de l’instant.» «Octavio Paz» (26 octobre 2006), encre de Chine rouge et bleue au pinceau, «Dan Friedman» (27 octobre 2006) avec sa percutante citation «Les graphistes ont bradé le modernisme en en faisant un style d’entreprise», «Les choses singulières» (17 avril 2006), «Les choses singulières aux dragons gris», «Les choses singulières aux diables bleus» (mai 2006) dans le chaos spiralé, tournoyant des démons nocturnes des Babyloniens imposent le souffle lyrique, le tourbillon créationnel de Villeglé, artiste de la déchirure, du vertige, jusque dans l’écriture-peinture.

Odile Felgine





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