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VANITÉ.

Mort, que me veux-tu ?

Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent, Paris

Exposition du 23 juin au 19 septembre 2010


La Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent consacre sa 13ème exposition dans ses espaces de l'avenue Marceau au thème de la Vanité dans l'art, du XVIIème siècle à nos jours. Une soixantaine d'oeuvres (peintures, sculptures, photographies) seront présentées selon deux axes de lecture : la Figure et l'Objet.

Cette dichotomie permettra d'aborder les thèmes pouvant servir de supports et de miroirs à nos propres méditations : les âges de la vie, la beauté et le dépouillement pour la Figure ; le temps, le plaisir, le pouvoir et les richesses, le vain savoir, les ex-voto et trophées, la vanité de la peinture pour l'Objet. L'exposition présentera également une série de Memento Mori provenant de la collection personnelle de Pierre Bergé. La scénographie permettra de cheminer d'un thème à l'autre, en mettant en regard oeuvres anciennes, modernes et contemporaines.

"Le thème de la Vanité appartient au monde des allégories qu'il s'agit d'interpréter, ne pouvant être comprises directement. Jamais la peinture n'a prétendu définir une philosophie, cependant, nous pouvons examiner à juste titre ses multiples allégories comme autant de questions sur l'être. Celles-ci se présentant comme des énigmes en relation avec l'invisible, elles sont autant de métaphores de l'intériorité spirituelle.

Dès le XVème siècle, les peintres ont eu la charge d'exprimer par l'image le contenu des méditations religieuses. Penser la mort, réfléchir à la vanité des biens de ce monde, mettre à l'épreuve la volonté du dépouillement devant l'image séductrice de la richesse, ce sont là des projets forts pour l'humanité, que l'Église voulait promouvoir. Pour la diffusion de ces messages, inscrits dans les textes et dans leurs commentaires, le langage des clercs, habitués à communiquer avec les couches sociales élevées de la société, ne suffisait plus. Au XVIIème siècle, l'iconographie qui faisait allusion au détachement des biens terrestres et à la méditation sur la mort et la Rédemption s'est fixée dans la formule d'un genre de peinture qui a pris le nom de Vanité à la suite d'une citation du texte de l'Ecclésiaste, très souvent représentée sur un phylactère, à côté d'un crâne : Vanitas Vanitatum omnia est Vanitas (Vanité des Vanités, tout est Vanité).

Les écoles du nord de l'Europe, dans leur intérêt pour l'anatomie et la nature, ont mis à la mode ces représentations destinées à la commande bourgeoise et privée. La méditation philosophique et religieuse prenait une forme personnelle et solitaire, loin des fastes de l'Église. Dans le même temps, la représentation d'objets quotidiens favorisait l'expression des connaissances picturales les plus raffinées, dont la vérité plastique s'alliait aux sentiments très humains de la vanité : la richesse du savoir peindre se vouait aux objets les plus fugaces, les plus éphémères du monde ici-bas, associant le crâne aux symboles des biens de ce monde.

La vanité dans la peinture est tour à tour une méditation, une expression fascinée et obsessionnelle de la beauté naturelle, un art d'agencer les formes et les objets, une technique sublime. Ces caractères justifient à eux seuls la faveur dont a bénéficié ce thème au XVIIème siècle. L'histoire de l'art a donné à cet engouement la dimension d'un genre, repris invariablement par les artistes modernes et contemporains. Exposer en regard des Vanités des XVIème et XVIIème siècles des oeuvres des XXe et XXIe siècles est ainsi une manière d'interroger le lien substantiel entre l'oeuvre d'art et son amateur, et par là même la valeur d'usage d'une image.

Notre projet vise à restituer toute la richesse d'une démarche qui associe savamment la pensée religieuse, la représentation de la nature, l'expression des sens et des plaisirs. Nous voudrions, pour traiter ce sujet, retrouver l'ampleur du thème dans ses origines spirituelles et son devenir plastique, bien au-delà de ce que l'histoire de l'art en a retenu. En effet les méditations sur les vanités du monde recouvrent un large ensemble de représentations dont les lignes de force sont l'exposé malin et provocateur des richesses et des biens terrestres, de la sensualité, des plaisirs et du jeu face au nécessaire dépouillement et à l'acceptation spirituelle de la destinée.

Dans l'ampleur d'une interrogation qui ouvre la voie de la mort vers la résurrection ou de la mort vers le vide, les artistes posent la question suivant le penchant de leur sensibilité spirituelle, construisant le propos soit à partir de la Figure soit à partir de l'Objet, ce qui opère une division des genres plus ancienne et surtout plus fondamentale que celle proposée par l'Académie, et qui recouvre tout son sens dans l'art contemporain qui s'emploie régulièrement à proposer une nouvelle interprétation du thème classique. Le thème de la Figure se décline selon les âges de la vie, la beauté et le dépouillement, et celui de l'Objet selon le temps, le plaisir, le pouvoir, la richesse, l'ex-voto, le trophée, le vain savoir et la Vanité de la peinture.

Dans les milieux dominés par la tradition antique et humaniste que revendique la Contre-réforme, le nécessaire abandon des biens et sollicitudes terrestres se manifeste par la figure des saints exemplaires, à demi nus dans leur retraite, saisis dans leur désir de la Rédemption mais encore habités de leurs tourments passionnels. On reconnaît là la peinture baroque italienne, flamande et ses influences sur l'art français et espagnol. En face, les écoles du Nord soumises au pragmatisme de la Réforme, et dont les leçons se propagent dans les milieux parisien, espagnol, lombard et napolitain, choisissent d'exalter la vérité anatomique des objets, créés par l'homme, afin de stigmatiser la Vanité de leur possession. Leurs compositions se présentent comme un amoncellement de vains trophées au milieu desquels la figure de l'homme est absente même si le symbole du crâne rappelle, dans une ambiguïté volontaire, la fragilité de l'existence humaine et l'espoir de la Rédemption par le sacrifice du Christ. La Vanité est un miroir dont le reflet ne proposerait pas de voir notre image superficielle mais au contraire ignorerait celle-ci, la transpercerait pour y déceler ce qui nous constitue en soi. Dans le cadre de l'exposition, notre interprétation de la Vanité aboutit à reconsidérer l'origine de l'image sous l'angle de la question de l'être, du XVIIe siècle à aujourd'hui avec les peintures de C. Gysbrechts, S. Luttichuys, P. Steenwijck, J. de Valdes Leal, A. Wolffort, G. Cagnacci, L. Miradori, Ph. De Champaigne, S. Bonnecroy, N. Régnier, M. de Boullongne pour la partie ancienne et les oeuvres d'A. Giacometti, Man Ray, G. Richter, G. Brown, U. Lüthi, R. Mapplethorpe, D. Michals, D. Appelt, J.P. Witkin, A. Serrano et G. Hill pour le contemporain.

Le thème de la vanité recouvre ainsi un ensemble riche, vaste et complexe de représentations susceptibles d'inciter les non-croyants à la méditation. Elles révèlent les obsessions contradictoires que les peintres ont eues la charge de traduire pour eux-mêmes et pour les autres, afin d'évoquer le passage de la jouissance vers la Rédemption. Cette spiritualité des Vanités procède de toute la peinture et se décline dans tous les arts et sous tous les genres, même dans les cas athéologiques de l'art contemporain. Elle est consubstantielle à l'appréciation d'une oeuvre en profondeur. La Vanité emporte avec elle la totalité des questions esthétiques et au bout du compte toute la philosophie de l'image.

Il ne s'agit pas ici d'exposer une pensée pure de la mort mais de montrer le passage de l'humain au divin, du corps à l'esprit. La vie est désormais vue comme un moment de la chaîne temporelle : on doit mourir pour ressusciter, vivre et pêcher pour être racheté. Les artistes présentés ont pour cela puisé dans les images emblématiques des textes sacrés, dans les récits hagiographiques, dans la littérature profane ou bien encore, dans les exemples de l'histoire la plus récente, sans omettre de participer à cette exégèse par leurs inventions plastiques."

Alain Tapié



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