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Sciences et curiosités à la cour de Versailles |
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C’est depuis Versailles que la tutelle sur les sciences s’exerçait. Sous l’impulsion de Colbert, le pouvoir royal prit conscience des enjeux de la recherche scientifique. La fondation de l’Académie des Sciences instaurait un nouveau contrat entre le pouvoir et les savants dont les travaux devaient servir au bien du royaume. Celle de l’Observatoire, financée par le Trésor royal, donnait un élan décisif à la résolution de la question des longitudes qui perdura tout au long du XVIIIe siècle, et dont la portée stratégique était alors comparable à celle, plus récemment, de la recherche sur l’atome : une manifestation parmi tant d’autres dans les domaines les plus divers, de l’essor d’une véritable politique scientifique.
Bien des savants, parmi les plus renommés, fréquentaient la cour, de façon assidue en tant que précepteurs des princes, officiers de santé, ingénieurs aux armées... Diderot et d’Alembert s’y retrouvaient dans l’entresol du docteur Quesnay, médecin de Madame de Pompadour. Sous les yeux du roi, l’abbé Nollet et Benjamin Franklin confrontaient leurs théories. Et certains courtisans s’affirmaient comme de réels experts...
Par son ampleur, le projet "Versailles" posait de nouvelles questions d’ordre scientifique, technique et sanitaire : les académiciens furent appelés en consultation. En retour, Versailles offrit des ressources pour la recherche : la Ménagerie et ses animaux rares furent à la disposition des anatomistes, le domaine de Trianon à celle des botanistes, des zoologues et des agronomes, aux Grandes Écuries apparut l’hippiatrie, prélude à la science vétérinaire...
Pour les enfants princiers, de nouvelles méthodes pédagogiques furent élaborées, utilisant des outils à la pointe de la recherche. Il en fut de même pour la pratique personnelle des souverains. Si Louis XIV se vit protecteur des sciences, comme il l’était des arts, sans les pratiquer, ses successeurs, au contraire, Louis XV tout comme Louis XVI, furent de véritables connaisseurs ; et les instruments et ouvrages scientifiques de leurs collections sont reconnus comme chefs-d’oeuvre de l’art et des sciences.
La présentation au roi ou la démonstration devant la cour,
consécration suprême équivalente à un prix Nobel, offrait le moyen d’obtenir des subsides pour
poursuivre ses travaux ou de trouver des débouchés pour ses inventions. L’envol de la première
Montgolfière est bien connu, mais il en est tant d’autres oubliées, telles l’expérience du miroir
ardent devant Louis XIV ou celle, sous le règne suivant, de l’électricité dans la galerie des Glaces.
Le XVIIIe siècle est l’âge d’or en France pour les constructeurs de globes. À Versailles, il reste deux importants globes manuscrits commandés par Louis XVI pour le dauphin dont celui-ci. Par ordre du 9 mars 1786, pour l’éducation du Dauphin, Louis XVI commandait au mécanicien Jean Tobie Mercklein un nouveau « globe d’après les mesures et proportions qui seront données par Monsieur Mentelle ».
Ce globe mesure 2m40 de haut et 1m30 de large. La base en forme de triangle concave est décoré d’un bandeau portant les signes du zodiaque en stuc peint de couleur vert bronze et séparé par des motifs dorés. Ce bandeau supporte trois dauphins dont les queues dressées soutiennent la table d’horizon. Au centre, 4 vents soufflants dorés semblent supporter un arc de cercle de fer pourvu de 3 galets de même métal sur lesquels reposent le méridien. Le globe lui-même dessiné et peint à la main occupe un volume considérable. Il est composé d’un globe terrestre en relief pour les terres émergées et les profondeurs marines emboîtées dans 2 calottes hémisphériques. La calotte supérieure représente l’ancien Monde, la calotte inférieure représente le nouveau Monde. L’intérieur de ces calottes forme un globe céleste sur lequel sont dessinés et peints les constellations et signes du zodiaque. L’originalité consiste à la fois dans la construction d’un globe en relief et de la présence de compartiments mobiles en carton aujourd’hui disparus qui s’adaptaient par des vis sur les calottes. Il y en avait pour la géographie politique, physique et ancienne.
Edme Mentelle était un autodidacte, ignorant des langues étrangères qui consacra sa vie à l’enseignement de la géographie et à l’histoire. Il se fit prêter du Dépôt des cartes de la marine tous les documents nécessaires à la réalisation de ce globe.
Alexis Magny, grand opticien parisien, était un des fournisseurs de la cour du Roi. Il avait la spécialité de microscopes dont on connaît encore aujourd’hui huit exemplaires, construits entre 1751 et 1754 sur les indications du duc de Chaulnes, savant de renom et ami intime de Madame de Pompadour. Il travailla longtemps chez Bonnier de La Mosson, beau-frère du duc de Chaulnes, dont le cabinet de physique était fort réputé.
Ce microscope monumental est monté sur quatre supports de bronze doré finement ciselés qui sortiraient des ateliers du célèbre fondeur Caffieri. Son oculaire est protégé par un couvercle également en bronze doré. C’est une véritable oeuvre d’art qui témoigne de ce qui se faisait de plus beau en matière d’instruments scientifiques sous le règne de Louis XV. Ce type d’instruments témoigne également de cette préoccupation scientifique de l’époque : observer et étudier les deux infinis, le Microcosme et l’infiniment petit avec les microscopes, et le Macrocosme et l’infiniment grand avec les téléscopes, comme celui de Madame Sophie.
Ce rhinocéros indien mâle est acquis pour le roi en 1769 par le gouverneur Chevalier de Chandernagor. L’animal débarqua à Lorient le 4 juin 1770, et dut attendre deux mois et demi que l’on prépare un véhicule spécial pour le transporter jusqu’à la Ménagerie Royale de Versailles. Ce rhinocéros fut exposé au public pendant 22 ans, bien que la Ménagerie Royale ait commencé à décliner à partir de 1785. Pendant les troubles de la Révolution, il fut transporté au Jardin National des Plantes, mais n’arriva pas vivant, tué par un coup de sabre. Sa dépouille fut transférée à Paris, au tout nouveau Muséum national d’histoire naturelle, où elle fut disséquée et naturalisée par Jean-Claude Mertrud et Félix Vicq d’Azyr. C’est la première opération de taxidermie moderne sur un animal de cette taille.
Le squelette du rhinocéros de Louis XV se trouve aujourd’hui exposé dans la Galerie d’Anatomie Comparée, tandis que l’animal naturalisé, sa peau vernie tendue sur une armature cylindrique de chêne et de cerceaux de noisetier, est visible dans la Grande galerie de l’évolution.
Louis XIV lança une politique forte en matière de sciences et de leur enseignement. Colbert eut la responsabilité de rassembler et de rattacher des compétences au roi, en fondant les académies royales dont l’Académie des Sciences.
La création de l’ensemble du Château et du Parc de Versailles demandait des architectes et ingénieurs de hautes compétences, et un projet qui plut au Roi et fixerait la Cour et ses administrateurs à Versailles. Mais Colbert dut aussi s’occuper de la capitale où les intellect uels se réunissaient pour partager et poursuivre leurs activités. Il eut le génie de les rattacher au Roi sans les obliger à quitter Paris en fondant un système d’Académies royales qui organisa la culture du royaume.
Ce système pris des années avant de se fixer pour de bon. En 1663, Paris attirait beaucoup d’étrangers qui participaient aux cénacles d’érudits qui se multipliaient dans la capitale. Un des visiteurs les plus estimés, le hollandais Christiaan Huygens, spécialist e d’instruments d’optique, fréquentait les cercles d’amateurs qui se réunissaient chez des particuliers pour partager les nouveautés en philosophie naturelle. Huygens proposa la création d’une «Compagnie des Arts et des Sciences ». Invité par Colbert à venir s’établir à Paris afin de mettre son plan en exécution, il attira plusieurs savants étrangers à la capitale, tels que le danois Olaüs Roemer et l’astronome de Bologne, Jean Dominique Cassini. Ce dernier reçut la mission de diriger l’Observatoire, et s’installa en France. Ces acquisitions de savants étrangers signalaient une politique royale toute nouvelle qui favorisait les sciences naissantes.
Le 22 décembre 1666, les scientifiques se réunirent en assemblée : l’Académie des Sciences était née. Il s’agissait d’une assemblée d’experts subventionnés par le Roi et souvent dénommée «la Compagnie» comme Huygens l’avait baptisée. Il s’agissait de choisir des hommes qui par leur savoir seraient loyaux et utiles au royaume.
Le Roi ne vint qu’une fois à Paris en 1681 pour honorer les savants. Deux ans plus tard, il visita l’Observatoire brièvement.
Le système d’Académies Royales soutenues par la Couronne était envié dans tous les cercles intellectuels et au XVIIIe siècle fut copié par d’autres souverains.
Une réorganisation fut effectuée en 1699 par Louis II Phélypeaux de Pontchartrain, secrétaire d’État de la Maison du Roi, qui fit alors le lien entre le Roi et l’Académie. Les liens entre Paris et Versailles étaient désormais définis, et l’Académie, qui n’avait fonctionné que comme une assemblée de savants parfois consultés, devint l’instrument national de la science officielle. Au cours du XVIIIe siècle, elle gouverna le monde scientifique tout comme le Roi régissait le pays.
Cette machine issue de la fabrication de l’abbé Nollet permettait d’exécuter des expériences sur le vide : éteindre une bougie, asphyxier un animal ou encore faire diminuer la pression de l’air. Elle permettait aussi de constater que le son d’une clochette s’estompe à mesure que le vide s’intensifie.
Dans les années 1740, l’abbé Nollet, personnalité de premier plan au sein de la communauté scientifique internationale, avait commencé sa carrière à Paris en tant que constructeur d’instruments scientifiques en collaborant avec des savants éminents. Il était entré à l’Académie royale des sciences en 1733. L’abbé Nollet avait également créé une école de physique, où il donnait des cours populaires de physique expérimentale et où il exposait les lois du monde naturel en s’aidant des élégants appareils issus de son atelier. Ceux-ci se distinguaient par un laquage noir avec des finitions rouges et des décorations dorées qui leur donnait une qualité esthétique digne des salons de la bonne société. Les leçons de Nollet comprenaient un vaste répertoire de démonstrations expérimentales mises en scène comme de véritables spectacles. Nollet publia le premier volume de ses Leçons de physique expérimentale en 1743. Dans sa dédicace au Dauphin de France, l’abbé se proclamait désireux de prêter ses services au jeune prince. Un an plus tard, Louis XV l’invita à Versailles pour lui confier l’éducation du prince. L’abbé apporta avec lui plusieurs instruments qui impressionnèrent profondément la Cour.
La reine Marie Leszczinska était parmi les visiteurs les plus assidus du cabinet des médailles, lieu où Nollet donnait ses leçons et où la reine se rendait régulièrement après la messe. L’abbé revint encore à Versailles en 1745 pour satisfaire la demande de la Dauphine, désireuse elle aussi, de suivre un cours de physique expérimentale.
En se servant de l’oeil artificiel et de la camera oscura, de l’appareil pour produire l’électricité ou les forces centrifuges, de la pompe à feu ou de la lanterne magique, Nollet parvenait à susciter la curiosité et à instruire, obtenant ainsi un immense succès à Versailles. Ce furent en particulier ses expériences avec l’électricité qui suscitèrent l’enthousiasme de la Cour.
Grâce à l’abbé Nollet, il est devenu possible de constituer des collections d’instruments
démonstratifs illustrant de façon variée les principes physiques. Le premier cabinet des Enfants de
France est composé sous le contrôle des Menus Plaisirs à partir de 1758. Quatre ans plus tard, sont
achetés plus de 180 objets scientifiques parmi les 345 décrits dans le catalogue de l’abbé Nollet,
achats qui se poursuivront en 1765.