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Sally Mann |
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Sally Mann fréquente la Praestegaard Film School où elle étudie la photographie.
Les oeuvres de Sally Mann sont visibles dans les collections des plus prestigieux musées et notamment au musée d'art moderne de New York, au musée d'art moderne de San Francisco, au Tokyo Metropolitan Museum of Art, au musée de l'université Harvard à Cambridge...
Pour la première fois en Suisse, une exposition présente l’oeuvre de Sally Mann. Une vision très singulière du monde vaut à cette photographe d’être considérée depuis 15 ans comme une artiste majeure aux Etats-Unis. Née à Lexington, en Virginie, en 1951, Sally Mann s’est frayée, dès les années 1970, son propre chemin en créant des images troublantes, qui traitent de l’intimité et de la marche du temps. L’oeuvre se développe autour de thèmes qui lui sont proches : des portraits – ceux de ses enfants qu’elle regarde grandir – et des paysages, qui semblent hors du temps et envahis par une nature exubérante et chargée de symboles.
Sally Mann poursuit, depuis ses débuts, une démarche intimiste. Ses images se distinguent par une technique photographique précise et traditionnelle – la technique de la chambre et le recours aux procédés du dix-neuvième siècle. Une connaissance parfaite de l’optique est sa force, ainsi que la maîtrise des temps de pose qui se prolongent parfois jusqu’à plusieurs minutes.
La photographe construit son oeuvre en explorant des thématiques à la fois personnelles et universelles : l’enfance, la mémoire, la mortalité. Les images de ses trois enfants, qu’elle a réunies en 1992 dans le livre Immediate Family, suscitent la controverse tout en la propulsant sur le devant de la scène photographique américaine. Dans le dialogue qu’elle instaure entre ses enfants et le paysage, ce dernier va peu à peu attirer l’attention de la photographe. Au début des années 1990, elle entame une nouvelle série dans une campagne vide de présence humaine. Voulant expérimenter une technique inédite, elle place des lentilles du dix-neuvième siècle dans son appareil de photo (l’une d’elles aurait même appartenu au célèbre photographe Nadar). Profondément attachée à son lieu d’origine, Sally Mann observe la nature des Etats du Sud, une région qu’elle voit marquée par une histoire tourmentée. L’utilisation d’équipements photographiques anciens confère une densité particulière à ses images. Les longs temps de pose semblent capturer l’air, l’atmosphère et la lumière. Sally Mann parvient ainsi à donner à son travail une grande authenticité, tout en l’inscrivant dans la tradition du sublime de l’art américain.
En 2000, un nouveau volet s’ouvre avec What Remains. Cette série nous interpelle d’une autre manière en montrant la vulnérabilité, la mortalité et la décrépitude. En travaillant ses négatifs sur plaque de verre avec le procédé du collodion humide, Sally Mann questionne la mémoire et la disparition. Cette même fragilité se reflète dans les portraits serrés de ses trois enfants, dont le grand format invite à la contemplation. Devenus adultes, on peine à distinguer Emmett, Jessie et Virginia, tant la matière photographique domine le sujet. A travers ses observations et son désir de saisir le temps, elle montre « ce qui reste ». L’artiste livre ainsi une oeuvre personnelle, proche, intime. Celle-ci pourrait se lire comme une méditation sur la vie et sur la mort.
Immediate Family est un travail où l’intuition joue un rôle important. Frappée par la beauté de ses trois enfants, Emmettt, Jessie et Virginia, Sally Mann les a photographiés durant plus de dix ans, dans sa propriété de Lexington. Depuis 1984, elle a enregistré les moments ordinaires, quotidiens, intimes dont seuls les parents se souviennent. Elle a photographié ses enfants en colère, blessés, nus, en train de jouer ou se reposant. Sally Mann a cherché à dévoiler ces moments de vérité qui caractérisent l’enfance. Ses images révèlent les luttes qui animent cet âge particulier : la recherche d’autonomie, la vulnérabilité, la découverte de soi, le doute, les jeux, le sentiment d’immortalité et de toute puissance, la peur. Les photographies de Sally Mann lèvent le voile sur l’enfance. Au-delà du portrait de sa famille proche, l’artiste traite avec subtilité de l’âge tendre, cette étape de la vie où le caractère se forge. Immediate Family est aussi un témoignage immédiat sur l’amour maternel et sur ce que les enfants donnent en retour. Dans chacune des images, Emmett, Jessie et Virginia jouent un rôle, même lorsqu’ils semblent dormir ou ne pas être conscients de la présence de l’appareil de photo – une chambre de grand format. Tous trois ont accepté de poser et tous trois ont accepté, plus tard, que ces images sortent du cercle familial. Avec Sally Mann, la photographie de famille acquiert une portée inattendue.
Après Immediate Family, Sally Mann se consacre à la nature. Celle-ci avait peu à peu pris le dessus sur les portraits de ses enfants. L’artiste, fascinée par sa région natale – le Sud profond des Etats-Unis, a choisi de travailler avec un équipement du dix-neuvième siècle pour photographier les magnifiques paysages. Sally Mann joue avec différentes techniques de virage, et surtout avec les imperfections données par son appareil de photo : les fuites de lumière et les rayures sur le négatif soulignent, aux yeux de l’artiste, cette « lumière radicale du Sud ». Les photographies, qui semblent appartenir à un autre siècle, révèlent l’étrange beauté des paysages du Sud (ceux de la Virginie, de la Louisiane et du Mississippi) et évoquent soudain, et de manière étonnante, la présence d’un passé tourmenté. « Ces images parlent des fleuves de sang, de pleurs, de sueur que les Africains ont versés dans les sols souillés et sombres de leur nouvelle patrie ingrate », dit Sally Mann.
Le 8 décembre 2000, un évadé de prison armé se suicide sur la propriété de Lexington. Cet incident annonce la série What Remains. Sally Mann, marquée par la mort du fugitif survenue chez elle, décide de déterrer la cage en métal dans laquelle elle avait enterré son lévrier anglais, Eva. Elle veut retrouver ses restes. Elle dépose soigneusement dans un sac la peau, les os, puis les petits fragments qui restent de l’animal – les os de la queue, les dents, les griffes. Dans son studio, la photographe reconstitue l’animal, de la tête à la queue et photographie « ce qui reste ». Dixhuit mois séparent la mort de la chienne et ces prises de vue réalisées avec le procédé du collodion humide, un procédé photographique ancien qui demande environ six minutes de temps de pose. Les défauts de la plaque de verre sont visibles et renforcent l’idée d’une mémoire qui a été fixée. « Est-ce trop sentimental de ma part de vouloir garder ma chienne, ou du moins de vouloir conserver une partie d’elle ? Est-ce un manque de respect d’observer cette forme de décomposition intime ? » What Remains se poursuit les années suivantes autour de nouvelles questions liées à la décomposition et à la mort.
La fascination grandissante de Sally Mann pour la mort la pousse à franchir un nouveau pas : elle se rend dans un centre médico-légal du Tennessee, appelé « Body Farm », où on laisse les cadavres se décomposer. Elle obtient l’autorisation de photographier, dans le jardin de l’institut, les corps entreposés parmi les arbres, les plantes et les buissons. Ils sont laissés là jusqu’à ce que ce que les chairs soient suffisamment décomposées pour être données à la science. Le deuxième volet de What Remains offre ainsi une nouvelle réflexion sur la mort. Les corps abîmés, dont les restes se confondent avec la terre, hantent l’artiste. Photographier lui permet de garder une trace de la fragilité et de la vulnérabilité de l’être, avant qu’il ne soit transformé en poussière. Ces images choquent certes, mais Sally Mann est parvenue à dépasser la représentation crue, par l’usage du collodion humide, devenu son médium de prédilection. Le collodion, développé par le Britannique Frederick Scott Archer en 1851 pour sensibiliser les plaques de verre, était aussi utilisé pour faire des pansements aux blessés de la Guerre de Sécession. Juste avant de réaliser cette série sur les corps de la « Body Farm », Sally Mann avait parcouru les champs de bataille de cette guerre civile pour « marcher au milieu de ces vestiges – ossements, vies, âmes, espoirs, joies et peurs tombés par millions dans la terre ».
Avec les images de la série Faces, Sally Mann revient à son point de départ : ses enfants. Ces portraits
serrés montrent les visages d’Emmett, de Jessie et de Virginia, devenus adultes. On peine à
les distinguer en raison du flou et de l’obscurité, dus à la prise de vue qui a duré plusieurs minutes.
Les portraits réalisés au collodion évoquent les ambrotypes du dix-neuvième siècle, ces négatifs
sur plaque de verre posés sur un fond sombre. Les surfaces sont si marquées que les visages
semblent avoir été défigurés par l’émulsion photographique. Sally Mann n’a pas cherché à perfectionner
le procédé, estimant que les imperfections et les griffures involontaires font de ses
photographies des images déjà anciennes. Veut-elle dire qu’il s’agit d’images déjà posthumes ?
Les yeux sont parfois baissés face à l’objectif. Il règne en effet une étrange impression de repos.