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Quentin Armand |
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Toutes les oeuvres de Quentin Armand proposent quelque chose comme l’ouverture d’un espace narratif. Et pourtant, elles ne constituent pas à proprement parler le point de départ pour une histoire : il semble toujours en effet que nous ayons raté ce qui devait être le début. Mais il semble également que nous manquerons la fin.
Des milieux d’histoires donc et non pas des débuts ou des points de départ. Chez Quentin Armand, rien ne constitue de véritable point de départ, rien non plus qui postule à être un point final. Rien du système clôt donc, rien de l’arbre et de l’arborescence, mais bien plutôt quelque chose comme cette herbe chère à Deleuze qui "non seulement pousse au milieu des choses, mais (qui) pousse elle-même par le milieu." Et comme des brins d’herbe, les oeuvres ici semblent pousser n’importe où : elles apparaissent au milieu d’un monde déjà-là, et elles proposent d’y tracer un ensemble de chemins inédits. Elles ne font qu’ajouter des segments à une ligne déjà dessinée pour "la faire passer entre deux rochers, dans un étroit défilé, ou par-dessus le vide".
Le travail de Quentin Armand relève non pas d’une tentation du chef d’oeuvre
mais bien davantage d’une logique de projet. Le projet possède
la fluidité et la capacité d’ajustement. Il sait épouser les trajectoires imprévues
et s’adapter aux contextes. Parce qu’il peut être réalisé par l’artiste
ou par quelqu’un d’autre, voire pas réalisé du tout, mais surtout parce
qu’il peut être bien fait, mal fait ou pas fait, le projet apparaît ici comme la
véritable "machine qui fait de l’art".
"Au commencement ce devait être une arche pour placer des verres d’eau. Elle
devait être disposée dans l’autre sens, le demi-cercle vers le ciel. Les verres d’eau
plus ou moins remplis, auraient formé une sorte de cerceau tronqué et minéral, ou
quelque chose comme ça. Bien entendu, cela n’a jamais fonctionné. Fidèle à une vieille
habitude, j’avais donc encore une fois, de bon coeur tout autant qu’à mon insu, dévié de mon
intention de départ pour aboutir à quelque chose d’autre. Cet objet, somme toute assez
énigmatique, fragment d’une maquette d’architecture pour un batiment indéfini, cet objet m’a
accompagné quelque temps. Je lui trouvais quelque chose. Puis ce fut évident que c’était un
moule à coucher de soleil. C’était évident mais comme cela ne le serait sans doute pas pour tout
le monde, j’ai agrandi le cartel, fournissant à l’objet une escorte tout autant qu’une béquille."
Quentin Armand.
Easy Loser est une voiture à l’arrêt comme il y en a tant sur nos bords de route.
L’artiste se joue de l’état général fatigué du véhicule, avec ses pneus à plat et sa
peinture fanée, pour provoquer l’inquiétude et l’agacement qui d’ordinaire ne
durent jamais longtemps. Sous le capot, une fumée colorée et un lent ronronnement
s’échappent, ce qui évoque un moteur dysfonctionnel. Cette carrosserie
aux allures d’une boîte à musique molle se trouve être une véritable métaphore
d’un conditionnement à l’efficacité dans notre société.