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Printemps de Septembre 2012

Toulouse et région Midi-Pyrénées

Du 28 septembre 2012 au 21 octobre 2012




Printemps de Septembre 2012

Le Printemps de Septembre 2012 se déroulera du 28 septembre au 21 octobre 2012

Festival de création contemporaine (arts plastiques et arts vivants), Le Printemps de Septembre se déploie chaque année dans une vingtaine de lieux à Toulouse et en région Midi-Pyrénées. Chaque édition, confiée à un nouveau directeur artistique, convoque environ 80 artistes internationaux.

En 2012, le festival confie la direction artistique à l'historien, critique d'art et commissaire indépendant Paul Ardenne. "L'Histoire est à moi !" est consacré à la façon dont certains artistes contemporains, toutes pratiques confondues (peinture, photographie, vidéo, installation, performance...), s'approprient l'Histoire pour en faire un véritable matériau de création.

Intentions 2012 - L'Histoire est à moi !

"Personne ne naît vierge du passé. L'Histoire est en nous – l'Histoire : tout à la fois le legs du devenir humain et l'activation d'événements présents dont la portée dépasse le seul individu.

Tout être humain – c'est là l'arrière-plan de l'exposition L'Histoire est à moi ! – naît « historicisé », fondu dans une « histoire », marié à elle, dépendant d'elle. À peine ai-je, nouveau-né, saisi le sein de ma mère, tout neuf que je suis, me voici inscrit dans un temps qui n'a rien de neuf. Le nouveau-né n'affirme pas le commencement d'un nouveau monde. Tout au contraire, il affirme la continuité d'un univers qui lui préexiste, dont il est l'héritier fatal. Comme si le monde n'avait jamais commencé. Comme s'il n'y avait jamais eu de premier homme. Sauf à perdre la mémoire et à vivre en dehors de tout, chacun de nous est, plus qu'un être, un « être-monde » et de concert un « être-temps ». Nous appartenons à une « histoire », à un moment historique, à une culture qui est un héritage avant d'être une promesse.

  • Pourquoi l'Histoire ?

    L'édition 2012 du Printemps de Septembre s'attache à répondre à cette question : comment, aujourd'hui, l'artiste plasticien traite-t-il de l'Histoire et de sa propre place dans l'Histoire ? De celle-ci, que retient-il ? Sur quels faits, saillants ou non, récents ou pas, son attention se fixe-t-elle en priorité, et comment, selon quel axe de signifiance, d'inscription dans le temps ? L'Histoire, une fois prise en charge par l'artiste, est-elle l'occasion d'un engagement spécifique, une occurrence de ressourcement et de mémorisation, un simple prétexte à illustration ou à l'élaboration de paraboles, une source d'inspiration par défaut – voire tout cela à la fois ?

    La réponse n'a rien d'univoque : tout cela à la fois. Nul positionnement commun, de fait. Nulle « ligne générale » que suivraient en rangs bien formés des artistes encartés. Pas non plus de thème dominant. Les artistes du tournant du XXe siècle et du début du XXIe siècle ayant choisi de faire de l'Histoire leur « objet d'art » (comme un peintre classique le fait du visible, un performeur, de son corps ou un land-artiste, du paysage) ne sauraient être identifiés par des préoccupations ou un style communs. Qu'on en juge. L'un trouvera son inspiration dans le monde antique et y verra l'opportunité de peaufiner son amour de la géométrie, quand d'autres s'inspireront de tableaux classiques relevant de la tradition de la peinture d'Histoire pour les revisiter de façon éclatée, ici ironiquement, là avec respect, au gré d'actualisations toujours personnalisées. Un autre refera des gestes corporels emblématiques d'une époque, pour les incorporer, quand d'autres pratiqueront le reenactment, la reconstitution, précise ou de second degré de sens. Certains, dans la veine archéologique, ressusciteront certains moments de l'Histoire la plus enfouie, et un autre, un concert de rock qui a fait date.

    Jusqu'à se piquer de faire de l'art une machine à remonter le temps, ni plus ni moins. Dans ce cas, on réalise un film dans le style hollywoodien des années 1950 en utilisant matériel de prise de vue et pellicules d'époque, quand il ne s'agit pas d'opérer dans un même esprit en endossant cette fois le frac d'un photographe de l'ère victorienne.



  • Singularisation de l'expression

    L'Histoire ? La voici traitée comme un immense réservoir de références, de postures, d'ambiances, de faits, le tout boutiqué comme on malaxe de la pâte à modeler par des artistes ayant à l'esprit des projets différenciés – une Histoire qui se fait l'équivalent d'un matériau souple travaillé au terme de considérations divergentes et dépareillées. Se rallier, artiste, à une unité de vue ou de compréhension du phénomène « Histoire » – au départ, selon Hérodote, cette « enquête » s'appliquant à fixer des « événements mémorables » ? Assurément non.

    Voici une quinzaine d'années, l'exposition Face à l'Histoire, proposée, à Paris, par le Centre Georges Pompidou 1, offrait un tout autre constat. Les oeuvres présentées alors, dans un ensemble plus homogène qu'hétérogène, faisaient état surtout d'une relation militante à l'Histoire. Massivement, les artistes conviés s'y inscrivaient volontiers, en rangs serrés, dans les combats de l'époque, hérités de la Guerre Froide. Il y était beaucoup question de politique, d'engagement humaniste, de soutien à la démocratie, dans un esprit d'émancipation. Approche fort « politique » de l'Histoire que celle-là, celle d'artistes relayant au moyen de l'expression plastique les positions de partis aux idées bien souvent dogmatiques.

    Une obsolescence ? Rien à voir en tout cas avec la donne contemporaine, qui montrera plutôt que le postmodernisme, depuis lors, est passé par là, et qu'il a fait son travail de sape. D'une part, on refuse à présent la pensée unique, on se positionne, artiste, contre le modèle et le lieu commun, au bénéfice d'une position autocentrée. D'autre part, l'on privilégie le sujet contre le groupe, l'individu plus que le collectif, le souci de soi plutôt que celui de l'Autre, l'idiosyncrasie avant l'esprit du collectif.

  • Une vie donc une Histoire

    En termes de forme et de plastique, le résultat est visible. Il consacre l'explosion, l'expansion esthétiques. Plus que jamais, au plus loin de l'idéologie préécrite et du dogmatisme artistiques, ce sont d'abord des « micro-récits » esthétiques qu'il va s'agir d'afficher. L'artiste parle en premier lieu de lui, de son ressenti historique. L'individualisme de la représentation, dès lors, est à son comble. L'Histoire « artialisée » ? Aujourd'hui, elle l'est à hauteur de sujet, un sujet roi qui la vit, la perçoit, la figure et en joue comme il l'entend, sans produire simultanément un « message », terme tombé en désuétude.

    Rien d'étonnant à cette évolution esthétique : elle consacre à sa façon le rapport que nous entretenons à ce jour avec l'« Histoire », un rapport qui lui aussi a évolué, dans le sens d'une approche individualisée. L'Histoire, aujourd'hui, n'est pas comprise et assimilée de façon unifiée, générale, consensuelle. Chacun tend à avoir la sienne, à forger son opinion, à bâtir son système de références en fonction de son milieu ou de sa vision du monde. L'Histoire héritée, au regard de ce positionnement singulier, n'est pas qu'une somme de faits qui nous concerne plutôt peu que beaucoup, elle est encore vécue comme oppression. Quelle oppression ? Celle que font peser sur nous nos aînés, qui nous dispensent (qui nous imposent) cette Histoire qui est la leur, dont ils ont fait leur cadre idéologique.

  • D'innombrables « représentations du monde »

    Dans ce contexte de tension qui fait des derniers venus (nous !) des refuzniks, des opposants potentiels ou déclarés à l'Histoire « établie », l'irruption dans l'ère de l'individualisme massif a pour conséquence normale une requalification de la notion même d'Histoire. Le postmodernisme, âge de l'individualisme, est en toute logique celui de la Weltanschauung plurielle, des « représentations du monde » innombrables. L'Histoire qui vaut, serait-elle collectivement vécue, est celle que le sujet adapte à son propre projet de vie, projet qu'elle vient tactiquement conforter, une Histoire privatisée dans laquelle j'inscris ma vie avant de me sentir solidaire de celle de mes congénères, que je ne connais d'ailleurs pas. La seule histoire qui importe, en vérité, c'est celle dans laquelle je promène vécu et affects, une histoire certes fragmentée et peu partageable mais qui a cette qualité et cet avantage : elle est mienne, elle est mon bien existentiel, je la meus, comme un chien docile, à ma guise en ce monde.

    Le sens de cette exposition toulousaine, « L'Histoire est à moi ! », est aussi de faire ressentir au spectateur l'incertitude où il se trouve dès qu'il s'agit de définir sa propre « histoire ». L'artiste, dans cette quête, ne l'aide pas, il tendrait plutôt à l'égarer ! Face aux interrogations que sécrète notre époque (avenir du modèle libéral, question écologique, problème du « Vivre ensemble », tensions sexuelles, matérielles, culturelles, religieuses…), personnaliser notre rapport à l'Histoire, créer des liens secourables entre l'Histoire, notre vie et notre intimité n'a rien d'aisé. L'Histoire n'est pas, n'est plus une somme d'événements abstraits que l'on compile et archive, elle est plus fondamentalement un récit. Toute Histoire constituée, de ce fait, est toujours exposée à être inséminée, contaminée, modifiée par les fictions elles-mêmes, ces fictions dont se servent eux aussi les États pour gouverner, sachant que tout État, à l'égal du sujet que je suis, a besoin de s'inscrire dans une fiction pour exister (le roi comme serviteur de Dieu, le souverain comme législateur, la démocratie comme terminus ad quem de l'expérience de la contingence humaine). Ces fictions que les sujets « historiques » que nous sommes, qui ne pouvons nous arracher à la conscience du temps, à notre tour, élaborons tout autant.

    Est-il besoin d'y insister : la mondialisation du regard porté sur le réel, par surcroît, se traduit aujourd'hui par une infinité d'incitations à repenser nos acquis, confrontés que nous sommes à l'histoire de l'Autre, confrontation qui par rebond nous re-confronte à nous-mêmes, à notre propre élaboration personnelle de l'Histoire, plus encore activée, ébranlée. Quoi de plus difficile, dans ce nouveau prisme, qu'évaluer ce qu'est, ce que serait le « bon » engagement ? L'engagement est plus que jamais nécessaire : le monde va mal. Mais quel type d'engagement, au bénéfice de quoi ? Suffit-il, pour trouver sa voie militante, de se mettre à la remorque d'options consensuelles telles que l'idéologie du care, le souci environnemental, le combat bioéthique, la ferveur altermondialiste, la lutte en faveur des animaux, le renforcement des transports publics, la chirurgie esthétique gratuite pour tous ?

  • L'art ne sauve pas (Histoire et solitude)

    Plutôt que suivre servilement le « chant général » de l'activisme politique du moment, la création artistique aujourd'hui nourrie de l'Histoire en constitue une modulation biaise. Il s'agit moins, pour celle-ci, de louer benoîtement les hautes valeurs de notre culture démocratique que d'affronter une question autrement difficile : comment, artiste, marier l'idéal d'une singularité radicale avec la mentalité générale, si tant est que cette dernière existe ? Comment concilier la tyrannie d'être soi-même et la nécessité d'un partage symbolique dont l'artiste peut être le meilleur émissaire qui soit ? Comment positionner son propre corps au sein de cette contradiction fondamentale du monde occidental : la mise bout à bout de la volonté d'être soi et d'être tous en un même geste ?

    « L'Histoire est à moi ! » a cet objectif implicite, semeur de trouble : signifier, en filigrane, combien toute conception de l'Histoire est poreuse, friable, flottante, sujette à mutations plus ou moins légitimes. À cet égard, les artistes dont les oeuvres sont présentées à l'occasion de cette édition 2012 du Printemps de Septembre n'offrent pas de solution miracle – pas de vademecum unifié, autre que singulier. Plus que jamais, en ce monde globalisé, le « moléculaire » (Gilles Deleuze) est à son comble, pulsant le projet personnel contre la vision générale, prompt à faire du consensus une apparence, plus qu'une réalité solide. Comme l'écrivait déjà Jean-Paul Sartre avec justesse dans L'Idiot de la famille, un homme n'est jamais un « individu » stricto sensu : « il vaudrait mieux l'appeler un universel singulier. Totalisé et, par là même, universalisé par son époque, il la retotalise en se reproduisant en elle comme singularité. Universel par l'universalité singulière de l'histoire humaine, singulier par la singularité universalisante de ses projets. » 2

    Où la vision artistique, par petits bouts, souvent d'essence ou d'ambition micropolitiques, se constitue non comme un contre-récit, mais comme une expression en décalage par rapport à l'idiome collectif. L'énoncé artistique, dans ce cas, effrite le sens commun. Décidément, pas de paix mentale possible. « Toujours quelque chose fuit. » 3

    Autre manière de dire que chacun de nous est seul dans la multitude, et qu'il en va de même, en ce monde, pour les artistes. Leur rapport à l'Histoire, dès lors, ne peut être que privé. Non plus une affaire de famille mais un « pour-soi ». Mon Histoire est à moi ? La leur est à eux."

    Paul Ardenne, Directeur artistique 2012

    1 Face à l'Histoire, Centre Georges Pompidou, Paris, 1997.
    2 Jean-Paul Sartre, L'Idiot de la famille, éditions Gallimard, Paris, 1971, t. 1, pp. 7 et 8.
    3 Gilles Deleuze et et Félix Guattari, Mille Plateaux, Capitalisme et schizophrénie II, Éditions de Minuit, 1980, chapitre « Micropolitique et segmentarité ».



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