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Paris 1950

Pavillon de l’Arsenal, Paris

Exposition du 16 septembre au 7 novembre 2010


Paris 1950
Jacques Bargiarelli, immeuble de logements, 33-37, rue Lacépède, 37, rue Gracieuse et 2-4, rue Saint-Médard, 5e, 1955-1959 : commerces et bureaux occupent le socle. © Vincent Fillon

Avec plus de 2 500 immeubles de logements construits à Paris, les architectures des années 1950, aussi inventives que méconnues, ont largement contribué à moderniser et dessiner le Paris d’aujourd’hui. "Paris 1950 : un âge d’or de l’immeuble" dévoile cette production faste, conçue par des maitres d’ouvrage et des architectes qui n’ont cessé d’explorer et mettre en pratique les préceptes de l’immeuble contemporain.

Articulée autour de cinq thèmes «Les bâtisseurs d’une génération», «Matériaux et innovations», «De nouvelles formes pour le logement», «L’immeuble dans la ville», «L’immeuble en évolution», l’exposition propose de relire cette période captivante de mutations et nous invite à découvrir les possibilités, richesses et variété du tissu urbain parisien, entre tradition et modernité, entre logement de masse et insertion urbaine.



Paris 1950 : un âge d’or de l’immeuble

"Cette longue décennie (1948-1961) a préparé et partiellement mis en pratique ce qui, au cours des années 1960, deviendra la norme : la hauteur, l’industrialisation, l’urbanisme «moderne», la mixité, la définition d’un nouveau logement. Tout en se développant pour l’essentiel dans un cadre réglementaire hérité du début du XXe siècle, les réflexions sur la ville de cette période ne sont pas sans rappeler certains débats contemporains. Le contexte de création des immeubles des années 1950, quant à lui, est tout à fait spécifique.

  • Une urgence : le logement

    Bien qu’épargnée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, Paris connaît à la Libération l’une de ses crises sanitaires les plus graves. L’insalubrité est plus sensible encore qu’avant-guerre : la tuberculose a considérablement progressé et un seul des dix-sept îlots insalubres, l’îlot 9 dans le 18e arrondissement, a fait l’objet d’une rénovation dans les années 1930. La crise du logement est elle aussi sans précédent : 100000 logements manquent à Paris, 100000 également en banlieue. Avec 340 habitants à l’hectare, la densité démographique de la région parisienne est déjà unique en Europe. 42% des Parisiens sont plus ou moins mal logés3, ce que met davantage encore en évidence la rigueur de l’hiver 1954 et l’appel de l’abbé Pierre qui lui fait suite. La situation s’est d’ailleurs aggravée avec la croissance de la population parisienne, qui augmente de 379000 habitants entre 1946 et 1954. En réponse à cette pénurie, 2000 logements seulement (dont 600 en HLM locatives) seront construits dans Paris entre 1946 et 1950: l’Office public d’HLM de la Ville de Paris ne peut, à lui seul et dans une situation foncière aussi défavorable (terrains rares et chers), remédier à ces carences, et ce d’autant plus que l’industrie du bâtiment elle même doit faire face à une relative pénurie de main d’oeuvre et de matériaux – à défaut de béton ou de métal, on utilise largement la pierre au début de la décennie. L’urgence est donc, sinon à la reconstruction, du moins à une modernisation massive du parc de logement parisien; cette entreprise passera aussi, en partie, par une rénovation profonde de l’espace parisien: en 1957, 1500 hectares sont considérés comme mal ou sous utilisés.

    immeuble Paris
    Jean Bortoli, 15, boulevard Brune et 6-6bis, rue de la Briqueterie, 14e, 1955-1958 - Coll. Pavillon de l’Arsenal

  • L’aide à la pierre

    Plusieurs types de mesures sont prises pour endiguer la crise du logement : elles le sont à l’échelle nationale, mais certaines concernent plus particulièrement Paris. Au premier rang des préoccupations des pouvoirs publics, le logement fait l’objet d’une politique d’État qui se traduit d’abord avec la loi du 1er septembre 1948 sur les loyers : ces derniers sont fixés à un taux suffisant pour encourager la construction et tenter de la rendre rentable. La loi du 21 juillet 1950 participe plus concrètement à la relance de la construction neuve en instaurant des primes à la construction et des prêts sociaux spéciaux du Crédit foncier de France et du Sous-comptoir des entrepreneurs, pour des particuliers ou leur regroupement en société immobilière de construction. «Ce système d’aide constitue un troisième secteur, intermédiaire entre le public et le privé, et connaît un grand succès : de 1950 à 1963, il permet de construire un million cinq cent cinquante-trois mille logements, contre un million trois cent trente-huit mille pour le reste de la production primée (reconstruction, HLM) ».

    La vocation sociale de ce système s’affirme avec les lois et décret du 15 avril 1953, 6 août et 9 août 1953, préludes au « Plan Courant », qui porte le nom du nouveau ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme, André Courant : ces dispositions mettent en place un logement type, le Logement économique normalisé (Logéco), engageant l’État sur un financement forfaitisé, fondé sur un système de primes et de prêts qui, à terme, permettra aux classes populaires d’accéder à la propriété. Les années 1950 voient ainsi émerger une nouvelle catégorie d’habitants : celle des propriétaires occupants.

  • Un nouveau bien de consommation

    Tandis que la construction de logements sociaux (les habitations à loyer modéré principalement) se développe massivement avec la création du Secteur industrialisé – dont le nom seul résume l’ambition –, la promotion privée amorce, grâce aux mesures d’incitation prises par l’État, l’une de ses plus belles périodes : «Un nouveau personnage apparut, promis aux enrichissements rapides et à la vindicte populaire: le ‘promoteur’ remplaça le constructeur. Il ne se contentait plus du travail technique d’édification d’un bâtiment, mais aussi, et peut-être plus encore, des rapports avec les banques, afin d’obtenir un financement, et avec les autorités publiques, pour solliciter les autorisations nécessaires. » Les dossiers de permis de construire conservés aux Archives de Paris regorgent de ces demandes. Promoteur immobilier, crédit immobilier, publicité immobilière : une nouvelle culture du logement se développe, diffusée par de nouveaux organes de presse, comme par exemple Construction française, une revue qui ne s’adresse plus aux professionnels de l’architecture, mais directement aux acquéreurs. Toute proportion gardée, le logement s’apparente ainsi à un bien de consommation, dont l’équipement et la décoration participent, au même titre que les arts plastiques, la musique et la mode, d’une profonde évolution de la société. C’est d’ailleurs avec les années 1950 que les « arts ménagers » deviennent un véritable mouvement populaire, dont témoignent les quelques 1000 pages de cette encyclopédie de la vie domestique moderne qu’est L’art ménager français. Le logement est aussi produit selon des modalités de plus en plus déterminées et, par conséquent, avec une efficacité inversement proportionnelle à son coût. Ces phénomènes se confirmeront surtout dans les années 1960.

  • Le contexte réglementaire des années 1950

    Aube d’une ère nouvelle (les Trente Glorieuses), la décennie 1950 constitue pour Paris une phase de préparation à la rénovation à grande échelle des quartiers situés au-delà de l’ancienne enceinte des Fermiers généraux, dont le bâti est en grande partie dégradé. Une phase de transition aussi : car la capitale hésite encore entre deux types de réglementation urbaine et vit même, de 1950 à 1956, avec un règlement provisoire. Paris résiste dans un premier temps (1948) à la tentation de diminuer la hauteur des bâtiments neufs. On peut voir, dans ce projet abandonné en 1950, une réaction aux «excès» entraînés par le règlement de 1902, qui permettait en bien des cas de gagner un étage au niveau des combles. À la fin de l’année 1950 est finalement adopté, pour six ans, un profil qui favorisera le développement d’immeubles à gradins, quasiment tels que les avaient rêvés Henri Sauvage quarante ans auparavant.

    Cet «entre-deux» réglementaire est en fait l’aboutissement de plusieurs décennies de réflexions sur l’immeuble, sa forme et son insertion dans la ville. Tandis que l’immeuble privé continue de s’insérer entre deux mitoyens – dans une logique d’alignement qui, malgré tout, est sujette à des dérogations de plus en plus nombreuses –, les opérations de logements sociaux (HLM) dessinent une ville «entr’ouverte», à mi-chemin entre les principes de l’urbanisme moderniste et ceux de la ville ancienne.

  • Caractéristiques

    Dernière décennie pendant laquelle se développe massivement des immeubles « urbains », les années 1950 sont par définition un moment de tension entre deux idées de ville; de cette tension naîtront des bâtiments d’une grande maturité (typologique, plastique) et d’une évidente actualité, des bâtiments signés par des architectes pour beaucoup inconnus et dont les qualités contrastent avec la connaissance, extrêmement lacunaire, que l’on en a aujourd’hui. Parmi les caractéristiques de ces immeubles, on retiendra plus particulièrement celles-ci :

    - le développement d’une production de masse avec l’essor de la préfabrication lourde et de la mécanisation des chantiers ;
    - évolutions techniques importantes avec la généralisation des murs-rideaux pour les immeubles de bureaux ;
    - l’émergence de figures nouvelles (la barre, la tour de logements) et de la grande échelle;
    - des recherches originales en matière d‘implantation urbaine, qui visent notamment à aller chercher la lumière tout en restant dans les limites réglementaires ;
    - une mixité des programmes très fréquente ;
    - une évolution spécifique des couronnements – directement liée à celle du règlement – et une généralisation du toit-terrasse à la fin de la décennie;
    - un travail spécifique sur le logement lié au développement des « arts ménagers » ;
    - enfin, des traitements plastiques proches des expressions artistiques de l’époque.

  • L’ouvrage

    L’ouvrage traite plus spécifiquement de l’immeuble d’habitation et de bureaux de cette décennie. Les équipements, notamment les écoles et les grands édifices publics (Unesco, Maison de la Radio, etc.), n’ont pas été traités. Les pages qui suivent proposent une découverte de l’immeuble 50 à travers quarante-quatre notions, développées sous la forme d’un abécédaire – une méthode qui permet d’examiner les principales caractéristiques de l’immeuble, tout en faisant ressortir les conditions de sa production et en valorisant certains personnages clés. Près de 300 bâtiments, repères des années 50, remarquables pour leur qualité architecturale ou leurs spécificités, viennent compléter ce corpus.

    Cet ouvrage s’appuie sur de nombreuses recherches documentaires, en particulier sur un relevé systématique des permis de construire à partir du dépouillement effectué par Joëlle Berthaut. Il est également le fruit d’enquêtes de terrain, indispensables pour cette décennie mal connue et à certains égards peu documentée. En effet, il nous a semblé que les publications de l’époque, pourtant nombreuses, ne suffisent pas à donner une vue d’ensemble de la situation parisienne et surtout de sa richesse.

    L’étude des dossiers de permis de construire conservés aux Archives de Paris fournit, pour sa part, la matière nécessaire à une compréhension en profondeur des problèmes posés par le règlement et, surtout, donne un aperçu de la quantité d’immeubles projetés et réalisés.

    Un certain nombre de réalisations situées en périphérie est associé au corpus, qui met en évidence une communauté de recherche plastique et typologique, mais aussi la spécificité du cas parisien et de son règlement, d’une part, et d’autre part la capacité de la banlieue à accueillir des innovations techniques et typologiques.

    Enfin les immeubles donnent lieu, dans la mesure du possible, à une double datation : la première date correspond à la dépose du permis de construire – dans certains cas au premier projet connu d’après les sources d’archives –, la seconde correspond à la livraison du bâtiment."

    SIMON TEXIER, maître de conférence en histoire de l’art contemporain à la Sorbonne



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