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Visions d’Égypte

[ Le papyrus Prisse ]

BnF, Paris

Exposition du 1er mars au 5 juin 2011




papyrus
Papyrus Prisse - Fin de l’Enseignement pour Kagemni, l’un des recueils de sagesse du papyrus, 1800 av. J. - C. - BnF, département des Manuscrits

Dans une lettre datée du 25 février 1858, Prisse d’Avennes fait état de sa conviction que ce papyrus, acheté en Égypte, provenait de ses propres fouilles sur la rive ouest de Louqsor, l’ancienne Thèbes, dans la nécropole de Dra Abu el-Naga.

Une autre lettre de Prisse, datée de 1843, évoque une acquisition faite au Caire, il reste néanmoins possible que le papyrus ait été acheminé depuis Thèbes pour être vendu à meilleur prix. Les fouilles, officielles ou clandestines, menées dans la première moitié du XIXe siècle dans la zone, mirent au jour les plus beaux manuscrits égyptiens du Moyen Empire.

“Le plus ancien livre du monde”, telle est l’épithète associée au rouleau peu après sa découverte, en raison des rois qui y sont mentionnés et qui ont vécu sous l’Ancien Empire égyptien, au troisième millénaire avant Jésus-Christ. En fait, le texte fut certainement composé au Moyen Empire (1975-1640 av. J.-C.) et la copie conservée sur le papyrus Prisse peut être datée du milieu de la XIIe dynastie (1800 av. J-C). Le rouleau est un recueil. En plus d’un long texte effacé, il contient deux livres de sagesses, l’Enseignement pour Kagemni et l’Enseignement de Ptahotep ; ce dernier occupe l’essentiel du manuscrit. Les récits sont faits par des personnages historiques : deux vizirs vieillissants dispensent une série de conseils à leur fils, appelé à leur succéder à la cour du pharaon régnant.

Ce papyrus a dû appartenir à un membre de l’élite égyptienne de la XIIe dynastie (c.1938-1755 av. J.-C.), période d’épanouissement de la littérature. Il peut à certains égards être interprété comme un manuel d’étiquette, à destination des courtisans et dignitaires du régime. Néanmoins, malgré sa dimension didactique, l’oeuvre était probablement destinée à être interprétée à voix haute, en petit comité.

Le texte est ensuite intégré à la littérature classique et étudié par les apprentis scribes. Des exemples sur ostraca, éclats de calcaire ou de poterie, sont conservés : ils proviennent de la communauté de Deir el-Médineh, village des artisans, souvent lettrés, qui construisaient la tombe du pharaon au Nouvel Empire (c. 1552-1069). À cette époque, le texte occupe une place centrale dans la culture de l’élite lettrée et fait l’objet d’une vaste intertextualité dans la production écrite égyptienne.

Peu après la découverte, Prisse publie lui-même un fac-similé du papyrus (1847). Dès lors, les savants se penchent sur le texte, sa traduction et son interprétation. Au début du XXe siècle, la découverte d’autres manuscrits de l’Enseignement de Ptahhotep mène à la recherche d’un texte originel idéal, et virtuel, et à la publication d’éditions synoptiques savantes, qui mettent en regard toutes les versions connues, vers par vers. Par ailleurs, grâce aux traductions dans les différentes langues européennes, le texte trouve une place dans les ouvrages destinés au public cultivé.

À l’occasion de l’exposition, le papyrus entre dans la bibliothèque numérique Gallica et une traduction inédite, due à l’égyptologue Bernard Mathieu, est publiée dans le catalogue d’exposition.

[ Parcours de l’exposition ]




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