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Biographie Pablo Garcia
"Très jeune j’ai porté un grand intérêt à l’Histoire avec la tentative de comprendre
l’histoire pour comprendre le présent. Cette préoccupation a fait la jonction avec mon travail
artistique lors d’une visite, après deux mois de vie berlinoise, au camp de Sachsenhausen, camp de
concentration nazi réutilisé sous l’occupation soviétique après guerre. Ce lieu où je trouvais la réunion
de la commémoration et de la mémoire utilisées à des fins politiques : le monument principal au milieu
du camp, commémora longtemps uniquement les prisonniers politiques communistes — le camp était
en RDA après guerre ; bien plus tardivement, des plaques sont apparues concernant les autres
communautés, puis un musée rééquilibrant le tout. Quand j’interroge la mémoire collective c’est aussi
pour interroger l’utilisation de cette mémoire. Aujourd’hui les témoins de cette période disparaissent,
laissant un champ libre de plus en plus grand à une utilisation politique détournée, voire à une
commémoration pas toujours très saine (l’épisode Guy Môquet / Nicolas Sarkozy est
un bon exemple)." Pablo Garcia
L'artiste Pablo Garcia naît en 1983.
Le travail de Pablo Garcia met en jeu la mémoire d’événements historiques et questionne les
utopies sociales et leurs mises en place.
Sa démarche consiste essentiellement à prélever des
éléments du monde qui l’entoure. Il les fait dialoguer avec des dispositifs de monstration, et
tente d’amener le spectateur à porter un regard autre sur son propre monde, notamment par
son implication physique. Les images produites sont difficilement visibles ou lisibles au premier
abord. Pablo Garcia ajoute aussi très souvent une composante temporelle à la révélation de ses images.
A une l'époque de surmédiatisation des informations et du règne de l'apparence, du montage,
démontage, remontage des images sans recul, façonnant un point de vue unique, le dispositif
imaginé par Pablo Garcia nous invite à repenser notre rapport aux images, au temps et à la distance nécessaires pour leur compréhension, à contrario du discours médiatique, usant d'immédiateté,
qui transforme les illusions en vérités inaliénables.
Expositions Pablo Garcia (sélection)
2011 : Pablo Garcia, "Strass et paillettes" - Centre d'art Le LAIT / MJC d'Albi
"Strass et paillettes", première exposition organisée conjointement par le Centre d'art Le
LAIT et la MJC d'Albi (du 28 janvier au 27 février 2011), est une exposition en deux temps, deux lieux, qui présente deux
dispositifs opposés et complémentaires, deux points de vue, déclinés en deux actes. D'une
part, dans la salle d'exposition de la MJC, plongée dans une lumière crue, métaphore du lieu
des illusions, où défilent les images médiatiques évoquées ci-dessus, le spectateur se retrouve
confronté à cette immédiateté de l'information, en même temps qu'il éprouve physiquement
l'aveuglement qui le guette dans sa compréhension du monde.
En contrepoint, dans la Box des moulins au centre d'art Le LAIT, une phrase et une chambre
noire transformée en sténopé invitent le visiteur à prendre le temps de découvrir l'image et le
propos uniques choisis par l'artiste. L'aveuglement provoqué par cette chambre noire induit
cette fois-ci persévérance, recherche, attente et frustration, qui sont les voies incontournables
d'un accès à la connaissance. L'image se dévoile difficilement et le spectateur est invité à
profiter de ce temps d'apparition pour décoder l'image, la déchiffrer et la penser en regard du
contexte de l'exposition.
Le titre "strass et paillettes" fait référence à un morceau du rappeur français Booba qui
évoque une jeunesse dépolitisée, ultra-capitaliste et consumériste, soumise au règne du
Paraître et de l'Envie, véhiculée par les médias et la publicité. S'opère un décalage entre titre
et exposition : d'un côté une "accroche" qui joue le jeu des médias dont il est question,
contrebalancée par une communication minimale (des affiches noires) et une exposition au plus
simple des moyens employés (ou tout du moins en apparence).
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