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Olga Boldyreff |
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Musée des Beaux-Arts de NantesExposition du 22 octobre 2010 – 2 janvier 2011Née à Nantes en 1957 de parents russes exilés, Olga Boldyreff a hérité des influences de la culture orientale et de la culture occidentale. Cette rencontre entre deux modes de pensée l’a conduite à concevoir une grammaire très personnelle. En 2010, le musée des Beaux-Arts à Nantes présente le quatrième volet du programme d’expositions Voyages et autres investigations conçu par Olga Boldyreff. Développé au musée des Beaux-Arts de Calais en 2008, à la galerie Stanislas Bourgain à Paris en 2009 puis au musée Anna Akhmatova de St-Pétersbourg en 2010 ( cette exposition labellisée Année Croisée France-Russie a bénéficié du soutien de Culturesfrance / Ville de Nantes). Ce nouveau chapitre du projet Voyages et autres investigations présente un ensemble de travaux d’Olga Boldyreff dialoguant avec des oeuvres de Natalia Gontcharova, Michaël Larionov, Eva Hesse, Sol LeWitt, Alighiero e Boetti, André Cadere et Kasimir Malevitch. L’oeuvre d’Olga Boldyreff concilie les sources de l’art populaire russe et les formes de la tradition occidentale (post-minimalisme, antiforme, arte povera) : le choix des oeuvres et des artistes sélectionnés par l’artiste permet d’approcher au plus près ce mélange des genres et cette fusion des styles recherchée par Olga Boldyreff. Dessin, sculpture, performance, photographie, estampe, vidéo l’oeuvre d’Olga Boldyreff est polymorphe. Elle propose un renouvellement du dessin et de la sculpture en s’échappant du champ artistique habituel pour associer aux pratiques traditionnelles des Beaux- Arts des matériaux et des techniques non conventionnels (broderie, tricot, crochet, tricotin, pyrogravure…).
Le musée des Beaux-Arts de Nantes se penche sur certains aspects
fondamentaux et récurrents dans toute l’oeuvre d’ Olga Boldyreff : l’errance, le mou, la
ligne, la couleur et le sacré.
Je suis née en Russie, avant la Révolution, en 1881. L’année de mes 20 ans, je rencontre Malévitch, Larionov, Gontcharova. Nous avons le même âge, la même fougue. Nous cherchons à faire un art jeune, audacieux, d’une grande expressivité. Nous trouvons notre voie en mêlant l’art populaire russe aux dernières innovations formelles. En 1912, j’entre à La queue de l’âne, une association créée par Larionov. L’exposition à laquelle je participe est consacrée au neo-primitivisme. Nous explorons cette voie qui fait une large part à l’art populaire, aux icônes, aux imageries traditionnelles, aux enseignes de boutiques. Nous reconnaissons la force des peintures du Pirosmani, principalement celles où il représente les scènes de la vie quotidienne géorgienne. Je quitte Malévitch en 1913, lorsqu’il s’engage vers l’abstraction pure. Toutefois, l’attrait que j’éprouve pour son espace spirituel me pousse à chercher dans cette direction. Je veux trouver l’immatérialité dans la matière, m’y introduire d’une manière foudroyante et impérieuse, brusque et légère. Je pense qu’en mettant à jour la logique des matériaux comme le feu et le fil, je trouverais ce passage vers l’autre monde. Souvenez-vous de mon séjour sur les bords du lac Baïkal en Sibérie. Je n’étais plus la même à mon retour. Je cherche l’énergie dans les matériaux. Peu de temps avant sa disparition brutale en 1962, je rencontre Yves Klein. Je regarde ses peintures feu. Nous parlons du feu comme d’un bien étrange matériau capable de prendre le pouvoir. Je supprime partout où c’est possible, j’épure, je resserre. Mes dessins doivent être saisis dans leur immédiateté. Je quitte la Russie pour les Etats-Unis. Je passe des heures à parler avec Sol LeWitt sur la prédominance du concept dans l’oeuvre. Il ne comprend pas mon obstination à ne pas reléguer au second plan les techniques et matériaux au profit de la forme et du concept. Je cherche à percer le secret du matériau. Nous abordons un autre sujet passionnant : l’autonomie artistique que l’on peut donner à l’oeuvre. Ses modes d’emploi m’inspirent réellement. Je croise Eva Hesse lors d’un vernissage. On se revoit dans son atelier. Je suis impressionnée par sa capacité à allier des matériaux insolites au minimalisme. Elle apporte un vent de liberté, une touche de féminité à cet univers essentiellement masculin. Son oeuvre ne craint ni les débordements, ni les excroissances, ni les excès de matières. Je lui parle du rapport que j’entretiens avec les matériaux dits pauvres comme d’une manière d’être au monde, de distribuer l’univers autrement. Les techniques populaires et les matériaux pauvres élargissent ma pensée vers une pensée nomade prête à s’aventurer sur des chemins inconnus : matériel-immatériel, visibleinvisible, lourd-léger, incarné-sublimé. Je suis sur la route. J’arrive en Italie en 1967, juste à temps pour voir une exposition présentée à Gênes et entendre Germano Celant parler d’Arte Povera. Il y a une joyeuse contestation de la part de ces artistes face à la société de consommation. A Turin, je remarque Aligherio e Boetti. Il porte un intérêt particulier à la broderie et au lissage. Il aborde aussi la question du double, en donnant la main à sa propre réplique. Je pense qu’il est temps pour moi aussi de réunir Boldireva la russe et Boldyreff la française. L’esprit frondeur d’Aliegero e Boetti se reconnaît non seulement dans sa capacité à défier la société mais aussi à ne pas se laisser enfermer dans une définition. Auprès d’André Cadere, je goutte à une autre forme de dépouillement. A Paris en 1973, je le suis dans ses errances. Cet artiste discret est considéré comme un agitateur artistique. Il perturbe les institutions avec une simple barre de bois colorée qu’il transporte avec lui et dépose dans les lieux d’exposition. Sa pratique nomade, légère et dérangeante, ouvre à de nouvelles perceptions. Ce jeu de création, dont l’artiste a le secret, nous rappelle en permanence l’étrangeté de notre monde, toujours en train de s’écrire.
Olga Boldyreff, juin 2009
in catalogue Musée Anna Akhmatova
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