Max-Pol Fouchet, le photographe

Depuis son premier séjour au Danemark daté de 1946 jusqu’à un ultime voyage à Cuba en 1980, année de sa mort, Max-Pol Fouchet n’aura cessé de sillonner les continents, mû par le désir de comprendre les témoignages des plus grandes civilisations et d’approcher les oeuvres majeures de l’humanité.

Dominant les émotions qui le traversent et motivé par l’envie de communiquer avec enthousiasme ses connaissances, par des conférences et des livres, l’écriture et l’image seront naturellement les expressions requises au service d’une volonté généreuse de transmission. La photographie accompagne donc ses premiers déplacements en Europe, mais cette pratique s’affirmera véritablement en parallèle de son oeuvre littéraire à partir d’un périple en Amérique latine, accompli dans les années cinquante.

Les nombreux voyages à travers le monde conduisent l’écrivain à effectuer des prises de vue en noir et blanc ou en couleur, majoritairement au format 6 X 6, pour documenter les sites archéologiques et les oeuvres des civilisations extra-européennes qui le passionnent. Oubliant parfois les beautés architecturales des civilisations abordées, en marge des clichés plus particulièrement destinés à illustrer ses communications et ses ouvrages, Max-Pol Fouchet réalise aussi des photographies de scènes plus quotidiennes. Sans exotisme, son regard se porte avec respect sur l’homme et son environnement. Il témoigne par l’image de traditions locales, de conditions de vie, de la diversité des individus, des sociétés et des cultures. Réalisées pendant la période de maturité des photographes humanistes dont Max-Pol Fouchet appréciait les clichés et pour lesquels il écrira quelques préfaces (Robert Doisneau, Gotthard Schuh, Fulvio Roiter), ses photographies s’inscrivent aux côtés de cette histoire du reportage d’après-guerre.

Peu de vues générales, mais elles nous parlent d’un contexte, tels ces paysages qui nous enseignent la conjugaison de la géographie à l’histoire d’une contrée. L’oeil est ethnographique souvent, toujours désireux de saisir au mieux l’ambiance d’une fête, la noblesse d’un geste, l’expression d’une situation, il est peu de scènes de genre qui ne nous traduisent le rôle de l’homme dans sa société. Mais au-delà d’une vision humaniste qui l’aura tant nourri, Max-Pol Fouchet ponctue son oeuvre photographique d’images simples et généreuses, composées sans recherches spectaculaires, allant à l’essentiel d’un propos.

Jacques Py, commissaire de l’exposition