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Histoires courtes, Marie-Noëlle Boutin |
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Musée des Beaux-Arts, DunkerqueExposition du 27 novembre 2010 – juin 2011Après William Eggleston et Jürgen Nefzger, les musées de Dunkerque ont invité Marie-Noëlle Boutin à sillonner le territoire dunkerquois et à poser un regard sur la ville et ses habitants. Pour la première fois, cette invitation s’inscrit dans le projet Opener, art dans l’espace public. Dès le retour de Marie-Noëlle Boutin de son voyage à Pékin en 2007, l’idée d’une résidence de l’artiste à Dunkerque a germé et de fructueux contacts se sont engagés entre l’artiste et les musées. Dans le cadre des processus mis en place par Opener, le principe d’un travail en étroite collaboration avec les acteurs et les habitants de Dunkerque s’est installé. L’artiste a accepté avec enthousiasme de venir à Dunkerque sur un long temps (juillet 2009-octobre 2010) et de présenter ses images dans l’espace public. Son travail en résidence a été ponctué par trois temps, trois traversées urbaines :
Tout au long de sa résidence à Dunkerque, Marie-Noëlle Boutin tisse des liens
avec les habitants et les acteurs de la ville (élus, maisons et mairies de
quartier…) et dialogue avec eux sur l’acte de poser une image dans l’espace
public. Ces échanges permettent une double découverte : celle de la
démarche de Marie-Noëlle Boutin et celle du regard porté par chacun sur la
ville.
Le travail photographique de Marie-Noëlle Boutin interroge la représentation de la ville et la place qu’y occupent les corps. Lors de sa résidence à Dunkerque, l’artiste a posé son regard sur le territoire dunkerquois et ses habitants, faisant apparaître la tension qui se crée entre un homme et un paysage, entre la réalité et la fiction, et mettant en exergue la "théâtralité" qui se dégage de cette relation singulière. L'ensemble des images présentées dans cette exposition permet de traverser le territoire et de découvrir, dans une certaine connivence avec le quotidien, les déplacements, les vides, les attentes, les tensions, les croisements, les passages, les rassemblements, les comportements... qui caractérisent la ville.
L’oeuvre de Marie-Noëlle Boutin, par la justesse de ses cadrages et par la
qualité de ses lumières, renoue avec un certain classicisme photographique
et nous renvoie aux univers de la peinture et du cinéma. Les histoires
impersonnelles, qui se jouent sous nos yeux, nous amènent à porter un
nouveau regard sur un monde que nous pensons connaître alors qu’il se
dérobe à nous en permanence. Elles nous offrent un temps particulier et nous
dépeignent, dans l'instant d'une rencontre, l'état du monde.
L’invitation qui m’a été faite par les musées d’exposer une série d’images photographiques dans l’espace public constitue pour moi une forme d’expérimentation. Mon travail artistique ne questionne pas spécifiquement l’art dans l’espace public. Cependant, la théâtralité de la ville, la représentation de l’espace urbain et la place qu’occupent les passants dans ce décor, sont au coeur de mes photographies. Cette exposition me permet donc de remettre en situation les images, de les replacer dans leur contexte tout en interrogeant l’espace public comme lieu d’intervention artistique. Quel sens prend une photographie sortie de l’espace muséal ? Ses dimensions, son mode de présentation dans l’espace public, amènent forcément un regard différent, une nouvelle interprétation de l’image. La photographie dialogue directement avec le contexte environnant (un immeuble, un parc, une rue) et concurrence les autres images présentes dans la ville. Comment une image qui ne délivre ni information ni message publicitaire peut-elle alors exister ? Comment le passant qui la découvre au hasard de son déplacement peut-il devenir spectateur et prendre le temps de regarder ? Interagir sur l’individu dans l’espace public, tel est finalement le sens de mon travail, tant dans le dispositif de prise de vue, par lequel les passants deviennent des personnages mis en scène dans mon image, que dans la présentation des images dans l’espace public où le passant devient spectateur. Par ailleurs, mettre une image dans l’espace public n’est pas seulement la donner à voir aux passants ; c’est aussi et surtout la mettre en débat sur la place publique. Cette intervention devient de fait un acte politique car elle met en discussion, elle pose question. Il était donc important, dans l’élaboration du projet, de travailler avec des groupes d’habitants sur le choix des images et de leur implantation afin de juger, de jauger leur pertinence dans le lieu et les questions, voire les réactions, qu’elles peuvent susciter. Enfin, cette invitation me permet aussi de percevoir les signes qui composent le langage vernaculaire de la ville : affiches, panneaux, enseignes, mobilier urbain,… Bien souvent, dans mes photographies prises à l’étranger, je m’amuse avec ces signes qui aident à "re-contextualiser" l’image : un panneau de chantier avec des idéogrammes chinois, la forme étrange d’un abri bus israélien, une publicité peinte à la main en Afrique, un slogan politique inscrit sur un mur en Palestine. Toutes ces formes, tous ces signes dans la ville, sont pour moi comme une poésie visuelle urbaine. Remettre des images dans la ville, c’était aussi participer à cette poésie du quotidien.
Marie-Noëlle Boutin
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