Maîtres des Pays-Bas

L’exposition s’ouvre à l’orée du xvie siècle avec la figure majeure de Gerard David (vers 1450/60 – 1523), l’un des derniers Primitifs Flamands qui portera à son pinacle la tradition picturale développée dans les Flandres tout au long du xve siècle.

Dans son Étude pour une tête de jeune femme, s’il utilise encore la pointe de métal qui caractérisait le travail de ses aînés, Gerard David reprend le tracé à la plume et à la pointe du pinceau trempée dans l’encre noire, technique plus contemporaine et annonciatrice des futurs développements de l’art du dessin.

Quant à la magnifique feuille de L’Été par Pieter Bruegel l’Ancien (vers 1525/30 – 1569), c’est l’une des oeuvres graphiques majeures de l’artiste. On y reconnaît son incomparable talent de paysagiste et ses personnages plantureux teintés d’humour.

Aux côtés de ces grands noms flamands, les maîtres hollandais du xvie siècle ne pâliront pas. De Maerten van Heemskerck (1498 – 1574), sont exposées deux de ses facettes : le style puissant de ses débuts dans son Samson et Dalila et la plume nerveuse de sa maturité dans sa Scène de bataille de 1573.

Faisant la transition avec le xviie siècle, les artistes paysagistes Roelant Savery (1576/78 – 1639) et David Vinckboons (1576 – 1629) côtoieront Jacques de Gheyn (1565 – 1629) avec sa stupéfiante allégorie de l’Envie. On remarquera en outre la feuille de Hendrick Goltzius (1558 – 1617) représentant un groupe d’arbres sur un papier préparé à la gouache d’un bleu intense. Dans cette étude d’une grande finesse, l’artiste a abandonné son langage maniériste et incarne déjà la vague naturaliste qui se développera tout particulièrement dans le milieu des paysagistes de Haarlem.

Passant dans la deuxième salle de l’exposition, on entre dans la partie consacrée au xviie siècle – la plus importante en nombre de feuilles – qui se décline suivant diverses sections.

Pour illustrer l’art des prérembrandtesques la sélection comporte deux très belles feuilles de Nicolaes Moeyaert (1592/1593 – 1655). Son Tobie et l’Ange et le Mercure et Battus sont caractéristiques de l’iconographie et du style auxquels Rembrandt s’est abreuvé durant son apprentissage à Amsterdam.

De Rembrandt (1606 – 1669) lui-même, l’exposition n’offre pas moins de trois dessins. Hambourg possède l’une de ses études en pied de comédiens, son magistral Patalone ainsi que le Saint Jérôme dans un paysage – certainement une des feuilles les plus belles du maître – préparatoire pour sa fameuse eau-forte représentant le saint dans un paysage italien.

Parmi la production des meilleurs élèves de Rembrandt, on pourra voir la composition de Ferdinand Bol (1616 – 1680), encore très marquée par l’influence du maître tandis que le dessin de Govert Flinck (1615 – 1660) montre au contraire un peintre à l’aboutissement de son parcourt artistique, stylistiquement détaché de l’exemple de Rembrandt et pourtant encore pétri des leçons de composition qu’il a tiré de son passage dans l’atelier.

Tels Barent Fabritius (1624 – 1673) dont Hambourg possède un extraordinaire paysage fluvial en clairobscur, d’autres artistes qui ne furent peutêtre pas apprentis auprès de Rembrandt mais dont la production prouve combien ils furent réceptifs à ses créations, achèveront ce panorama.

Parmi les peintres de genre hollandais qui ont excellé dans l’art du dessin, on compte Willem Buytewech (1591/92 – 1624). Ses Trois femmes cousant dans un intérieur évoque dans une composition magistrale maints détails de la vie quotidienne des riches citadins dans les Pays-Bas du début du siècle d’or. La feuille d’Adriaen van Ostade (1610 – 1685) est en revanche plantée dans un tout autre décor : l’intérieur bruyant et dépenaillé d’une famille de pêcheurs mangeant des moules. Parmi les autres artistes représentés il faut encore citer Hendrik Avercamp (1585 – 1636) dont les Tziganes illustrent sa pratique si particulière de l’art du dessin dans une belle feuille très finie et vivement colorée.

Les paysagistes hollandais sont réputés pour leurs dessins et cette section est aussi la plus fournie de l’exposition. Certains sont préparatoires pour des tableaux, d’autres sont des études libres ou encore des oeuvres finies, produites pour le marché de l’art. La sélection donnera un aperçu de la diversité de ces créations.

Y sont représentées les études enlevées de Jan van Goyen (1596 – 1656), les vues topographiques d’Anthonie Waterloo (1609 – 1690) ou encore les compositions scandinaves d’Allart van Everdingen (1621 – 1675) pour ne citer qu’eux. On admirera en outre le coloris subtil et le vif pinceau d’Aert van der Neer (1603/1604 – 1677) dans son Paysage au soleil couchant.

L’exposition offre également aux visiteurs une sélection d’oeuvres majeures d’artistes flamands du xviie siècle parmi lesquelles l’Arrestation du Christ d’Antony van Dyck (1599 – 1641) qui compte au nombre des plus belles oeuvres du cabinet des arts graphiques de la Kunsthalle. Dans cette feuille imposante, préparatoire pour une esquisse à l’huile et deux tableaux, le maître flamand déploie tout son sens du rythme et de la composition.

Aux côtés de Van Dyck, sont représentés ses confrères Jacob Jordaens (1593 – 1678) – avec un dessin coloré caractéristique de sa production graphique – ou encore Jan Brueghel l’Ancien (1568 – 1625). Adrian Brouwer (1605/06 – 1638) ne manquera pas au rendez-vous avec ses surprenantes études de figures aux formes presque cubiques.

Dans cette salle les études de figures par des artistes hollandais tels que Pieter Lastman (1583 – 1633) – le maître de Rembrandt – ou Nicolaes Berchem (1621/22 – 1683) côtoient les compositions des peintres italianisants. On y retrouve notamment le Pan et Syrinx de Paul Bril (1554 – 1626), une superbe sanguine de Jan- Baptist Weenix (1621 – 1659/1661) ou encore un paysage de ruines par Jan Asselijn (1610 – 1652).

Les Hollandais se sont illustrés dans l’art du portrait et la collection de Hambourg comporte plusieurs remarquables exemples graphiques dont ce Portrait d’homme de Jan Lievens (1607 – 1674), tracé à la pierre noire avec une rapidité et une sûreté d’exécution exemplaires. Parmi les autres feuilles qui composent cette section, il convient encore de citer le splendide autoportrait que Leendert van der Cooghen (1632 - 1681) fit à l’âge de vingt ans – oeuvre bien connue des amateurs de dessins hollandais.

Dans la sélection des vues de villes on trouve bien sûr une oeuvre de Jan van der Heyden (1637 – 1712) et – plus inattendu – la vue en contre-plongée, dessinée toute en finesse, d’une cour intérieure à Amsterdam par le célèbre paysagiste Jacob van Ruisdael (1628/29 – 1682). C’est aussi dans cette section de l’exposition que l’on peut admirer l’Intérieur de l’église Saint-Jean d’Utrecht par Pieter Saenredam (1597 – 1665), sans doute le meilleur artiste du siècle d’or à s’être spécialisé dans ce type d’oeuvres si caractéristique de l’art hollandais.

L’exposition s’achève enfin avec un genre dans lequel les peintres des Pays-Bas ont tout particulièrement excellé, celui des marines pour lequel ont été choisies des oeuvres de ses principaux représentants, notamment Ludolf Bakhuyzen (1630 – 1708) et Willem van de Velde le Jeune (1633 – 1707).